«Je connais Mourad car il s'est soigné au Qatar et je le voyais quasiment tous les jours.» L'actuel sélectionneur du Qatar, qui avait battu la France durant le Mondial 2002, lorsqu'il dirigeait l'équipe du Sénégal, croit dans les joueurs de Rabah Saâdane. Il leur donne même quelques conseils pour bien défendre les couleurs de l'Algérie. Le forfait de Mourad Meghni est-il un vrai coup dur ? Oui. Je connais Mourad car il s'est soigné au Qatar et je le voyais quasiment tous les jours. C'est un coup dur pour lui et pour l'équipe, car c'est un joueur de talent qui aurait pu apporter sa touche technique à l'équipe. Maintenant, il faudra faire sans lui. C'est au coach de trouver la bonne tactique et la bonne formule pour que l'équipe soit performante. Avez-vous déjà vu jouer cette équipe ? Oui, deux fois contre l'Egypte lors des éliminatoires. Au premier match, je l'ai trouvée excellente. Elle a ensuite confirmé sa bonne prestation au cours du match d'appui. Connaissant les Egyptiens, il fallait être très costaud pour se qualifier pour la Coupe du monde. Moi aussi avec le Sénégal, j'avais réussi à les éliminer et cela reste un véritable exploit. Mais l'Egypte a pris sa revanche à la CAN... Oui, mais c'était totalement différent. Les Algériens n'ont pas joué avec la même hargne et la même motivation. C'étaient deux contextes différents. Au Mondial, j'espère que l'Algérie montrera son vrai visage avec une équipe de caractère. Voyez-vous l'Algérie se qualifier pour les 8es de finale ? Ca va être compliqué, car contrairement à ce que l'on pense, ce groupe est difficile. Les Slovènes n'ont rien à envier aux Algériens. Ce sont de vrais bons joueurs qui évoluent tous dans des grands clubs européens, notamment en Allemagne. Il y a aussi les Etats-Unis qui ont réalisé une excellente Coupe des Confédérations l'an passé (NDLR : battus en finale par le Brésil) et évidemment l'Angleterre. Il ne faut pas que le peuple algérien pense que la qualification est jouée d'avance. Il faut laisser travailler cette équipe et ne pas lui mettre trop de pression. Les joueurs doivent être soutenus et non pas l'inverse. Avez-vous un conseil à leur donner ? Ils ont leur chance, mais il faut qu'ils jouent leur jeu et sans complexe, car il y a vraiment de très, très bons joueurs. Ce n'est pas forcément une équipe aussi talentueuse que celle de 1982. Comment la caractériseriez-vous ? C'est une équipe qui joue à l'européenne, alors qu'en 1982, il y avait des joueurs d'exception comme Rabah Madjer. C'était une génération d'or. Je ne dis pas que les joueurs d'aujourd'hui ne sont pas des artistes, mais ce sont des joueurs différents avec un style de jeu différent. Leur force, c'est leur collectif et leur mentalité. Il faut qu'ils conservent ces vertus-là. L'apport des joueurs bi-nationaux, c'est un plus ? Oui, bien sûr. Moi, quand j'entraînais le Sénégal, il n'y avait pas un joueur qui évoluait au pays. Ces joueurs ont envie de prouver qu'ils ont leur place. Ils possèdent un fighting spirit. Sans eux, l'Algérie n'aurait pas pu se qualifier. Que pensez-vous de Rabah Saâdane ? Moi, je lui dis «chapeau Monsieur». L'Algérie est trois fois présente en Coupe du monde et trois fois, il est dans le coup. Il faut être avec lui et non pas contre lui. Si l'équipe en est là, c'est aussi grâce à lui. Je connais aussi très bien le président de la Fédération algérienne. Ce sont des gens bien. Appréciez-vous des joueurs en particulier ? J'en connnais quelques-uns, car je les ai vus évoluer en France. J'apprécie surtout Rafik Saïfi. Cela ne s'est pas trop bien passé pour lui au Qatar, car contrairement à ce qu'on peut penser, jouer là-bas n'est pas si facile que ça avec un contexte particulier. Je ne sais pas s'il jouera, mais c'est un garçon qui a un gros mental et qui a beaucoup de talent. Quand on fera appel à lui, il sera prêt. Le faire jouer toute une deuxième mi-temps et non pas seulement un quart d'heure peut-être intéressant. Il peut être un bon joker et aussi un leader.