Khoualed raconte ce qu'il a vu de la tribune «Je pleurais et je criais, je pensais que Bouchema était mort» Nacereddine Khoualed fait partie des cinq joueurs qui ont trouvé refuge chez les supporters de l'USMA. De la tribune, il assistait, impuissant, au lynchage de ses camarades. «Je pleurais et je hurlais de toutes mes forces. J'ai vu Bouchema à même le sol entouré d'une centaine d'individus avec toutes sortes d'armes en main. Ils le ruaient de coups, je ne vous cache pas qu'à cet instant, j'ai imaginé le pire, j'ai vraiment cru qu'il avait succombé à ses blessures, je criais ‘Sahbi mat, sahbi mat !' (mon ami est mort, mon ami est mort !). Le pire, c'est que je ne pouvais rien faire. Si je rentre, je suis un homme mort. Plus tard, Bouchema m'a dit que, quand il s'était retrouvé à terre, et quand il a vu toute cette foule avec des couteaux de boucher, il a protégé sa tête de ses mains et il a prononcé la chahada. Mais après, un policier est venu à son secours. Avec beaucoup de courage, ce dernier a pu disperser ses agresseurs, non sans être tabassé à son tour. Le policier en question a été évacué d'ailleurs avec Bouchema vers l'hôpital. J'ai vu aussi Zemmamouche qui n'a eu la vie sauve que grâce un supporter ‘akhina'. On lui avait arraché tous ses vêtements, il y avait du sang sur sa tête, et la foule déchaînée voulait en finir avec lui. Heureusement que ce ‘akhina' a pu le protéger. Je l'entendais dire à ceux qui voulaient agresser Zemmamouche : ‘Rabi yahdikoum, c'est un international, laissez-le !' Finalement, et Dieu merci, il a pu, tant bien que mal, le ramener jusqu'à l'entrée des vestiaires», raconte le défenseur usmiste, encore sous le choc. Khoualed ne pensait pas qu'il allait survivre à cette attaque sauvage : «Dès que l'arbitre a sifflé la fin, on a ouvert les portières des tribunes et on a vu environ 3 000 personnes se ruer sur nous. Couteaux, épées, bâtons, barres de fer à la main, on a vécu l'enfer. Personnellement, je me suis dit que mon jour était arrivé. Quoi que je vous dise, je ne pourrai vous décrire ce qui s'est passé. C'est comme si nous n'étions pas en Algérie. Et encore, peut-être qu'on n'aurait jamais vécu cela dans un pays étranger.»