«J'invite l'entraîneur des gardiens à venir me voir» Il est le meilleur gardien du championnat de Bulgarie. Il s'appelle Rais-Wahab Mbolhi et il veut jouer pour l'Algérie. Ce jeune Français, né de père congolais et de mère algérienne, a choisi son camp : «Je suis à 100 % Algérien, il n'y a aucun doute», nous dit-il dans cet entretien. Sa réaction, après avoir su qu'il avait affaire à un journaliste algérien, était si chaleureuse que cela renseigne, si besoin est, sur son attachement au pays de sa mère. Entretien. * Bonsoir Mblhi, je suis un journaliste algérien … (Il nous coupe) Bonsoir ! Je m'attendais un petit peu à recevoir un appel d'Algérie. Non, mais c'est fantastique. * Parlez-vous un peu l'arabe ? Pas couramment. Ma mère et ma grand-mère m'ont appris quelques notions, mais pas de quoi tenir une conversation. * Le public algérien ne connaît pas grand-chose de vous, voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je m'appelle Rais-Wahab Mbolhi. Je suis né le 25 avril 1986 à Paris. J'ai commencé à jouer au Racing de Paris. Par la suite, je suis parti à l'OM où j'ai fait toutes mes classes jusqu'en seniors. Comme je ne jouais pas très souvent, j'ai préféré m'en aller. J'étais presque tout le temps deuxième gardien. J'ai choisi d'aller chercher du temps de jeu ailleurs. C'est comme ça que je suis parti en Ecosse où je ne suis pas resté longtemps. Par la suite, j'ai rejoint la Grèce, le Japon puis la Bulgarie. * Un palmarès ? Hélas pas encore, je n'ai encore rien gagné. Je ne sais pas si mon titre de Meilleur gardien de Bulgarie peut signifier quelque chose. C'est un titre honorifique, sans plus. * Ça se passe comment pour vous en club ? Plutôt bien. Là, on est cinquièmes au classement. On s'est aussi qualifiés aux quarts de finale de la Coupe. J'ai joué jusqu'ici 15 ou 16 matchs. J'ai encaissé 16 buts (rires). C'est bon à savoir ! Je joue assez régulièrement. C'est important. * On a lu dans certains sites Internet que des clubs anglais s'intéressaient à vous, dont Manchester ; qu'en est-il au juste ? Il n'y a pas eu de contacts officiels. Quelqu'un à Manchester s'est renseigné sur moi, sans plus. Je ne considère pas cela comme étant un intérêt. Les seuls contacts, disons officiels que j'ai reçus, émanent du championnat de Russie. De toutes les façons, je ne me prends pas trop la tête avec ça pour le moment. Là, je suis encore sous contrat jusqu'en 2011. Je serai après libre de choisir ma destination. En attendant, je préfère me concentrer pleinement sur mon travail. Nous avons des objectifs à atteindre et c'est sur ça que toute mon attention est focalisée. * Parlons, si vous le voulez bien, de la sélection d'Algérie. Y a-t-il eu un contact avec les responsables de la fédération ? Non, il n'y a eu aucun contact. J'ai seulement lu dans votre journal que mon nom a circulé ces temps-ci. J'ai lu aussi que l'entraîneur des gardiens de la sélection pourrait venir me superviser, sans plus. Après, il n'y a pas eu, à l'heure où je vous parle, de contact avec la fédération. * Etes-vous prêt à venir en sélection, si on vous faisait appel ? Bien sûr. Ce serait un honneur pour moi. Pour être sincère, j'étais très content lorsque j'ai lu dans la presse que mon nom circulait. Un truc de fou. Depuis, je travaille comme un forcené à l'entraînement, afin d'être encore plus performant. * Connaissez-vous des joueurs de la sélection ? Quelques-uns. * Par exemple ? Bougherra, Ziani, Yebda et Djebbour. On n'est pas amis, on s'était déjà croisés par le passé. Avec Bougherra par exemple, on a un ami qui jouait avec lui à Charlton. * Vous n'êtes donc pas en contact avec les internationaux algériens ? Sincèrement, non. Mais cela ne pose pas de problème. Je suis de nature très sociable, je m'adapte donc très facilement. * Vous êtes de quelle nationalité ? Je porte naturellement la nationalité française. J'ai donc un passeport français. Seulement, je suis de mère algérienne et de père d'origine congolaise. Seulement, là dans mon cœur, je suis à 100 % Algérien. Il n'y a aucun doute. * Lacen aussi n'avait pas de passeport algérien, mais son cas a vite été réglé, le savez-vous ? Oui, je suis au courant de ça, je l'ai lu dans votre journal. Je sais que son cas a été réglé grâce à l'intervention du président de la fédération. C'est quelque chose d'encourageant. C'est un plus pour l'Algérie. Je l'ai vu jouer avec Santander, il sera d'un grand apport pour la sélection. C'est un gros travailleur au milieu. Il est sans doute l'un des meilleurs à son poste en Liga. * Est-il vrai que l'EN vous a déjà envoyé une invitation ? Oui, c'est vrai. J'étais en jeunes. Je ne me souviens plus du nom de la personne qui m'avait contacté. Je n'oublierai jamais la joie qu'avait éprouvée ma mère ce jour-là. Elle en était très fière. Malheureusement, mes dirigeants d'alors à l'OM n'ont pas voulu me libérer. * Avez-vous joué pour l'équipe de France ? Oui, j'ai joué pour les moins de 17 ans. J'ai été sélectionné six ou sept fois, je ne m'en souviens plus. J'ai été titulaire à chaque fois. Depuis plus rien. * Sincèrement, si vous recevez deux invitations simultanées de l'équipe de France et de celle d'Algérie, laquelle choisiriez-vous ? L'Algérie, sans hésiter. Ce sera là le choix du cœur. Je ne le dis pas parce que je m'adresse à un journaliste algérien, je le ferai par conviction. Je le ferai aussi pour ma mère. Je sais qu'elle sera contente. * Quelle a été la réaction de votre mère lorsqu'elle a eu vent de l'intérêt de la sélection pour vous ? Elle était naturellement très contente. J'espère qu'elle le sera encore plus lorsque je serai sélectionné. * Quel est le joueur qui vous plaît le plus en sélection ? Sans hésiter, Lacen. C'est un super joueur. Il y a aussi Yebda qui n'est pas mal du tout. Je l'ai vu jouer plusieurs fois en club et en sélection. Bougherra aussi n'est plus à présenter. * Avez-vous suivi les matchs de l'Algérie durant les qualifications au Mondial ? Naturellement. C'est vrai que je ne les ai pas tous vus, à cause de mon emploi du temps, mais je n'ai pas raté les matchs importants. * Comme les deux matchs face à l'Egypte ? Tout à fait, des matchs qu'il ne fallait pas rater ! (Rires) * Qu'avez-vous ressenti après la qualification de l'Algérie ? J'étais super content. Un truc de fou. Lorsque j'ai vu les images du peuple qui fêtait la qualification, je me suis dit qu'il est ouf (fou, ndlr) de football. * Quelle analyse faites-vous du parcours de l'Algérie lors de la CAN ? Bonne en gros. Il y a beaucoup de points positifs à retenir. * Nourrissez-vous encore l'espoir de jouer pour l'Algérie ? Bien sûr. Je ne désespère pas d'être convoqué. Je travaille beaucoup pour ça. Je ne vais pas me mettre à dire que je mérite d'être sélectionné. C'est manquer de respect au sélectionneur qui connaît mieux que quiconque son travail. Seulement, je serai très heureux si on me faisait appel, c'est certain. A cet effet, j'invite l'entraîneur des gardiens de but à venir me superviser. Comme ça, il pourra se faire une idée sur moi.