Il est le premier joueur africain à avoir évolué dans le Calcio. La Coupe d'Afrique des nations, il la connaît puisqu'il a été finaliste avec l'équipe de Côte d'Ivoire en 2012. Actuellement aux commandes du Niger, François Zahoui (57 ans) a répondu aux questions concernant l'actualité de la CAN, et notamment de la nouvelle génération ivoirienne. Le Niger ne s'est pas qualifié pour la CAN. Qu'est-ce qui a manqué à votre équipe ? Il faut préciser qu'il y avait deux gros morceaux dans notre poule avec la Tunisie et l'Egypte. Nous avons terminé à la troisième place de cette poule. Il nous manque clairement des moyens financiers et des infrastructures, c'est notre gros souci. Le Niger est un petit pays, mais avec une politique énorme pour le football. Les joueurs avaient notamment effectué une vidéo pour montrer qu'ils n'étaient pas contents des moyens accordés à l'équipe. Il fallait beaucoup d'ingrédients pour rivaliser, on ne les avait pas. On dit souvent qu'une CAN, c'est spécial, que ce n'est pas une compétition comme les autres. Qu'a-t-elle de si particulier ? En Afrique, la seule chose qui unit réellement les gens, c'est le sport. Avec le football, tout s'arrête. On retrouve le côté patriote des gens, tout le monde se sent concerné par son pays. Moi, par exemple, qui ai d'abord été joueur puis sélectionneur, quand on entend l'hymne national de son pays, il y a quelque chose de spécial qui se passe. La Coupe d'Afrique des nations est le plus bel événement d'Afrique, selon moi. C'est très intéressant de voir les meilleurs pays à l'œuvre en l'espace de deux, trois semaines. Quels sont vos favoris de cette CAN 2019 ? L'Egypte possède un avantage, car c'est le pays organisateur. C'est aussi une très belle équipe, ils auront la pression devant leur public. Le Sénégal est également une bonne équipe qui a bien progressé, tout comme l'Algérie. Attention au Cameroun, le dernier vainqueur de la Coupe d'Afrique, une équipe qui se manifeste dans les grandes compétitions. Et puis, comme chaque année, il y aura un pays surprise. Et selon moi, cette année, le pays surprise sera la Mauritanie ! C'est leur première Coupe d'Afrique, on va les découvrir. Tout dépendra du premier match pour eux. Votre pays, la Côte d'Ivoire, peut-il aller loin dans cette compétition ? Evidemment ! Surtout quand on voit la progression d'un joueur comme Nicolas Pépé cette saison. C'est un pays qui a toujours eu de grands joueurs dans de grands clubs. Le problème, c'est l'association des talents, la création d'une cohésion d'équipe. Et le plus gros bémol, c'est le poste de gardien de but. Sinon, concernant les structures, la qualité des joueurs, il y a tout. La Côte d'Ivoire est une équipe dangereuse lorsqu'elle n'est pas favorite, quand elle n'a pas la pression du résultat. La nouvelle génération ivoirienne est-elle talentueuse ? Oui, comme je l'ai dit, un joueur comme Pépé connaît une progression fulgurante cette année. Regardez un joueur comme Maxwel Cornet, il ne joue quasiment pas avec Lyon mais plante un doublé contre l'Olympique de Marseille. Je pense aussi à Wilfried Zaha, très bon à Crystal Palace. Un joueur comme Serey Die, encore sélectionné, ramène cette touche d'expérience nécessaire. Eric Bailly, qui est malheureusement blessé et forfait pour cette Coupe d'Afrique, est titulaire dans un club comme Manchester United. En clair, on a vu ces garçons grandir dans les équipes de jeunes, il y a eu un suivi. L'exemple le plus marquant est celui du Sénégal, avec Aliou Cissé, il a pu côtoyer les joueurs dans les sélections de jeunes avant de prendre les rênes de l'équipe première. Aujourd'hui, c'est très important de voir des équipes comme la Côte d'Ivoire dans cette Coupe d'Afrique, car elle a beaucoup de talent, il faudra compter sur elle. Vous avez été finaliste de la CAN 2012 avec cette équipe de Côte d'Ivoire, finale perdue face à la Zambie. Selon vous, quelle est la différence entre l'équipe de 2012 et celle d'aujourd'hui ? Aujourd'hui, il y a une nouvelle génération, plus jeune. Il y a eu une excellente phase de transition. Lorsque je suis arrivé aux commandes de l'équipe en 2012, il y avait presque les mêmes joueurs qu'en 2006. Il fallait amener du sang neuf et accepter à un certain moment cette période de croissance. Le problème en Afrique, c'est qu'on veut des résultats immédiatement, l'émotion et la passion priment sur l'analyse et le projet. Il y a des pays qui n'arrivent pas à mettre de politiques sur le long terme. Le fait est qu'une Coupe d'Afrique permet réellement de faire mûrir une équipe.