«Je connais Karim Ziani, Yahia, Saïfi, Meniri, Belhadj, Mansouri et plein d'autres encore.» * Qu'est-ce qui vous est arrivé contre l'Egypte ? C'est vraiment désolant de perdre ce match, alors qu'on avait très bien démarré le match. Je ne sais pas ce qui s'est passé au juste, mais on a senti qu'il y avait une démobilisation de notre part. Et puis, il faut reconnaître que les Egyptiens étaient plus tranchants que nous dans les duels. C'est pourtant notre force aussi lorsqu'on est dans un bon jour. Mais ce soir-là, ce n'était pas ça. Heureusement qu'on s'est rattrapés contre le Bénin. * Mais là aussi, vous avez peiné pour battre les Béninois, non ? Dans cette CAN, toutes les équipes peinent à gagner leur match. Il y a, certes, bien des favoris, mais dès le coup d'envoi des matchs, les barrières tombent et tout le monde est au même niveau. Vous avez vu votre équipe contre le Malawi. Qui aurait pensé que l'Algérie allait perdre par 3 à 0 ? En tout cas, moi je n'aurais pas parié pour une victoire du Malawi. Pareil pour le premier match de la Côte d'Ivoire et le Cameroun aussi. C'est toujours très difficile de démarrer une compétition comme celle-ci. L'important est de se ressaisir pour être présents en quarts de finale. * Vous n'allez pas vous ennuyer dans cet hôtel aux côtés de vos potes camerounais, non ? Oui, ça fait toujours plaisir de revoir les amis. Il y en a beaucoup que j'ai croisés en championnat de France ou ailleurs. Il vaut mieux les croiser ici à l'hôtel que sur le terrain au premier tour (il rigole). Ça faisait longtemps que je ne les ai pas vus, puisque je joue actuellement en Russie. * Pourquoi ce choix justement ? Pourquoi aller jouer au Lokomotiv Moscou, alors que vous pouviez rester dans un championnat plus huppé ? C'est une question qu'on me pose souvent, mais les gens ignorent une chose très importante. Je suis né à Tachkent, en Russie. Mon papa est Nigérian, mais ma maman est russe. Je suis donc chez moi aussi en Russie. C'est là que j'ai tous mes amis, ma famille et beaucoup de repères. Je ne suis pas parti pour de l'argent comme l'écrivent souvent certains journalistes. La Russie, c'est aussi mon pays. Je suis moitié nigérian, moitié russe. Et puis, le Lokomotiv Moscou n'est pas un petit club, puisqu'il joue régulièrement la Ligue des champions. Il y a du beau football en Russie et je m'y sens très bien. * Vous avez été très jeune a jouer au Nigeria. Est-ce pour qu'on vous connaisse là-bas aussi ? Lorsque j'ai signé au Bendel Insurance FC, j'avais à peine 18 ans. Je suis parti pour retrouver mes autres origines. Je voulais m'adapter à la chaleur africaine et aux difficultés du championnat du Nigeria. J'ai fait une bonne saison et c'est là que la sélection m'a ouvert les portes. * Vous n'avez pas hésité entre la Russie et le Nigeria ? Non, je voulais faire partie des Green Eagles. J'étais fan avant même d'y être. Et puis, l'influence de mon père a été plus forte (il sourit). Je suis allé au Nigeria en pensant qu'il y avait aussi un coup à jouer dans ce sens. Si vous voulez, j'ai moi-même provoqué mon destin, car je voulais vraiment jouer pour le Nigeria. Mais à ce jour, je reste aussi attentif aux résultats de l'équipe de Russie, car il s'agit aussi de mon pays. * Vous êtes allé par la suite à La Louvière, en Belgique. Pourquoi ? Je crois que c'était un cheminement logique, même si moi j'ai fait le chemin inverse. J'ai commencé en Russie, pour aller en Afrique avant de retourner en Europe (il rigole encore). Il fallait que je passe par un des championnats européens et j'ai choisi La Louvière. * Vous avez joué avec Dahmane, l'Algérien ? Oui, Dahmane ! C'est un bon ami. Très sympa et très correct. J'ai beaucoup apprécié l'homme et le joueur. Il est en sélection d'Algérie ? * Non, il n'a pas été retenu par le sélectionneur. Dommage pour lui, car c'est un bon joueur. Et puis, j'ai connu aussi beaucoup de Maghrébins, surtout des Marocains en Belgique. * Et en France ? Oui, à Lille, j'ai connu tous les Algériens qui ont joué contre moi. Je connais Karim Ziani, Yahia, Saïfi, Meniri, Belhadj, Mansouri et plein d'autres encore. Ils sont tous de très bons techniciens. Ils ont fait souffrir tous les défenseurs de France. On les craignait avant de les affronter. Les Algériens ont une technique supérieure à la normale. * Vous les avez vus jouer dans cette CAN ? Oui, j'ai vu les deux premiers matchs de l'Algérie et j'ai raté celui d'hier parce qu'on avait entraînement à la même heure. Mais j'ai vu les séquences du match à la télé. C'est vraiment fort ce que fait l'Algérie. Pour résister aux Maliens avec toutes leurs stars comme Seydou Keita, Diarra, Kanouté… ce n'est vraiment pas facile. Et puis, ils ont confirmé face à l'Angola qu'il fallait bien compter avec eux dans cette CAN. * Quel est votre favori pour le titre ? C'est encore tôt pour se prononcer, car il y a plusieurs équipes capables de gagner le titre. Ce sera difficile de faire un pronostic dès aujourd'hui. Mais en tant que Nigérian, je vais dire que c'est le Nigeria, bien évidemment. Entretien réalisé à Lubango par Nacym Djender