"Si l'Algérie est sérieuse dans sa démarche d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) elle doit démontrer aux membres de l'Organisation qu'elle mérite leur attention." Ce préalable est esquissé d'une missive adressée par Washington au gouvernement algérien en février 2007, dont le quotidien électronique " toutsurlalgerie " s'est procuré une copie. Cette lettre illustre, selon la même source, les doutes américains concernant la démarche algérienne d'adhésion à l'OMC. En tout cas, ce n'est pas la première fois qu'on évoque, que ce soit du côté américain ou celui de l'Organisation, la lenteur des négociations pour l'adhésion de l'Algérie à ce système multilatéral. Si du côté algérien aucune évaluation officielle de l'état d'avancement de ces négociations n'est faite à ce jour, à Genève, siège de l'OMC, on estime que l'accession à l'OMC n'est pas la principale priorité des autorités algériennes. C'est ce qu'a signifié clairement en décembre dernier le Français Pascal Lamy, directeur général de l'OMC dans une rencontre avec la presse internationale. Pourtant, le système d'accession est, pour Pascal Lamy, relativement simple. Accéder au club, c'est bénéficier des services du club et pour y accéder chaque pays doit suivre des procédures. D'abord, il s'agit, en théorie, de négocier avec chaque Etat membre un aspect lié à l'ouverture supplémentaire du marché aux marchandises et aux services. Alors où se situe le blocage avec l'Algérie ? En réalité, les négociations se font surtout avec les Européens et les Américains qui contrôlent presque 50% du commerce mondial. "Les négociations se font avec l'Inde, la Chine et le Brésil qui sont de gros joueurs", avait expliqué le DG de l'OMC. Les pourparlers d'adhésion restent toujours ouverts tant que les négociations bilatérales ne sont pas terminées. Pascal Lamy précisera qu'un processus technique accompagne les négociations. "Il consiste à radiographier, par exemple, l'état de la législation algérienne et étudier sa conformité au code de l'OMC en général sur la propriété intellectuelle, sur la liberté d'établissement, sur le droit de propriété... Il y a énormément d'éléments de la législation nationale qui sont déterminants pour l'environnement du commerce international". A vrai dire, ce sont là une partie des attentes de Washington. Dans le volet multilatéral des négociations, les USA énumèrent déjà huit secteurs où l'Algérie doit se conformer aux règles de l'OMC, dont ceux cités par Pascal Lamy. Il s'agit donc de la politique de change et la libéralisation bancaire, la politique de privatisation, la transparence financière et administrative, les barrières non tarifaires et les barrières techniques au commerce, les licences d'importation et les subventions industrielles. Certains responsables au sein de l'OMC estiment que les négociations entre l'Algérie et l'organisation multilatérale sont trop lentes. "Elles sont autant lentes que les réformes économiques. On ne sait pas où vont et comment sont menées ces réformes" avait déclaré au quotidien El Watan à la fin octobre 2007, Trân Van Thinh Paul, ancien négociateur européen au GATT et à l'OMC. En somme, pour les Américains "toutes questions exigeront des changements de lois algériennes (…) et le gouvernement algérien est appelé à mettre en place un plan d'action législatif qui démontrerait la date et les façons avec lesquels les changements seront apportés à la législation nationale.". Si l'on revient un peu en arrière, on remarquera effectivement que les négociations ont traîné. La dernière réunion à Alger du comité gouvernemental chargé du suivi de l'accession de l'Algérie à l'OMC remonte à septembre 2007. L'état d'avancement des négociations bilatérales et multilatérales y a été examiné. Mais il n'y a jamais eu d'amples informations à ce sujet. Du côté algérien, les communiqués officiels ne précisent pas réellement la teneur de "l'état d'avancement" et les éventuels points de blocage. L'Algérie est arrivée au dixième round dans ses négociations (après plusieurs annulations en 2006). Pour rappel, le neuvième round remonte à octobre 2005. Le chef négociateur Chérif Zaaf, avait annoncé, au début de l'année 2007, que l'Algérie allait adhérer à l'OMC... fin 2007. Mais au point où on en est, ce n'est toujours pas gagné.