Le bras de fer entre l'Organisation mondiale du commerce et l'Algérie continue de plus belle. Alors que notre pays estime avoir tout donné, tout accepté, l'OMC exige de nouveau d'autres concessions. Pis, l'offre algérienne est qualifiée d'insuffisante selon l'institution de Pascal Lamy. Et pour cause, en plus des problèmes déjà connus par les deux parties négociatrices, et ayant fait l'objet de plusieurs rounds de pourparlers, le ministère du Commerce continue étonnamment de recevoir d'autres requêtes, voire d'autres exigences. En effet, la partie algérienne s'est dite «surprise» de voir l'OMC demander encore d'autres concessions alors que l'Algérie s'est efforcée de satisfaire la quasi-totalité des points. C'est en tout cas ce qui ressort de la conférence de presse du ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub, tenue hier au siège de son département. Ce dernier, qui parlait au nom de l'Etat algérien, s'est montré intransigeant là dessus : «L'Algérie n'est pas prête à faire encore des concessions pour sa future adhésion à l'OMC. Ella a fait beaucoup de sacrifices en rectifiant même certains lois et décrets de la façon demandée par cette organisation», a-t-il indiqué. Ce qui s'apparente aujourd'hui à un véritable chantage de la part de l'OMC concerne, selon la même source, l'alignement exigé des prix du gaz appliqués sur le marché domestique national sur les prix internationaux. Sur ce point, l'orateur s'est étalé sur les conséquences économiques et sociales catastrophiques que peut induire cette décision si la partie algérienne accepte une telle requête. «Cela conduirait à d'importantes augmentations des prix des carburants. Une telle mesure aura des conséquences économiques et sociales catastrophiques en Algérie», estime-t-il. Et d'annoncer que des experts internationaux ont conclu, à la lumière des enquêtes sur le terrain, que les prix appliqués sur le marché domestique sont des plus rationnels. «Les membres de l'OMC n'ont qu'à se référer aux études faites sur le sujet et ils déduiront tous seuls», suggère-t-il. Si, par ailleurs, le problème des tarifs du gaz constitue la dernière pomme de discorde entre les deux parties, le pommier n'a pas manqué de fruits. En effet, l'OMC a également exigé de l'Algérie la restriction de l'importation des véhicules de moins de trois ans. «On a affaire à une problématique de l'importation de véhicules de moins de trois ans», dira-t-il. Mais, laisse-t-il entendre plus loin, il fait savoir que les véhicules neufs sont importés de Corée, d'Allemagne, de France et d'Italie, alors que le véhicule d'occasion est importé de France, c'est-à-dire un membre de l'OMC. En d'autres termes, l'Algérie fait face à une certaine ambiguïté dans cette affaire… N'en restant pas là, le conférencier a également mis en valeur l'annulation de la taxe intérieure de consommation (TIC), telle qu'exigée par cette organisation. Une requête qui, à présent, ajoute la même source, n'a pas trouvé un écho favorable de la partie algérienne. Dans ce sillage, la même source a annoncé que les membres de cette organisation ont également exigé que l'Etat algérien cesse son soutien à certains exportateurs. Djaaboub s'est, en outre, interrogé devant la presse sur le fait que la subvention à l'exportation, ayant concerné jusqu'à un passé récent la datte, à travers le dispositif du «couloir vert» mis en place pour faciliter l'acheminement des volumes destinés à l'exportation, ait été également l'objet de requêtes. «Ils ont exigé de revoir le dispositif d'aide à l'exportation. Il s'agit en réalité d'un fonds destiné à encourager les exportations hors hydrocarbures», déplore-t-il. En un mot, ajoute Djaaboub, l'Algérie est appelée encore une fois à répondre favorablement à ces concessions. «J'estime que l'Algérie a fait beaucoup pour son adhésion à cette organisation. Elle n'est pas prête à se soumettre davantage», répète-t-il. En dépit de toutes ces exigences, qui retardent à coup sûr l'adhésion de notre pays à l'OMC, le ministre s'est montré optimiste pour voir bientôt le bout du tunnel. «On n'a seulement que 93 requêtes, dont 33 de l'Union européenne et 63 des Etats-Unis, à régler. Alors que dans le passé, on a reçu pas moins de 223 demandes ou requêtes», admet-il. Sur un autre registre, il a estimé que l'adhésion de l'Algérie à l'Association européenne de libre-échange (AELE) ainsi que la récente conclusion d'un accord préférentiel entre l'Algérie et la Tunisie s'inscrivent dans le sillage de la diversification des partenaires et des fournisseurs étrangers. Le fait de progresser avec nos frères tunisiens ou le fait d'être partie prenante dans la zone de libre-échange de la zone arabe ne sont pas du tout contradictoires avec les négociations que nous menons pour adhérer à l'OMC, a ajouté la même source plus loin. S. B.