«Qu'on me laisse tranquille !» Le gardien de but de l'Equipe nationale, Faouzi Chaouchi, n'a pas caché son mécontentement envers les anciens joueurs qui ont critiqué son rendement lors de la Coupe d'Afrique des nations qui s'est déroulée dernièrement en Angola. Alors qu'il espérait un soutien de la part des observateurs pour les erreurs qu'il a commises en Angola, les spécialistes, surtout les anciens gardiens de but des Verts, à l'instar de Nasredine Drid et Larbi El'hadi, ne l'ont pas ménagé. Il affirmera par ailleurs qu'il acceptait avec fair-play les critiques constructives susceptibles de l'aider à progresser, non pas les critiques qui l'offensent et touchent à sa personnalité. Le portier sétifien pense qu'il s'est imposé comme gardien titulaire de l'EN grâce à ses qualités et ses compétences et a défendu les couleurs nationales de son mieux. Le match héroïque qu'il a joué à Khartoum au cours duquel il a joué un grand rôle pour que l'Algérie aille au Mondial lui a permis de gagner la sympathie de tout le peuple algérien. Il effectuera une IRM aujourd'hui Par ailleurs, Faouzi Chaouchi nous a appris qu'il effectuera une IRM ce matin au niveau du cou pour se fixer sur la blessure qu'il a contractée lors de la rencontre héroïque face à la Côte d'Ivoire. Même s'il se porte mieux et ne ressent plus de douleurs, Chaouchi effectuera ce test sur demande de son médecin pour s'assurer définitivement de sa guérison. A. S. «Qu'on me laisse tranquille !» * Tout d'abord, qu'en est-il de votre blessure au niveau du cou ? Je vais bien Al Hamdoullah. La blessure dont je souffrais est pratiquement guérie, je ne ressens, d'ailleurs, plus de douleurs. Je dois effectuer une IRM mercredi (aujourd'hui ndlr) pour me fixer définitivement sur mon état. Après quelques jours de repos qui me permettront de récupérer de la fatigue accumulée lors de la CAN, je reprendrai normalement les entraînements. * Parlez-nous de votre première expérience africaine avec l'Equipe nationale ? Il est vrai que je n'ai jamais participé à une compétition pareille, donc c'est ma première expérience. Je crois qu'elle a été réussie et je dois dire que je suis fier de ce parcours en Afrique. Pour ma première participation avec l'Equipe nationale en Coupe d'Afrique, on a réussi à atteindre le stade des demi-finales. Pour moi, c'est un exploit. Idem pour les autres joueurs qui n'ont jamais pris part à cette compétition qui reste une étape importante pour la préparation du Mondial. Il faut reconnaître aussi que la CAN est totalement différente des compétitions africaines des clubs auxquelles j'ai participé, que se soit avec la JSK ou l'Entente de Sétif. * Après la défaite contre le Malawi, croyiez-vous à la qualification au deuxième tour ? En réalité, c'était une défaite amère et inattendue mais qui ne reflète pas le niveau de l'Equipe nationale. On était donc sûrs de nos capacités d'aller loin dans ce tournoi. La preuve, on a bien réagi dans la rencontre d'après. Mieux encore, on a réussi un exploit comme je vous l'ai déjà dit. On a battu le Mali avec ses stars, imposé le nul à la sélection du pays organisateur l'Angola, et la meilleure performance a été d'avoir d'écarté le favori numéro un pour remporter le titre africain, à savoir la Côte d'Ivoire, avec l'art et la manière. Et tout le monde sait ce qui nous est arrivé en demi-finale. * Plusieurs spécialistes vous ont sévèrement critiqué, comme l'ancien gardien international, Drid, qui a déclaré à plusieurs reprises que vous devriez garder les pieds sur terre et ne pas croire que vous êtes arrivé au sommet. Qu'en pensez-vous ? En réalité je n'aime trop parler sur ce qui a été dit à mon sujet. Les critiques dont j'ai fait l'objet ne se limitaient pas au volet technique, car certains n'ont pas hésité à me demander de garder les pieds sur terre, à l'instar de Drid qui ne me connaît même pas. Comment peut-il juger et dire que je me prenais la tête, que je n'étais pas modeste et que je devais garder les pieds sur terre, comme il a eu à le répété à plusieurs reprises. Qu'il aille se renseigner sur ma personnalité et demander aux gens qui me connaissent bien si je faisais partie de cette catégorie-là. Je ne comprends pas la nécessité de ces critiques inutiles et qui n'ont d'objectif que pour casser les joueurs. Je sais que je n'ai pas atteint encore le haut niveau, mais j'aspire à le devenir. Je suis en train d'accomplir convenablement mon travail et j'essaie toujours d'être à la hauteur des espérances du public et tout le monde le sait d'ailleurs. * Que pensez-vous des déclarations de l'autre ancien gardien de but, Larbi El'hadi, qui vous a traité «d'enfant gâté» ? Celui-là aussi ne m'a pas critiqué sur le plan technique. Je voudrais lui dire que je suis gâté chez moi, non pas en Equipe nationale qui n'est pas ma propriété privée. Il s'agit des couleurs nationales et c'est tout le monde qui aime son pays et aspire à réaliser les meilleurs résultats possibles pour que le drapeau national flotte toujours très haut. Franchement, je suis dégoûté par toutes ces déclarations qui n'ont rien de positif. Je laisse chacun à sa conscience. Moi en tout cas, je me contente de me concentrer sur mon travail. Je sais pertinemment que j'ai commis des erreurs, à l'instar de tous les plus grands gardiens au monde, mais on peut progresser et avancer. De mon côté, je tâcherai de cerner tous mes défauts et les corriger seul, pour ne pas commettre les mêmes erreurs à l'avenir. * Votre entraîneur actuel à l'Entente de Sétif a déclaré que vous devriez éviter certains comportements ; qu'en pensez-vous ? Je respecte beaucoup l'entraîneur Zekri et je respecte aussi ce qu'il a dit, parce qu'il a évoqué le volet technique. Des critiques pareilles, je dois les prendre en considération, elles sont positives et ne touchent pas à ma personnalité. Mais que voulez-vous, c'est ma façon de jouer, je commets des erreurs, mais je les corrigerai dans un avenir proche. D'un autre côté, je suis confiant en mes qualités. Ce qui me permettra de m'acquitter convenablement de ma tâche. * Comment expliquez-vous que tout le monde vous tombe dessus à la moindre erreur, alors qu'on vantait vos exploits lorsque vous sortez de grands matches ? C'est ce que je n'arrive pas à comprendre d'ailleurs. Lorsque je suis dans mon jour, c'est tout le monde qui m'encourage, me soutient et me considère comme le meilleur gardien de but au monde. Mais à la moindre erreur, c'est tout le monde qui me tombe dessus, en me critiquant sévèrement, comme si l'Equipe nationale se limitait à moi seul. Je suis un gardien de but et il est tout à fait normal que je commette des erreurs. Je demande à ceux qui me critiquent de me lâcher un peu pour un moment. Qu'on me laisse tranquille. Ce sont des choses qui jouent sur le moral de n'importe quel joueur. Ce sont d'anciens footballeurs et savent bien que de telles critiques se répercutent sur le moral. * Saâdane vous a-t-il parlé à la fin de la rencontre contre l'Egypte ? Personne ne m'a parlé, car personne n'avait rien à dire suite à l'arbitrage catastrophique de ce jour-là. Et tout le monde sait que je ne voulais pas que le match se termine de cette façon. Malheureusement, il était difficile pour les joueurs de garder leur calme et de se contrôler dans un match pareil. * Ne craignez-vous une sévère sanction suite à votre comportement ? Je ne le souhaite pas. J'espère qu'elle ne sera pas sévère, puisque je n'en ai pas besoin. Toutes ces critiques ne sont-elles pas suffisantes pour qu'on m'inflige une lourde sanction qui me privera du Mondial que j'attends avec impatience ? Malheureusement, je ne peux rien faire pour le moment, à part attendre. * L'entraîner Saâdane songe à d'autres gardiens de but, comme Si Mohamed ; ne vous sentez-vous pas visé d'un éventuel renvoi de l'Equipe nationale ? L'Equipe nationale n'appartient pas à Chaouchi. Il y a des responsables qui connaissent bien leur travail. De mon côté, je dois respecter toutes les décisions. Pour le moment, personne ne m'a contacté pour m'informer de mon renvoi de l'Equipe nationale. Je souhaite par ailleurs la bienvenue à tout autre gardien que le staff technique estime mériter de porter le maillot de l'Equipe nationale. Cela dit, je tiens à répéter que je me suis imposé au sein de la sélection grâce à mes qualités, non pas d'autres moyens. * Quel est le meilleur souvenir que vous gardez d'Angola ? Il y a beaucoup de choses qui nous sont arrivées en Angola qu'on n'oublie pas. Mais le meilleur moment que j'ai vécu là-bas et qui ne peut que nous encourager est lorsqu'on était menés au score contre l'Egypte en demi-finale. Nos supporters ne cessaient de scander : «Mondiali, mondiali !» (Mondialistes, mondialiste) devant le silence du public égyptien. C'est un moment que je n'oublierai pas tant que je suis en vie. Sans oublier la sortie du peuple algérien dans la rue pour faire la fête, en dépit de l'élimination. C'est dire qu'on possède un public qui aime son pays et qui connaît bien le football. Entretien réalisé par S. A.