Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa Le comité de suivi et d'évaluation du pacte économique et social signé en octobre 2006 et entré en vigueur en janvier 2007 se réunira demain. Autour de la table, les partenaires à la tripartite : le gouvernement, représenté par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, l'organisation syndicale, chapeautée par Abdelmadjid Sidi Saïd, et les cinq organisations patronales. Ce conclave qui se tiendra à huis clos (qui ne se justifie nullement), selon des sources proches du département de Tayeb Louh, devra faire l'évaluation de l'application par les trois parties du pacte économique et social. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Centrale syndicale aura beaucoup à dire à ce sujet, en ce sens que c'est le partenaire qui a, jusque-là, rempli l'ensemble des engagements pris dans le document en question, notamment la trêve sociale, avec la précision qu'elle ne signifie nullement que les contestations des travailleurs allaient être étouffées. En plus de toutes les activités et des acquis réalisés jusqu'à il y a encore quelques mois. La dernière en date pourrait être prise comme exemple. Il s'agit du contrat signé avec l'entreprise émiratie pour la gestion du port d'Alger, dans lequel cette dernière s'est engagée à maintenir l'effectif et à créer une centaine d'emplois. C'est ce qui explique d'ailleurs l'intervention du secrétaire général de l'UGTA pour empêcher la paralysie de cette infrastructure. L'Etat, pour sa part, a réalisé quelques avancées à travers l'investissement public dans les infrastructures de base. Mais cela reste insuffisant. Voire, cela ne fait pas manger le citoyen, dès lors que les retombées de l'embellie financière ne se sont pas fait ressentir sur sa bourse, alors que le gouvernement s'était engagé à faire en sorte non seulement de préserver le pouvoir d'achat, mais surtout de l'améliorer. Le chômage demeure le point nodal du pacte économique et social. Si l'Exécutif annonce à chaque occasion que 4 millions d'emplois ont été créés, il ne dit pas combien en ont été perdus en cours de route, à partir du moment que la plus grande majorité sont précaires. La stratégie industrielle visant à promouvoir ce secteur, fer de lance de l'économie en dehors des hydrocarbures, ne semble pas avoir été bien préparée, le département de Abdelhamid Temmar nous ayant habitués à des revirements. A telle enseigne que, dix ans après sa nomination, et après avoir soutenu mordicus que la seule manière pour l'Algérie de sortir de la crise était de tout vendre, y compris au dinar symbolique, il s'est ravisé en avouant qu'il s'était trompé. Cela étant, c'est le patronat qui risque d'essuyer les critiques du gouvernement, mais surtout les foudres de l'UGTA. Des prises de bec ne sont pas exclues lors du conclave, Tayeb Louh jouera certainement à l'arbitre pour calmer les esprits. Le patronat, celui partie à la tripartite, n'a pas, faut-il le reconnaître, fait des efforts ni en matière d'investissements ni en création d'emplois et encore moins en matière de conventions de branches. Une étude réalisée par le ministère du Travail a conclu que le secteur public est et demeure malheureusement, aussi bien dans l'administration que dans le secteur économique, le seul pourvoyeur d'emplois. En dépit de toutes les facilitations, abattements fiscaux, suppression du versement forfaitaire, des milliers de milliards de dinars de crédits alloués, les PME ne décollent pas et même leurs produits demeurent loin d'être concurrentiels en raison du peu pour ne pas dire de l'absence d'investissements dans la qualité, mais aussi le mangement et la ressource humaine. En fait, le patronat continue à jouer à l'éternel victime, dénonçant la «non-assistance à entreprise privée en danger». Le conclave de demain permettra certainement de remettre les pendules à l'heure et d'apporter les correctifs nécessaires.