Israël bombarde la bande de Ghaza de toutes parts : air, mer et terre, en annonçant une imminente invasion terrestre. Des chars israéliens ont été vus se déplaçant en direction de la frontière orientale de la bande de Ghaza, pilonnée sur sa longueur par l'artillerie, notamment à Beit Hanoun et Jabaliya, au nord, et dans le secteur de Khan Younès, au sud. Les tirs d'artillerie ont commencé vers 16h locales (14h30 GMT). Des dizaines d'obus ont été tirés et des volutes de poussière s'élevaient des points d'impact, dans le nord du territoire palestinien. Des avions continuaient à survoler le secteur. En face, le peuple palestinien, abandonné par des Etats arabes qui rivalisent de poltronnerie, fait preuve d'une détermination sans faille. L'agression immonde est entrée dans sa deuxième semaine et la population ghazaouie se distingue malgré les pertes et les destructions par une résistance héroïque. La disproportion est flagrante entre le Goliath israélien, encouragé implicitement à achever sa basse besogne conjointement par les «démocraties» et les «frères» arabes, et le David palestinien. Les martyrs tombent inlassablement au champ d'honneur. Quatre Palestiniens ont été tués hier dans les attaques. Deux d'entre eux ont été tués dans un raid aérien visant leur voiture près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza. Un troisième, leader local des Brigades Ezzedine Al Qassam, Mohammad Al Jammal, 40 ans, a péri dans un raid aérien meurtrier. Le quatrième a trouvé la mort lorsque l'armée israélienne a visé un établissement scolaire à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Ghaza. L'horreur est à son comble à Ghaza. Les conditions de vie de la population se dégradent au fil des jours. Une quarantaine de raids aériens ont été lancés hier contre différentes localités de la bande de Ghaza. Le bilan s'alourdit inlassablement. Au moins 452 martyrs, dont un quart d'enfants et de femmes, sont tombés dans l'agression lancée par l'occupant israélien depuis le 27 décembre. Les massacres israéliens ont également fait plus de 2 200 blessés, dont 300 dans un état critique. La spéculation sur l'éventualité d'une opération terrestre bat son plein. Depuis Damas, le responsable du Hamas, Khaled Mechaal, a assuré que les Palestiniens «ne capituleront pas» et prévenu qu'un «sombre destin» attend les militaires de l'ennemi s'ils mettaient le pied à Ghaza. «Si vous commettez la stupidité de lancer une offensive terrestre, un destin sombre vous attendra à Ghaza. Ce sera là votre malédiction», a-t-il souligné. La résistance semble parée au combat. Hier, la branche armée du Hamas a affirmé avoir repoussé une incursion menée par des membres des forces spéciales israéliennes dans la bande de Ghaza. Un porte-parole des Brigades Ezzedine Al Qassam a indiqué que ses combattants avaient repéré des forces spéciales tentant de pénétrer la zone frontalière dans l'est de la bande. La résistance palestinienne a tiré six salves de mortier contre les occupants israéliens qui ont battu en retraite. Début de l'incursion terrestre ou test des capacités de la résistance ? Les prochains jours dans cette guerre de l'injustice le diront. Sur le plan diplomatique, les activités se multiplient sans faire évoluer les choses. Le président américain George W. Bush a encore une fois fustigé le Hamas coupable de résistance à la spoliation. Dans le même temps Washington dit laisser son allié israélien libre de décider de lancer ou non une offensive terrestre. L'Egypte, pays arabe dont le régime semble être dans une situation délicate, a annoncé avoir adressé une lettre à Israël lui demandant de «renoncer à l'opération terrestre». Du côté européen, une mission de l'UE, conduite par le chef de la diplomatie tchèque, est attendue au Proche-Orient. Une tournée du président français en Egypte, en Syrie et au Liban est également prévue. Il doit être reçu à Ramallah par Mahmoud Abbas avant de partir pour les Nations unies, à New York, afin de plaider en faveur d'une trêve. Il fera un discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies afin de demander la cessation de l'agression israélienne. Sur le plan populaire, des dizaines de milliers d'Arabes israéliens ont manifesté à Sakhnin, dans le nord d'Israël, pour protester contre les massacres. Et, pendant que la diplomatie fait du surplace, le carnage se poursuit. M. B.