Pourquoi reprendre nos mauvaises habitudes de destructeurs ? Ce serait criminel de critiquer aveuglément les joueurs de Saâdane après cette déroute face au Malawi, même si elle fait très mal au cœur, même si elle nous a brûlé les entrailles, tellement elle était forte et inattendue. Trop de facteurs ont influé négativement sur Ziani et ses camarades pour qu'ils ne brillent pas hier, comme l'espérait tout le peuple. La gifle a été si cinglante qu'on a encore du mal à croire que ce n'est pas un cauchemar. 3 à 0 contre le Malawi ! Incroyable mais vrai. Les Verts ne pouvaient pas gagner dans ces conditions Mais qu'est-ce qu'on ne peut pas croire lorsqu'on joue dans une chaleur aussi étouffante ? Dans des conditions aussi pénibles pour des joueurs qui ne sont pas habitués à jouer dans un tel enfer ? Et surtout lorsqu'on continue à sous-estimer des équipes comme ce Malawi qui a fait un match aussi plein et séduisant. Non, les Verts ne pouvaient pas gagner cette partie dans ces conditions. La CAN est d'un niveau trop élevé pour permettre un quelconque égarement ou même un semblant d'oubli. Les Verts ont perdu toute leur chlorophylle dans ce stade du 11-Novembre et semblaient complètement out du début à la fin. Mais doit-on pour autant les enfoncer un peu plus ? Doit-on leur faire plier l'autre genou et les faire tomber, pour permettre aux ennemis de les écraser ? Non, ce n'est pas ce qu'ils attendent de nous. Ils nous ont donné trop de joie pour qu'on soit si oublieux, l'espace d'une rencontre ratée. C'est dur la défaite des héros ! Qu'il est dur de vivre la défaite des héros ! La douleur qu'on ressent dépasse l'entendement. Voir dans ce stade vide, les Malawites jubiler sur le terrain et les entendre même comme s'ils nous criaient dans les oreilles leur joie d'avoir battu un mondialiste. Le match parfait pour les uns et la défaite complète pour les autres. Il est plus que pénible d'assister à la chute de ceux qu'on avait portés peut-être trop haut qu'ils n'avaient sauté en fait. Les a-t-on surestimés ? Mais comment ne pas les mettre sur un nuage lorsqu'ils nous emmènent au paradis ? Comment arrêter de croire au rêve et à l'embellie après cette démonstration légendaire de Khartoum ? Il doit y avoir sans doute des raisons plausibles qui ont fait que les Algériens passent à ce point à côté de leur match. Les fondations n'ont pas encore séché pour les brusquer ! Trop de pression déjà sur leurs frêles épaules de nouveaux mondialistes, pour qu'ils parviennent à retrouver leur beau jeu et cette grinta qui les a fait monter de trois paliers, sans que les fondations n'aient eu le temps de sécher. Non, ce serait trop injuste de mettre encore plus de pression qu'ils en ont déjà. La route est encore longue dans cette CAN qui devait servir au départ de simple tremplin aux Verts afin de jauger leurs capacités et leurs limites dans des conditions similaires à celles du Mondial. Il serait trop injuste de réduire les efforts d'une équipe aussi brave, dont le courage a dépassé les frontières après le Soudan, à rien, juste parce qu'elle a fait un faux pas surprenant. Que de grandes équipes ont raté des rendez-vous encore plus importants avant de finir sur le podium. Ce serait vraiment lâche de la part de tout supporter des Verts de ne pas garder un brin d'indulgence malgré la terrible déception d'hier. Pourquoi reprendre nos mauvaises habitudes de destructeurs ? Pourquoi reprendre nos mauvaises habitudes de destructeurs, alors que tout le monde était quasiment certain que l'Algérie détenait en ces jeunes l'une des meilleures générations de son histoire ? Pourquoi se déchaîner contre Saâdane et ses joueurs alors que l'objectif initial a été largement atteint ? Serait-ce sage de casser cette belle statue qu'on leur a tous érigée depuis la qualification au Mondial ? Comment peut-on nier que la défaite d'hier n'était qu'un simple accident de parcours que Ziani et ses camarades se feront le devoir de surmonter rapidement ? Nul doute que les Verts vont se ressaisir tôt ou tard. Dans cette CAN, de préférence, mais aussi après cette compétition, parce que ce qui attend le football algérien est beaucoup plus important que le titre de champion d'Afrique. Quitte à mourir debout ! Saâdane avait clamé haut et fort que la CAN est mal tombée pour son équipe qui a fait mille sacrifices deux années de suite et sans relâche. La fatigue de tant de mois de labeurs avait le droit de se faire ressentir, sans choisir le moment. Il nous l'a claqué au visage le 11 janvier 2010. Comme pour réveiller de notre doux rêve de mondialiste. C'est sûr qu'une défaite de l'Algérie fait toujours très mal pour les supporters. Pour toute l'Algérie ! C'est sûr que la déception est profonde et que les grands espoirs qu'on pouvait avoir dans cette CAN ont été réduits à presque rien. Et ce sera aussi ce «presque» qui va nous donner d'autres envies d'y croire, malgré les difficultés prochaines qui attendent Chaouchi et consorts face aux Maliens d'abord, puis contre les Angolais, chez eux. La sagesse voudrait qu'on jette l'éponge pour ne pas se faire ridiculiser un peu plus aux yeux de nos ennemis, qui jubilent depuis hier. Mais notre nif d'Algériens nous impose aussi de relever la tête et de tout faire pour nous ressaisir. Quitte à mourir debout, à l'algérienne ! Nacym Djender