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Mascherano : «Yebda et Belhadj n'ont plus rien à faire à Portsmouth»
Publié dans Le Buteur le 22 - 06 - 2010

«L'erreur des Anglais ? Ils vous ont pris de haut». «Défensivement, l'Algérie a réalisé un match parfait».
Dès que Diego Maradona a pris en main la sélection albiceleste, il a lancé cette phrase contendante : «Dans mon équipe, il y aura Mascherano et dix autres joueurs.» Aussitôt dit aussitôt fait, le nouveau sélectionneur enlève le brassard de capitaine à Javier Zanetti pour le remettre au «p'tit chef», le surnom que Mascherano a hérité pour sa force de caractère et sa maturité. Deux qualités qui ont poussé Marcelo Bielsa à le convoquer en sélection, alors qu'il n'avait pas encore bouclé son 19e printemps. Des qualités qui ont également poussé les recruteurs du FC Barcelone, de l'Inter et de quelques autres grands d'Europe à faire du «p'tit chef» une priorité. «Pour le moment, la seule chose qui m'intéresse, c'est l'équipe d'Argentine avec laquelle je veux réaliser une grande Coupe du monde», affirme le p'tit chef qui parle aussi de l'Algérie qui ne l'a pas vraiment surpris face à l'Angleterre, lui qui a déjà eu à souffrir face à ces mêmes Algériens il y a trois ans au Camp Nou.
Après s'être qualifiée dans la douleur en Coupe du monde, l'Argentine a-t-elle retrouvé ses esprits à Pretoria ?
Oui, nous sommes bien ici. Le fait de passer plusieurs jours ensemble nous a soudés. Ça a permis aussi au sélectionneur de travailler tranquillement, car les regroupements de trois jours avant les matchs des éliminatoires ne lui permettaient pas de le faire. Nous savons tous que porter le maillot de la sélection est un sentiment très fort, mais aussi une grande responsabilité et on fera tout pour l'honorer.
Avez-vous été inquiet par le rendement de l'Argentine durant les éliminatoires ? Avez-vous changé votre image en ce début de Coupe du monde ?
Tous les joueurs de cette sélection savent que le visage montré durant les éliminatoires n'est pas le nôtre. L'Argentine, c'est beaucoup mieux ce que vous avez vu avant la Coupe du monde. On l'a déjà prouvé au début de ce Mondial, mais on va y aller doucement pour terminer fort.
Etes-vous en train de payer une dette envers les supporters argentins que vous avez un peu fait souffrir ?
On sait que les gens fondent tous leurs espoirs sur nous, mais on veut rester zen. On essaye de rester zen pour ne pas avoir à subir toute cette pression. Que les gens sachent qu'on va tout laisser sur le terrain pour atteindre nos objectifs et les rendre heureux.
Au-delà du rendement collectif, avoir un Messi dans l'équipe permet-il à l'Argentine de faire partie des principaux candidats au titre ?
Ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir un Messi. Sa seule présence nous rassure tous. Toutefois, Leo a besoin d'être soutenu sur le terrain pour donner le meilleur de lui-même. On ne va pas lui donner le ballon et lui demander de dribbler tout le monde.
Vous a-t-il surpris en ce début de Coupe du monde ?
Lionel ne me surprend plus parce qu'on joue ensemble depuis cinq ou six ans. Je suis habitué à le voir réaliser des merveilles sur le terrain, c'est un joueur incroyable. Ces dernières années, il a beaucoup grandi, pas seulement comme footballeur, mais aussi comme personne. Nous sommes tous contents que Messi ait bien débuté la Coupe du monde car nous savons tous que les performances de l'Argentine dépendent beaucoup de lui.
Avant le déplacement en Afrique du Sud, vous avez eu un choc avec Messi et il est resté quelques minutes au sol. Etiez-vous inquiet pour l'Argentine ?
J'étais plutôt inquiet pour Lionel. Ce sont des choses qui arrivent à l'entraînement, on joue au foot, c'est inévitable. Dès que j'ai vu Lionel au sol, je suis allé lui demander s'il se sentait bien. Il m'a dit avec le sourire : «Ce n'est qu'un petit coup, c'est rien. Ce sont des choses qui arrivent.» J'étais soulagé.
Messi est-il le joueur le plus important dans le groupe ?
De par mon expérience, je vous réponds que les 23 joueurs sont indispensables dans une sélection. Dans une Coupe du monde, tu as besoin de tout le monde. Celui qui est loin des yeux peut apparaître au moment où l'on s'y attend le moins et décider du sort d'une rencontre. Le plus important, c'est que les 23 joueurs soient prêts à toutes les situations. Je ne peux pas nier toutefois que Messi est notre carte maîtresse. Il faut travailler pour lui et faire en sorte qu'il ait un rendement maximal. On ne doit pas dépendre de Messi, on doit plutôt l'aider sur le terrain. J'ai découvert un Messi très mûr, il a grandi, ce n'est plus un enfant et il sait très bien comment gérer la pression. Il joue dans un club très important où on lui exige d'être excellent tous les jours. J'espère seulement qu'il pourra jouer avec la même tranquillité qu'au Barça, qu'on puisse faire en sorte qu'il se sente bien sur le terrain. Lionel est un joueur fantastique, ceux qui payent leur place pour aller le voir en auront toujours pour leur argent...
Combien de fois avez-vous rêvé de brandir la coupe le 12 juillet ?
Pour être sincère avec vous, je n'ai jamais rêvé de brandir la coupe parce que ce n'est pas un rêve pour moi, c'est un objectif qu'on peut atteindre. Ma famille, mes amis me répètent tout le temps que ce serait fantastique que je puisse brandir la Coupe du monde le 12 juillet et je les comprends parfaitement. Toutefois, je n'ai pas envie de me prendre la tête dès maintenant, je n'ai pas envie de me mettre la pression, je préfère vivre cette aventure au jour le jour en espérant rester là jusqu'au 12 juillet. Je ne vais jamais au-delà du prochain match.
En tant que capitaine, êtes-vous mieux préparé qu'en 2006 pour supporter la responsabilité de leader du groupe ?
Collectivement, il n'y a pas de différence dans la préparation d'une Coupe du monde, c'est plus ou moins la même chose. Sur le plan individuel par contre, il y a une grande différence. En 2006, je suis arrivé très diminué, car je sortais d'une grave blessure et d'une indisponibilité de sept mois. A contrario, cette saison j'ai joué beaucoup de matchs, j'ai même battu le record de matchs joués en une seule saison. C'est ça la grande différence. Pour autant, cela ne me fait pas sentir ni meilleur ni pire qu'en 2006. C'est vrai que physiquement je me sens bien. Je sais que j'ai des responsabilités dans le groupe, mais pas en tant que capitaine, mais plutôt en tant qu'ancien.
Le message de Maradona passe-t-il facilement ?
Nous avons des joueurs assez intelligents pour capter le message du coach de la meilleure manière et le plus vite possible.
L'absence de matchs amicaux peut-il vous être préjudiciable ?
Avant le Mondial allemand, nous n'avions joué qu'un seul match contre l'Angola pour ensuite programmer une opposition contre les U-20 argentins. Nous étions pourtant arrivés très en forme. Il y a d'autres équipes qui font jusqu'à cinq matchs amicaux et qui arrivent peut-être fatiguées. Maradona est convaincu que le vrai travail se fait à l'entraînement et qu'on n'a pas besoin de jouer 20 matchs amicaux pour être prêts pour la Coupe du monde. Il faut profiter de chaque entraînement pour progresser, renforcer la cohésion du groupe et trouver la meilleure formule pour permettre à Lionel de donner la pleine mesure de son talent. Nous n'avons joué que deux rencontres amicales, mais cela ne nous a pas empêchés de bien débuter la compétition avec deux victoires en deux matchs (Ndlr : entretien réalisé avant Argentine-Grèce). Maintenant, il faut améliorer notre jeu parce que plus on avance dans la compétition, plus les matchs seront durs.
Diego sait-il motiver les joueurs ?
Diego a été un joueur unique et il est un entraîneur unique. Il a une manière bien à lui de manifester ses sentiments. Il ne sait pas cacher ses sentiments, s'il a envie de nous donner une accolade ou de nous embrasser, il le fait devant les caméras du monde entier. Dans la vie de tous les jours il est comme ça.
Comment voulez-vous qu'il change avec des joueurs qu'il considère comme ses petits frères ?
Sincèrement Javier, appréciez-vous le jeu argentin avec Maradona ?
Moi, je ne peux rien apprécier car je suis sur le terrain. Ce sont les spectateurs qui doivent apprécier ou pas notre jeu, mais quand tu mets autant d'attaquants (Ndlr : l'Argentine joue avec Higuain, Tévez et Messi), c'est que tu as envie de faire du spectacle. On doit toutefois être très vigilants face aux contres de nos adversaires. Vous savez, on est en Coupe du monde et n'importe quelle équipe bien en place tactiquement peut nous créer des problèmes. La preuve, il y a déjà eu pas mal de surprises en ce début de Mondial. Le football est devenu une lutte tactique et celui qui sait occuper les espaces a de fortes chances de l'emporter.
Quelles sont justement les plus grosses surprises de cette Coupe du monde ?
Il y en a déjà eu deux : la victoire de la Suisse face à l'Espagne et le nul de l'Algérie face à l'Angleterre.
L'Algérie vous rappelle sans doute quelque chose, non ?
Vous parlez du 4 à 3 du Camp Nou.
Exact…
Oui, je m'en rappelle bien. C'était notre dernier match de préparation avant la Copa América 2007. Au début, beaucoup ont critiqué le choix de cet adversaire, mais à la fin tout le monde a reconnu que les Algériens ont été un excellent sparring-partner pour nous en proposant un jeu vif, technique avec un grand atout : les balles arrêtées. La première mi-temps s'est d'ailleurs terminée en faveur de l'Algérie sur le score de deux buts à un et avec deux buts sur balles arrêtées. Ce match nous a permis de régler pas mal de problèmes avant de jouer la Copa América. Ce fut un match utile.
Que pensez-vous du parcours de l'Algérie en Coupe du monde ?
Lorsque l'Algérie a perdu son premier match contre la Slovénie, j'ai pensé qu'elle allait chuter face à l'Angleterre. Vous savez, quand on entame mal la compétition, il est très difficile de se relever surtout si vous avez en face un candidat au titre comme l'Angleterre. Finalement, les Algériens ont su bien réagir en jouant un match presque parfait défensivement. Je crois que les Anglais ont pris de haut l'équipe algérienne. C'était cela leur erreur, car on ne peut pas sous-estimer une équipe qui a réussi à se hisser jusqu'en demi-finale de la Coupe d'Afrique.
L'Algérie mérite-t-elle de faire partie des 32 meilleures équipes du monde ?
Si elle s'est qualifiée, c'est qu'elle l'a bien mérité. Dans le football actuel, il n'y a pas de cadeau, on ne pardonne rien surtout si au bout il y a une place en Coupe du monde, la compétition la plus prisée par toutes les équipes du monde. L'Algérie est à sa place en Coupe du monde, c'est une bonne équipe avec des joueurs de qualité.
En connaissez-vous quelques-uns ?
Bien sûr, les deux joueurs de Portsmouth Yebda et Belhadj que j'ai croisés en Premier League et qui méritent de jouer dans un grand club pour donner la pleine mesure de leur talent. J'apprécie particulièrement Belhadj pour son apport offensif et son excellent pied gauche. Au Camp Nou, il a été derrière tous les buts algériens. A chaque fois qu'il monte en attaque, il y a danger.
L'Algérie peut-être se qualifier au second tour ?
Sur ce que j'ai vu face à l'Angleterre, elle a toutes ses chances de passer. Elle doit continuer à lutter comme elle sait si bien le faire.


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