«Merrakchi pouvait jouer dans tous les grands clubs d'Europe» * Vous avez vraiment souffert contre la Zambie, non ? La Zambie possède un très bon groupe qui joue très bien au ballon. Nous avons eu beaucoup de peines à remonter le score et à gagner. Ils ont mené puis on a égalisé et on a pris un but d'avance. S'ils sont parvenus à égaliser (2-2), c'est qu'ils étaient bien présents sur le terrain. C'est une équipe qui nous a posé beaucoup de problèmes en effet. Nous avons marqué un but que l'arbitre nous a refusé. Cela ne nous a pas facilité les choses, mais c'est le football. On n'y peut rien. * Qu'est-ce qui a fait la différence contre la Zambie ? Je crois que face à la Zambie, nous avons montré ce qu'est le caractère d'un Lion indomptable. Nous avons pris un but trop tôt qui nous a surpris. C'est vrai que ça fait très mal d'être menés comme ça, assez tôt, car on a tendance à courir derrière l'égalisation, au détriment du beau jeu. Les gens n'ont peut-être pas vu notre belle manière de jouer, comme on l'avait fait pendant les éliminatoires, mais nous avons pu compenser avec notre envie de gagner et notre mental. C'est une victoire arrachée au mental qui prouve qu'on peut aussi gagner sans bien jouer, car le plus important était d'assurer les trois points de la victoire. * Il reste encore les Tunisiens à battre. Vous n'allez pas les prendre de haut comme vous l'avez fait contre le Gabon et la Zambie, non ? Je crois que les équipes présentes ont montré qu'elles avaient toutes leur mot à dire dans cette CAN. Personne n'est venu faire du tourisme. Cela prouve que le niveau du football africain a pris une dimension supérieure et c'est tant mieux pour le continent. Maintenant concernant la Tunisie, ça va être un match très difficile aussi et on se doit de le prendre très au sérieux, si on ne veut pas rentrer à la maison. On va le jouer avec toutes nos forces de la première à la dernière minute, pour espérer se qualifier. Notre destin est entre nos mains cette fois. * Est-ce que Paul Le Guen était mécontent dans le vestiaire ? Non, pas du tout, il sait que nous nous donnons tous sans tricher. Je dois reconnaître qu'on n'a pas été très bons en première mi-temps face à la Zambie. Mais nous avons pu montrer par la suite que nous avons le caractère qu'il faut pour revenir au score. * Est-ce qu'il y a eu des consignes particulières pour que vous donniez des balles aériennes à Idrissou, le sauveur de l'équipe contre la Zambie ? On avait d'abord tout tenté entre les deux défenseurs, puis sur les côtés, mais les Zambiens répondaient toujours présents. A la mi-temps, le coach nous a demandé de jouer directement, en première intention, et c'est ce qu'on a fait avec Idrissou qui nous a mis ce très beau but de la tête. * Comment on prépare dans sa tête un match aussi important que celui qui vous attend face à la Tunisie ? C'est vrai que ce match est décisif. Il est le plus important au jour d'aujourd'hui, car notre avenir dans cette CAN en dépend. Ça va être vraiment chaud face à la Tunisie. On peut dire qu'on a mal joué nos deux premiers matchs. C'est le moment de nous ressaisir sur tous les plans. Nous avons le mental, il nous reste à développer notre jeu. * Un mot sur l'équipe d'Algérie ? C'est une équipe très solide qui a montré qu'elle avait le mental pour revenir, après la première défaite surprise contre le Malawi. Le fait d'avoir battu le Mali vous fait respecter un peu plus, car avec tous les joueurs qu'ils ont, les Maliens n'étaient pas faciles à manier. Mais si l'Algérie a pu le faire avec l'art et la manière comme on l'a vu, c'est que vous avez une grande équipe aussi. La preuve, c'est que vous avez réussi à vous qualifier aux quarts de finale. * Que dites-vous du football algérien au Cameroun ? On dit que les Maghrébins, à leur tête les Algériens, grâce à leur technique raffinée, sont les Brésiliens de l'Afrique et nous, avec notre puissance physique et notre précision, nous sommes les Allemands de l'Afrique. Je crois que vous avez la chance d'être suivis très tôt, dans vos clubs. C'est pour cela que votre équipe est très forte tactiquement. * Vous avez marqué un but très chanceux contre la Zambie. Vous vouliez vraiment marquer ? Non, mais je crois que c'est l'effort que j'ai fait qui a été récompensé. Mon idée était de rattraper d'abord le ballon, puis de le centrer dans la surface pour nos attaquants. Dieu a voulu que je marque sur une erreur du gardien. * Sans ce but gag, vous pensez que vous auriez pu revenir au score ? Franchement, c'était difficile. Ce but nous a vraiment libérés, car les Zambiens étaient très bien positionnés. * On va vous faire rappeler le nom d'un footballeur algérien et dites-nous ce que ça vous fait rappeler. Merrakchi ? Ah, Merrakchi ! (Il éclate de rire). C'est un bon vivant celui-là ! Mais qu'est-ce qu'il devient ? Il joue toujours au football ? * Non, il a arrêté. Vous vous rappelez de quels moments avec Merrakchi ? Je me rappelle des bons moments qu'on a passés ensemble lorsqu'on jouait en Turquie. C'était un très bon buteur, vraiment ! Il nous a beaucoup fait progresser. Quand on lui donnait le ballon, on était sûrs qu'il allait faire quelque chose d'intéressant avec. Il marquait beaucoup de buts. Merrakchi était vraiment costaud ! C'est moi qui l'avais accueilli à son arrivée en Turquie. On était tout le temps ensemble. On était de vrais potes. * Avait-il la chance de jouer dans un grand club européen ? C'est sûr ! Il était impressionnant physiquement. Il pouvait jouer dans n'importe quel grand club d'Europe. Je garde un très bon souvenir de Merrakchi. Vous lui passerez un immense bonjour de ma part. * Quels moments aviez-vous partagés ensemble en dehors du football ? Ah, là c'est interdit ! Je ne peux pas raconter ces choses-là ! (Il se marre franchement). Saluez-le chaleureusement de ma part. Dites-lui que s'il fait un jubilé, je serai le premier à venir rejouer avec lui. Entretien réalisé à Lubango par Nacym Djender.