L'arrogance des Anglais face à la détermination des Algériens. Boudebouz, l'atout folie des Verts. Au moment où le champion éthiopien d'athlétisme, Haïlé Gebreselassié, tirait la boule renfermant le nom de l'équipe africaine qui affronterait les poulains de Fabio Capello, les supporters anglais réprimaient leur ultime frayeur. L'apparition du nom de l'Algérie sur les écrans de télévision a provoqué aussitôt des effusions de joie dans les pubs où les aficionados se sont rassemblés en masse, pour connaître les adversaires de leur équipe. Chez les bookmakers, le premier tour devient alors une pure formalité. Les paris pour le match de l'Algérie contre l'Angleterre sont lancés à trois contre un. Au vu de la prestation des deux équipes lors de la première période, ce sont plutôt les Anglais qui donnaient l'impression de souffrir. Il ne manquait qu'un tout petit soupçon d'audace pour que les Fennecs fassent réellement douter ces Anglais qui pensaient avoir la partie facile. Pas aussi «easy» que cela, sir ! Le mépris apparent exprimé à l'égard des Verts par certains médias et commentateurs sportifs anglais n'est pas loin de l'arrogance. Mais elle reflète le peu de connaissance que les Britanniques ont du football algérien. «Wait and see», ont dit les poulains de Saâdane aux capés de Capello ! L'un des tabloïds anglais avait titré, avant ce match et sur cinq colonnes à la une : «Easy» (facile). L'orgueil des Algériens a tôt fait de rabattre le caquet à la condescendance anglaise. Les spécialistes se pencheront sur les caractéristiques technico-tactiques de ce match. Mais une chose est sûre, c'est que les Anglais ont rarement souffert comme cela a été le cas vendredi soir et cela, ils ne sont pas prêts de l'oublier. ------------------------------------------------------------- Les titulaires M'Bolhi : match solide et efficace du portier algérien. Toujours présent pour rassurer son équipe dans les moments forts adverses. Il a réalisé trois arrêts en première période qui ont tôt fait de rassurer tout le monde. Bougherra : le «policier» a remporté le combat physique et technique sur Rooney. Solide défensivement et dans l'ensemble bien en place. Il mit sous l'éteignoir l'attaquant anglais le plus redoutable. Belhadj : excellent défensivement avec de belles incursions et plusieurs centres non exploités, il a été l'auteur de quelques passes lumineuses qui auraient dû trouver meilleur sort. Belhadj a même effectué une seconde période de tout premier ordre, colmatant avec succès toute brèche. Anthar Yahia : s'est montré convaincant et très en jambes. Il a fait la loi dans l'axe de la défense. Il a été au charbon quand il le fallait. Halliche : positionné dans l'axe, il s'est avéré très tranchant, dégageant une grande sérénité. A été décisif dans ses interventions. Yebda : précieux et efficace dans son pressing permanent, il s'est installé petit à petit dans le match et a particulièrement fait souffrir les Anglais. Le milieu de terrain est resté bien placé devant sa défense. Son rôle a été essentiel. Lacen : il a tenu honorablement son côté, en jouant juste. Très agressif dans son entrejeu, le joueur de Santander a considérablement gêné les animateurs anglais. Kadir : toujours aussi intéressant dans le jeu court. Il a pourtant eu du mal à influer sur le jeu autant que son talent devrait le lui permettre. Un peu perdu au milieu en début de match, le Valenciennois est ensuite entré dans le match. Ziani : le stéréotype d'un joueur volontaire et en totale confiance. Il est tout de suite rentré dans le match et il fut brillant notamment au pressing, récupérant les ballons dans les pieds des Anglais. Une superbe ouverture pour Matmour qui aurait pu être décisive et une bonne frappe qui aurait pu faire mouche. Il a délivré quelques caviars en seconde période. Boudebouz : un match plein, avec des enchaînements intéressants sur son côté. A beaucoup gêné l'entrejeu anglais avec sa belle technique. Matmour : s'est évertué à rester en place tactiquement, malgré le rôle ingrat qui lui a été dévolu. Appliquant à la lettre les consignes de Saâdane, il ne fut pas très en vue offensivement, mais pas très aidé par ses partenaires non plus. Les remplaçants Abdoun : a remplaçé Boudebouz à la 75'. Il n'a pas démérité, mais il a manqué d'impact offensif pour vraiment peser sur cette rencontre. Guedioura : il a joué les dix dernières minutes en remplacement de Ziani. A bien négocié ce qu'il avait à faire.
Mesbah : entré à la place de Yebda à la 88'. Ne peut donc pas être jugé. ------------------------------------------------------------- Boudebouz, l'atout folie des Verts Le milieu offensif Ryad Boudebouz, étoile montante couvée par toute l'Algérie, a décroché sa première titularisation contre l'Angleterre vendredi lors du deuxième match du Mondial-2010 (groupe C) et il a apporté ce petit grain de folie qui manque tant aux Fennecs. Le milieu de terrain a beau être né à Colmar, il y a 20 ans, et jouer à Sochaux, l'Algérie l'a déjà adopté et lui a ouvert son cœur. Même si elle ne le connaissait pas bien il y a encore un mois et qu'il n'a porté le maillot vert qu'à deux reprises, pour 45 minutes cumulées en préparation contre l'Eire (0-3) et les Emirats arabes unis (1-0), cela a suffi pour qu'il soit adulé par tout un peuple. International français dans les catégories de jeunes, Boudebouz, après deux saisons pleines à Sochaux qu'il a rejoint à l'âge de 12 ans, a convaincu la Fédération algérienne d'attirer dans le giron des Fennecs l'enfant retrouvé de Khenchela, dans les Aurès. En panne d'idées contre la Slovénie (0-1), l'Algérie a misé sur son sens de la provocation et ses arabesques en lui offrant une première titularisation contre l'Angleterre. Il a apporté du mouvement et de la créativité en attaque. Il n'a, certes, pas le coffre pour défendre, mais il est là pour apporter de la fraîcheur et de la percussion.