«Je vais au moins une ou deux fois par an en Algérie. Je suis de Blida.» On sent tout de suite qu'il a reçu une éducation de premier choix ! Ce n'est qu'une fois arrivé à Tarragone qu'on avait pu joindre Walid Cherfa pour lui annoncer notre visite. «Ça tombe bien, parce que je viens juste de terminer l'entraînement. J'avais coupé mon téléphone…» Mais une fois sur place, il n'y avait aucune trace du joueur algérien. Même son coéquipier Medina n'avait pas pu l'avoir au téléphone. Cinq minutes plus tard, Cherfa décroche pour répondre au directeur administratif. «J'arrive dans une minute», lui avait-il susurré. Une poignée de secondes plus loin, on voit la belle 307 cc bleue débarquer à toute allure dans le parking. «Je vais au moins une ou deux fois par an en Algérie. Je suis de Blida» Sort alors un beau gosse bien sapé, les cheveux relevés avec du gel, qu'on prendrait volontiers à un acteur de cinéma. Les mains dans les poches, il avance vers nous pour nous saluer. «Salamou âlikoum», nous lance-t-il avec un accent de chez nous qui détonait avec l'impression qu'on avait en rencontrant un jeune qui a passé toute sa vie en France. Mais Walid s'en défend aussitôt en nous expliquant le secret de cet accent parfait du bled. «En fait, je vais une à deux fois par an en Algérie. Je ne rate aucune occasion d'aller saluer ma famille et mes amis. Je suis de la wilaya de Blida», ajoute-t-il dans un arabe dialectal désarçonnant. On sent tout de suite qu'il a reçu une éducation de premier choix ! L'ambiance est vite détendue et Walid se sentait vraiment à l'aise, au milieu de ces Algériens qui lui demandaient de faire dix choses à la fois. On était trois, parce que deux de nos compatriotes en visite en Espagne avaient tenu à rencontrer le futur international des Verts. Il y avait Fouzi et Malek. Ce dernier, qui a un pied à Valence, le connaissait un peu mieux pour l'avoir déjà vu jouer à la télé. Mais à ce moment précis, ce n'est pas le guerrier qu'on découvrait, mais plutôt un jeune au sourire angélique et aux propos toujours très mesurés. On sent tout de suite qu'il a reçu une éducation de premier choix ! Bénits soient ses parents ! Fier d'être le premier Algérien à brandir le drapeau national sur la pelouse de Tarragone ! Walid Cherfa nous fait tout de suite ouvrir les portes du stade pour répondre à notre demande de le prendre en photos sur le gazon. On le fera balader dans tous les sens, le malmenant sans répit, mais le sourire ne quittait pas son visage qui nous encourageait à en faire plus. Lorsqu'on lui a sorti le drapeau national, Walid souriait d'un lobe à l'autre, comme s'il attendait cet instant depuis sa tendre jeunesse. On sentait vraiment qu'il aurait aimé que ses parents et toute sa famille soient dans les tribunes pour partager cette fierté d'être le premier joueur algérien à brandir le drapeau national sur cette pelouse de Tarragone. Il était profondément ému et ses yeux trahissaient tous les sentiments de son cœur… «Ahcene et Farida sont comme ma famille à Tarragone» Finie la séance photos, nous voilà dans la voiture pour chercher un restaurant où déjeuner. C'est le maître des lieux qui nous proposera d'aller dans un de ses restaurants préférés. Mais il ne s'empêchera pas d'appeler son meilleur ami à Tarragone, pour se joindre à nous. Ahcene Belarbi qui gère un taxiphone dans le centre ville est en fait un ancien joueur de la JSK. «J'ai joué chez les Espoirs, mais aussi à Bordj Ménaïel avec Chaouchi, après je m'étais blessé et je me suis consacré à mes études», nous confiera-t-il un peu plus tard. C'est lui qui nous apprendra beaucoup plus sur Walid. Tous les deux, ils sont inséparables. «Dès que je finis l'entraînement, je vais au taxiphone pour rester avec Ahcene jusqu'au soir. On va souvent chez lui, où sa femme Farida me considère comme un membre de la famille. Ils m'aident beaucoup à tenir tout seul dans cette ville. C'est eux et leur adorable poupée Amina que je fréquente», nous dit-il. «J'apprends le kabyle avec la petite Amina qui m'appelle Daddas Walid !» On comprendra mieux cette connivence lorsqu'on le verra prendre la petite Amina dans ses bras, comme si c'était son propre enfant. «Elle m'appelle Daddas Walid. j'apprends le kabyle grâce à elle. J'ai appris pas mal de mots comme arouigh veut dire je n'ai plus faim et awid (donne), iyad (viens)… C'est une découverte intéressante pour moi. Avec le temps, je finirai par le parler couramment», assure-t-il. Walid apprécie beaucoup la chaleur familiale des Belarbi «et c'est réciproque», rétorque le couple qui nous a raconté la grande générosité de Cherfa «qui nous a laissé son véhicule lorsqu'on en avait grandement besoin. D'ailleurs, je suis sûr de l'avoir conduit plus que lui ces derniers temps. Ma fille ne se trompe pas lorsqu'on lui demande son avis sur lui. Elle dit tout simplement : Daddas Walid es me amor !» Une maison au bord de la mer, avec une belle piscine et un hamac ! Cherfa nous a, par la suite, invités à aller avec lui au taxiphone de son ami Ahcene qu'il aide dans son travail avec grand plaisir. «Zidlou nas Saâ Walid !» «OK, j'ai ajouté une demi-heure de connexion au box numéro 3», répond le footballeur, reconverti à l'occasion dans ce métier qu'il a fini par maîtriser totalement. Le lendemain, c'est chez lui que Walid Cherfa nous a invités. Une maison de rêve, à une cinquantaine de mètres de la plage, mais aussi dotée d'une belle et grande piscine à l'intérieur. Un hamac, un chat, superbement équipée, mais tristement vide, lorsque ses sœurs et sa mère qui vivent toujours en France retournent à Toulouse. Il voulait même nous payerle billet de train ! «D'ailleurs, on a fêté, ici, l'anniversaire de ma sœur, il y a à peine deux jours», nous a-t-il confié en posant devant notre exigeant photographe qui l'a forcé à s'exécuter malgré la gêne. Notre reportage tirait à sa fin et Walid nous proposa de nous accompagner à la gare pour prendre le train. Dans un dernier élan de générosité, il nous proposera même de… nous payer le billet de train ! Il a fallu beaucoup d'énergie pour lui expliquer qu'il avait aussi en face un autre Algérien… Le temps passe tellement vite quand on a affaire à quelqu'un d'aussi sympathique. Au revoir beau gosse et à très bientôt, inch'Allah, chez les Verts.
«Blida est plus belle que Tarragone !» nn En circulant avec Walid Cherfa dans la ville de Tarragone, on a été frappés par une artère qui ressemble beaucoup à l'entrée de Blida, sa ville d'origine. On lui demandant s'il ne voyait pas les choses du même angle, Walid s'est exclamé en bondissant de son fauteuil pour nous dire : «Wallah que Blida chabba âliha ! C'est ma ville akhouya, je ne peux pas être d'accord avec ça.»
Il écoute les CD sur les Verts en boucle et apprécie cheb Toufik nnDans son véhicule, Walid Cherfa n'écoute pas autre chose que de la musique algérienne. Les CD défilent en boucle et tous évoquent la formidable aventure des Verts. «J'ai acheté pratiquement tous les albums de ceux qui ont chanté pour l'équipe nationale. Je les écoute sans arrêt toute la journée. J'aime tous les artistes, avec une petite préférence pour cheb Toufik ! Nmout âlih, vous pouvez l'écrire», nous a-t-il confié.
Cherfa, un gentleman… cambriolé ! La luxueuse maison de Walid Cherfa a été visité par des cambrioleurs à plusieurs reprises. Les malfrats savent bien à quel moment aller se servir. N'étant pas encore marié, le jeune célibataire a trouvé, une fois de retour d'un match à l'extérieur, une bonne partie de ses affaires qui avait disparu. Il regrette surtout son ordinateur qui contenait des fichiers importants. Les voleurs sont revenus quelques jours plus tard pour se servir une seconde fois. Ils ont réussi à pénétrer à l'intérieur, alors que Walid dormait dans sa chambre. Ce n'est qu'après avoir entendu un bruit pas ordinaire qu'il s'est levé, découvrant la porte de la cuisine forcée. «Cette fois, je crois avoir trouvé la solution. Une alarme assourdissante, mais aussi un couple d'amis à qui je demande de dormir chez moi lorsque je joue à l'extérieur !», nous-t-il confié.