Belloumi : «Je suis persuadé que face à une autre équipe les joueurs auraient réagi autrement» Les matchs inoubliables de la CAN La série des matchs inoubliables de la sélection des Fennecs reprend. Elle coïncide, cette fois, avec le déroulement de la CAN 2010. Le journal se propose de revenir sur quelques matchs ayant marqué les esprits. On a choisi de démarrer ce tour d'horizon des matchs de l'EN par la fameuse CAN 80 et le début de la grande épopée des Verts avec les Madjer, Belloumi et autre Bensaoula, sans les professionnels, faut-il le préciser, qui mènera les Fennecs vers ce Mondial espagnol de 82, à la CAN 2004 et cette extraordinaire résurrection des coéquipiers d'un certain «Haramy» Achiou, aujourd'hui, malheureusement absent de la sélection qui se trouve en Angola depuis le 7 janvier courant. Justement ce groupe est constitué en partie de l'équipe qui avait battu l'Egypte, à Sousse, et qui a fait le déplacement en Angola. 26/03/88 Stade : Mohammed-V (Casablanca) Buts : Nader (67') Maroc Belloumi (88') Algérie Arbitre : Tahir Hafid Ali (Tanzanie) Maroc : Khalid Azmi, Tijani El Maâtoui, Mustapha El Biaz, Mourad Jabrane, Lahcen Ouadani «Hcina», Hassan Benhabicha, Abdelmajid Dolmy (Abderrahim Hamraoui 14'), Mustapha El Haddaoui, Abdelrazzak Khaïri (Mohammed Timoumi 104'), Moulay El Gharef, Hassan Nader, Mustapha Kiddi Entraîneur : José Faria (Brésil) Algérie : Nacer Drid, Chaâbane Merzekane, Fodil Megharia, Abderrazak Belgherbi, Mohammed Chaïb, Abdelkader Ferhaoui, Rachid Maâtar, Lakhdar Belloumi, Hocine Yahi, Hakim Medane (Kamel Djahmoune 71'), Ali Bouafia (Hamidouche Bentayeb 64') Entraîneur : Evgueni Rogov (URSS) La page historique revient à l'occasion de la rencontre du classement entre l'Algérie et le Nigeria pour parler d'une rencontre de classement. Retour vers la CAN 88, l'Algérie rencontrait dans un match de classement le pays hôte, le Maroc, après avoir perdu contre le Nigeria en demi-finale, dans la série des tirs au but. Dans le camp de l'Algérie, c'était Lakhdar Belloumi qui avait raté son penalty. La star du football africain des années 80 n'avait pas bien cadré son tir. Lors du match de classement, on retrouve presque les mêmes, l'Algérie veut une place sur le podium. Les Verts seront menés au score jusqu'à la 88', et Belloumi remettait cette fois les pendules à l'heure. Il obligea les Marocains à jouer les prolongations. Cette phase est considérée par les acteurs de l'époque comme une CAN honorable. On parlait d'une organisation tatillonne et de la difficulté de regrouper les professionnels qui évoluaient à l'étranger, principalement en France. M. B. Belloumi : «Je suis persuadé que face à une autre équipe les joueurs auraient réagi autrement» Lakhdar Belloumi ne savait pas qu'en 1988 il allait disputer sa dernière phase finale de la CAN. Il ne savait pas qu'il allait inscrire le dernier but de sa carrière en match international officiel, le dernier aussi de cette CAN 88, de la sélection algérienne disputée pour la circonstance en terre marocaine et face au Maroc. * En 88, Rogov avait présenté la même équipe ou presque pour la course à la troisième place... Il y avait une rivalité entre le Maroc et l'Algérie, c'est pour cette raison que le coach Rogov avait aligné un onze presque au complet. Je me souviens que tous les professionnels n'étaient pas dans le onze rentrant. Parfois, ils faisaient la navette entre le Maroc et leur club en France. Il n'était pas évident de venir jouer en équipe nationale. Il n'y avait pas cette facilité que trouvent les professionnels actuellement. J'aimerais revenir aussi sur le cas de Madjer, car cette rubrique avait laissé entendre que je me suis opposé à sa venue en 88. * C'est exact, on aimerait bien avoir votre point de vue... Je ne pouvais pas le faire car les personnes qui connaissent Rogov savent que ce n'était pas un coach qui se laisse faire, ou qui accepte qu'on décide à sa place. Je crois pouvoir dire que la présence d'un élément de la trempe de Madjer sur le terrain pouvait me faciliter le travail. Je crois que Madjer avait un problème avec le ministre de l'époque. Il était attendu à plusieurs reprises, mais à chaque fois qu'une personne se déplaçait à l'aéroport pour le récupérer, il ne venait pas. Je suis prêt à en parler lors d'un débat télévisé en compagnie de Madjer pour lever toute équivoque. Je signale que jamais Madjer ne m'a parlé de ce sujet, même après lors de nos rencontres. * Par la suite, vous aviez été écarté à votre tour de la CAN 90... J'étais d'abord écarté par Lemoui, puis re-convoqué, puis de nouveau écarté, bien avant la CAN 90. Effectivement, je m'attendais à participer à la CAN 90 comme une consécration à ma carrière, mais on ne m'avait pas fait appel. Même Kermali, à l'époque, ne m'avait pas donné une réponse convaincante. On m'avait dit que c'était un décideur qui ne voulait pas voir mon nom sur la liste des joueurs qui devaient participer à la CAN 90. J'étais victime des faux jetons. J'avais eu le trophée du Ballon d'Or africain, et cette consécration personne ne pouvait me l'enlever. C'était la plus belle consécration de ma carrière. Elle a plus de valeur à mes yeux que la CAN qu'on m'avait refusée. * Lors de cette CAN 88, vous vous faites remarquer en égalisant face au Maroc, mais vous ratiez votre penalty contre le Nigeria. Voulez-vous revenir sur ces deux souvenirs ? Concernant la série des penalties face au Nigeria, j'en avais tiré deux. On avait frappé dix dans chaque camp. Chaque équipe avait réussi à marquer les dix penalties. Puis, je devais tirer une deuxième fois, et je l'ai raté parce qu'à la dernière minute j'avais hésité. * Le classement de l'Equipe nationale était-il attendu ? Franchement, on était partis au Maroc faire de la participation. A chaque match, on ne savait pas si on pouvait compter sur tous les joueurs professionnels. En plus, il a y avait l'absence de Assad et Madjer, deux éléments essentiels dans cette équipe d'Algérie. Je pense que le résultat a été bien accepté. * Quel commentaire faites-vous sur le match que les amoureux de l'EN ont suivi jeudi dernier ? L'arbitre a rencontré des problèmes avec les équipes maghrébines. Les Tunisiens se sont plaints de son arbitrage. Le premier carton jaune contre Halliche était injustifié. A partir de là, tout s'est précipité. Je pense que l'arbitre ne doit pas aimer les Maghrébins. * L'Equipe nationale aurait-elle pu éviter une telle issue de la rencontre ? Les joueurs ont réagi négativement, après les décisions de l'arbitre. Ils se sont énervés et sont tombés dans le piège. * A quelques encablures de la phase finale du Mondial, quels conseils donneriez-vous à nos capés pour éviter ce genre de piège ? Je pense que si l'Algérie avait rencontré une autre équipe que l'Egypte, elle n'aurait pas réagi de la sorte. C'est une leçon, à nous de bien analyser les lacunes et d'y remédier avant le mois de juin. L'Algérie était menée au score face à la Côte d'Ivoire, mais elle a su se ressaisir. Entretien réalisé par Mouloud B. Cela s'est passé ce jour-là * L'invasion des criquets A la fin des années 80 et au début des années 90, l'Algérie connaissait l'invasion des criquets. Un véritable phénomène. Depuis, l'Algérie a appris à maîtriser ce fléau. * Le Tour d'Algérie cycliste existait encore Le Tour d'Algérie cycliste existait encore. On était arrivés au dixième Tour d'Algérie. Cette épreuve de la petite reine avait beaucoup de succès dans le temps. La fédération a fait des efforts ces dernières années pour faire revivre cette épreuve. Elle avait commencé par des tours au niveau de certaines villes. Walou, rien, nada. * Benzine commençait fort à Séoul sur un vélo soudé On ne peut pas évoquer le cyclisme sans parler de Sebti Benzine, l'enfant d'El Gahmoussia (aujourd'hui El Hadjar). Il était fort en 88 et avait même participé aux Jeux olympiques de Séoul. A mi-parcours dans ces Jeux, Sebti était dans le peloton de tête. Il sera lâché… par son vélo soudé et datant de l'année... 1978. * Aujourd'hui, il est boucher à Sidi Amar (Annaba) Sebti Benzine est devenu boucher, après une carrière de cycliste. A la fin de sa carrière, il a ouvert une boucherie du côté de Sidi Amar, à deux pas de l'université de Badji Mokhtar.