«Au prochain Mondial, il y aura une ambiance typiquement brésilienne, mais la fête ne sera totale que si le Brésil brandit le trophée pour la sixième fois de son histoire» Lorsqu'on nous a annoncé la venue du grand Romario à Johannesburg, des amis nous ont envoyé de loin ce message : «Faire interviewer Romario avant de rentrer au pays ce serait la cerise sur le gâteau !», nous a écrit l'un d'eux pour nous encourager à ne pas le rater. Il n'avait pas tort. C'est aussi pour cela qu'on s'était installés, tôt le matin, au deuxième rang de cette salle du stade de Soccer City, qui s'est avérée finalement exiguë pour contenir autant de journalistes et de photographes. On était tous venus pour lui et on scrutait tous du coin de l'œil l'arrivée du meilleur joueur du Mondial 1994, Romario de Souza Faria. Celui qu'on surnomme chez lui «o baixinho» (le petit) n'avait en fait de petit que sa taille, tellement il encombrait nos pensées… Mais avant qu'il fasse son entrée dans la salle, les souvenirs du passé sont revenus titiller nos mémoires de journalistes, revoyant une bonne partie de ses actions, notamment sous les couleurs du Barça et de la Seleçao. On revit surtout ce jour, où il avait soulevé la Coupe du monde aux USA, mettant la planète football à ses pieds. C'est ce joueur hors pair qu'on attendait impatiemment d'écouter dans une poignée de secondes, puisque ce mouvement derrière le rideau de la salle ne pouvait annoncer que la présence de l'un des plus grands joueurs brésiliens de tous les temps. Il est là, en face de nous, et ses paroles entre vos mains. Lisez et appréciez. Qu'est-ce que ça vous fait, en tant qu'ancien champion du monde brésilien, d'organiser la Coupe du monde 2014 ? La projection vidéo à laquelle vous avez assistée a montré clairement ce que représente le football aux yeux de tous les Brésiliens. Personnellement, j'ai eu l'honneur de porter le maillot du Brésil pendant plusieurs années et je sais l'honneur qu'on ressent quand on le met avant chaque match. Je peux vous dire que tous les Brésiliens attendent cet événement avec impatience. On a vraiment hâte d'y être. Le pays sera transformé dans les mois qui vont venir et à mesure qu'on s'approche de 2014, le Brésil gagnera en couleurs pour accueillir cette Coupe du monde de la meilleure des manières. Quand les gens y viendront, ils tomberont tous amoureux du pays et de la Coupe du monde qu'on va organiser. Oui, vous tomberez amoureux du Brésil en 2014, je n'en ai aucun doute. Je suis vraiment optimiste en disant cela. Ce ne sont pas seulement des promesses ou des paroles en l'air, mais ce sera la réalité. Tous ceux qui viendront au Brésil et tous ceux qui suivront le Mondial à partir de chez eux, à la télévision, seront étonnés de ce qu'ils vont voir. Vous verrez le vrai visage du Brésil. En tant que pays organisateur de cette Coupe du monde, pensez-vous que les autres équipes n'auront aucune chance face aux Brésil ? Non, il serait prétentieux de ma part ou de celle des Brésiliens de penser de la sorte. On doit un minimum de respect aux autres équipes. Mais si cela pouvait être comme vous le dites, je serais vraiment ravi et je suis preneur bien évidemment. Si quelqu'un pouvait me le garantir, je signerais des deux mains, c'est sûr ! La Coupe du monde va toujours à celui qui la mérite le plus et le Brésil devra travailler encore plus que cette année pour pouvoir redevenir champion du monde en 2014. C'est uniquement de cette manière qu'on pourra réussir notre Mondial. Dans quel état d'esprit les Brésiliens se préparent-ils pour le prochain Mondial ? Chaque Brésilien, chaque citoyen de notre pays est heureux de pouvoir accueillir cet événement. Nous ferons tous en sorte à ce que ce rêve se termine dans la joie et pour nous et pour nos invités. Nous ferons tout pour faire de cette Coupe du monde une belle attraction sur toute la ligne. Il y aura une ambiance typiquement brésilienne durant toute la Coupe du monde et nous tâcherons à ce que tout le monde y vive une immense fête. Je suis sûr qu'on va marquer les esprits. Quel est votre souhait en dehors de la bonne organisation ? Comme tous les Brésiliens, je serai l'homme le plus heureux de la planète si nous réussissons à gagner le titre pour la sixième fois. J'espère vraiment que le Brésil redeviendra champion du monde, car le pays entier fera la fête pendant ce tournoi. Et mon souhait le plus ardent est de terminer sur une belle victoire du Brésil. Aujourd'hui, vous êtes venu en costume-cravate et vous êtes de l'autre côté de la barrière. Comment vivez-vous cette aventure au sein du Comité d'organisation du Mondial 2014 ? Je fais partie d'une équipe qui travaille d'arrache-pied afin de donner la meilleure image possible du Brésil et de la Coupe du monde 2014. Je viens en tant qu'officiel et non comme joueur. La cravate est donc de mise, mais je finirai bien par m'y habituer un de ces jours, ne vous inquiétez pas (il sourit). Que pensez-vous de l'organisation de la Coupe du monde en Afrique du Sud ? Je n'étais pas là depuis le début de ce Mondial, je ne peux donc formuler un avis précis et fiable. Je ne suis pas sûr d'être le mieux placé pour répondre à une telle question. Mais il faut dire que ce n'est pas toujours facile d'organiser un événement aussi important et aussi grand qu'une Coupe du monde de football. Je me contenterai de ce que disent mes amis ici présents et qui n'arrêtent pas de louer l'organisation de cette Coupe du monde. La preuve a été donnée tout à l'heure par les chiffres. C'est la troisième fréquentation la plus importante après cette des USA en 1994 lorsqu'on avait remporté le titre et celle de 2006 en Allemagne. Cela suffit à dire que ça a été une belle réussite. Vous avez été préféré à Zico, Socrates et tant d'autres grands joueurs du Brésil pour aider le Comité d'organisation dans cette campagne. Peut-on dire que vous avez encore marqué un but? (Craignant sans doute de provoquer une nouvelle polémique avec Zico à qui il reproche de l'avoir trahi en compagnie de Mário Zagallo qui ne l'ont pas convoqué pour la Coupe du monde 1998. Il avait en représailles fait peindre des caricatures des deux entraîneurs assis sur les WC dans une discothèque de sa propriété. Une grande polémique était alors née autour de cette histoire, ndlr). Le président de la Fédération brésilienne de football m'a sollicité en me demandant d'être présent à ses côtés en Afrique du Sud et j'estime que c'est déjà un immense privilège. C'est tout ce que je peux vous dire à ce sujet. Pensez-vous que le Brésil sera prêt pour organiser un événement aussi important que le Mondial ? Comme l'a dit le président, nous espérons tous que le Brésil pourra organiser la meilleure Coupe du monde de l'Histoire du football. Je pense également qu'on en est capables. Je ne vois pas pourquoi vous avez des doutes à ce sujet. Ce n'est pas la première fois que le Brésil organise un événement sportif important. Nous saurons comment nous y prendre, car les responsables du Comité d'organisation de ce Mondial 2014 ont gagné beaucoup en expérience de leur vécu dans le milieu du football. Nous devons nous attaquer aux problèmes, l'un après l'autre. Que ce soit celui des infrastructures, des transports aériens ou celui de l'insécurité. Il nous faut tout prendre en considération pour ne pas nous rater. Mais j'estime aussi, en tant que footballeur, que la réussite de cette Coupe du monde ne sera effective à mes yeux que si le Brésil gagne le titre de champion du monde. C'est cela aussi mon souhait. Vous avez joué en Hollande et en Espagne, soit les pays, deux équipes finalistes dans cette Coupe du monde. Quel est votre sentiment sur cette finale et quel est votre favori dans ce match ? C'est vrai que j'ai connu les championnats néerlandais et espagnol durant ma carrière. Je peux vous dire que cela reste un grand honneur pour moi d'avoir connu les joueurs de ces deux grandes nations du football. J'ai eu la chance d'avoir évolué durant cinq ans et demi à Eindhoven, aux Pays-Bas et par la suite j'ai joué en Espagne, à Barcelone et à Valence. Je suis très partagé pour le moment. Je ne sais vraiment pas qui choisir des deux équipes. Tout ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que ce sont les deux équipes qui représentent le beau jeu en matière de football. Il n'y a pas de doute à ce sujet, ce sont les deux meilleures équipes du moment sur toute la planète football. Ce sont les plus en forme de cette Coupe du monde. Mon pronostic reste donc très improbable. Je ne pourrais vraiment pas trancher entre ces deux équipes. Je suis incapable de dire qui sera champion du monde, car les Espagnols, comme les Hollandais, méritent bien d'être champions.