Le jeune écrivain algérien Amara Lakhous a conquis le monde et l'Italie grâce à son roman intitulé Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio qui s'est vendu à plus de trente mille exemplaires en six mois. A son retour dans son Alger natale –il vit en Italie-, en novembre dernier lors du Salon international du livre d'Alger, Amara Lakhous s'est vu décerner le prix des libraires algériens pour son roman paru en Algérie aux éditions Barzakh. Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio est un roman satirique à l'italienne, mi-polar, mi-comédie. Il relate le quotidien d'un groupe de gens vivant dans un immeuble de la banlieue de Piazza Vittorio qui sera frappé par le meurtre d'un certain Laurenzo surnommé le gladiateur. Laurenzo est retrouvé mort dans l'ascenseur par Benedetta, la Napolitaine, la vieille concierge qui a tout d'une mégère. Ce meurtre coïncide avec la disparition soudaine d'Amadeo, un jeune Italien exemplaire qui ne prend jamais l'ascenseur de peur de déranger la concierge et qui offre son aide à tous ses voisins, de Parviz, le réfugié iranien, alcoolique et dépressif, à Iqbal Amir Ellah, le commerçant bengali qui a fait tout un plat à propos d'une erreur de nom sur son permis de séjour mais qu'Amadeo, grâce à ses relations, lui permettra de corriger. De plus, Laurenzo était connu pour être raciste. Il détestait les immigrés et Dieu sait combien son quartier en abritait. Mais la disparition d'Amadeo en fait un suspect. La police récolte le témoignage des voisins mais personne ne soupçonne Amadeo et surtout pas son origine car tous ses voisins le croient italien. C'est là que l'intrigue fait irruption dans le roman. La seule chose que les habitants de l'immeuble ignorent, c'est qu'Amadeo est loin d'être un italien. En fait, c'est un Algérien pur souche dont le prénom est Ahmed. Aussi intervient dans l'histoire la Péruvienne Maria Cristina Gonsalez, une jeune paumée qui ne cesse de tomber enceinte à cause de ses relations non protégées. A ses côtés, le jeune Hollandais Johan, que tout le monde surnomme le blond. Etudiant en cinéma, il rêve de devenir réalisateur et de faire un film sur Piazza Vittorio. C'est peut-être à cause de cela qu'il ne cesse de poser des questions à ses voisins, lesquels le suspectent d'être un espion. Amara Lakhous donne la parole à tous les voisins pour laisser transparaître les différentes cultures en cohabitation. En somme, c'est une petite friandise qu'il a offerte à ses lecteurs, avec une écriture simple et une histoire non loin de la réalité avec un humour à l'italienne. Parue en 2003 en Algérie aux éditions Ikhtilef, l'œuvre de Amara Lakhous était passée presque inaperçue. L'auteur quitte l'Algérie pour l'Italie où il réécrit carrément le roman en italien. Il connaîtra un succès foudroyant. W. S.