«Si l'Algérie est au Mondial, c'est qu'elle en a le niveau» Roger Milla, légende du football camerounais et africain, a habitué son monde à des opinions tranchées sur certaines questions. Il n'est pas partisan de la langue de bois et il l'a bien démontré il y a quelques semaines en s'attaquant à quelques cadres de la sélection camerounaise, dont Samuel Eto'o. Cependant, il a préféré mesurer ses paroles et modérer ses propos en Afrique du Sud, où il est présent pour assister au tournoi à l'invitation de la FIFA. Vous êtes un habitué des phases finales des Coupes du monde, que ce soit du temps où vous étiez joueur ou bien en tant qu'invité. Pensez-vous que cette édition sera particulière ? Elle l'est déjà du fait que c'est la première fois que cette compétition est organisée en Afrique. En tant qu'Africain, j'en ressens une grande fierté. Il était temps que l'Afrique abrite un tel rendez-vous car notre continent est partie prenante du football mondial et il compte plusieurs joueurs au sein des meilleurs clubs dans le monde. Pensez-vous que l'organisation soit à la hauteur de l'événement ? Pour l'instant, tout se passe bien. Je ne crois pas qu'il y ait eu de grands problèmes au plan de l'organisation. J'espère que cela continuera ainsi. Concernant la compétition à proprement dite, pensez-vous que ce sera l'édition de l'Afrique ? Il est encore prématuré pour s'avancer. Il faudrait attendre que toutes les sélections aient joué pour situer le niveau de chacune d'entre elles. Les équipes africaines ont leurs chances comme toutes les autres. Cela dépendra du degré de leur préparation et de leur capacité de s'adapter au haut niveau. On sent, à travers vos propos, que vous êtes plutôt pessimiste… Je ne le suis pas. Seulement, je pense qu'il faudra attendre. Même les premiers matches ne seront pas une indication suffisante. Que ce soit pour le Cameroun, pour l'Algérie, pour la Côte d'Ivoire ou pour les autres, c'est à la fin du premier tour, une fois qu'ils auront tous leurs matches, qu'on saura si l'Afrique a une chance de remporter le trophée, du moins d'aller très loin dans les tours. Comment situez-vous le niveau de l'Algérie ? Difficile à dire. Elle revient dans cette compétition après une longue absence. Disons que, pour l'instant (entretien réalisé avant le match Algérie-Slovénie d'hier, ndlr), elle a le niveau d'une sélection qualifiée pour le Mondial. On verra par la suite, au fil des matches. Ce qui est sûr, c'est que si elle est là, ce n'est pas par hasard. Comme voyez-vous les chances de la sélection de votre pays, le Cameroun ? Je ne peux rien vous dire à ce sujet car je n'ai pas suivi la préparation des Lions ces derniers temps. J'ai été éloigné de la sélection. Je ne sais donc pas ce qui s'y passe et je ne peux pas évaluer ses chances. Pessimiste là aussi ? Non, je ne suis pas pessimiste, je vous le répète. C'est juste que je préfère attendre pour voir au lieu d'avancer des bêtises. Apparemment, vous êtes en froid avec certains cadres de la sélection camerounaise… Je ne suis en froid avec personne. Je souhaite le meilleur pour la sélection de mon pays. C'est tout ce que j'ai à dire. Vos favoris pour la victoire finale ? Les deux que beaucoup donnent comme favoris, l'Espagne et le Brésil. Ce sont les deux sélections en forme du moment et même depuis quelques mois. L'Angleterre et l'Allemagne pourraient être des trouble-fête. Les Argentins sont imprévisibles et sont capables de faire de très gros matches ou de passer complètement à côté. Laquelle des équipes africaines voyez-vous être la plus à même d'aller loin dans cette compétition ? Je préfère attendre la fin du premier tout pour répondre à votre question.