Keita et lui ne se quittent pas. On s'attendait à trouver un Nadir Belhadj à la mine renfrognée, traînant les pieds pour aller aux entraînements comme on traîne son mal-être à cause de projets contrariés. Or, il n'en fut rien : le Belhadj que nous avons trouvé à l'hôtel Alpine Palace Wolf de Hinterglemm, station de ski située dans le land de Salzbourg, aux cœurs des Alpes autrichiennes, était tout sourire. Sans être franchement enchanté de ne pas avoir trouvé club preneur en Europe, il n'était pas du tout mécontent de son engagement avec Al Sadd, le plus prestigieux club du Qatar. Arrimage surprise au Golfe persique Il faut dire que la nouvelle de son engagement en faveur d'un club qatari avait – n'ayons pas peur des mots - choqué bon nombre d'Algériens. A 28 ans, alors qu'il est parmi les joueurs algériens les plus connus actuellement sur la scène internationale, tout indiquait que la direction logique qu'il allait prendre était un club européen ambitieux. Quel vent l'a-t-il poussé à arrimer dans le Golfe persique ? Cela de l'impitoyable loi de l'offre et de la demande, tout bonnement. Portsmouth ne voulait pas le lâcher à moins de 4 millions d'euros Au tout début, il y a eu un rayonnement au sein de son club, Portsmouth, dont il était l'un des rares éléments à surnager dans la médiocrité d'une saison qui a mené directement au purgatoire. Rançon de cette notoriété : il est, aux côtés du Ghanéen Kevin Boateng, le joueur le plus cher. Comme Portsmouth a été endetté au point d'être mis en redressement – une première en Premier League -, il a été autorisé à transférer, même avant la fin de la saison, ses meilleurs joueurs, entre autres Belhadj. Le club ayant besoin de liquidités pour rembourser une partie de ses dettes, il a fixé la barre à 3,5 millions de livres sterling, soit près de 5 millions d'euros. Il aurait même fait l'effort d'accepter 4 millions, mais pas moins. Seul Al Sadd a sorti le gros chèque Logiquement, qu'est-ce que c'est 5 millions pour un joueur dont la valeur est reconnue sur la scène britannique et qui a eu le mérite, lui le défenseur, de marquer en aller-retour contre Liverpool, sans compter d'autres buts lors de ses deux saisons en Angleterre contre Arsenal, Southampton et Fulham ? Or, il se révèle que le montant ne convenait pas aux clubs intéressés. Direction donc Al Sadd, un club qui ne rechigne pas à signer les gros chèques pour conclure les bonnes affaires. Financièrement et humainement, il est gagnant Qu'on se le dise : Belhadj ne sent nullement le dindon d'une farce. Sur un plan sportif, il s'est fait une raison face à la dure réalité du marché, tout en ne perdant pas l'espoir de rebondir bientôt. Financièrement, il a fait une excellente affaire puisqu'il sera mieux payé qu'il ne l'a jamais été dans les différents clubs où il est passé. Humainement, ça ne lui déplaît pas de vivre dans un pays, le Qatar, qui l'avait agréablement surpris lorsqu'il y avait été au mois d'avril passé pour s'y soigner et qu'il considère comme l'un des pays phares du futur. De plus, avec sa stature sportive, il sera traité comme un roi dans ce pays de princes. Déjà, il s'essaye à parler l'arabe D'ailleurs, depuis son arrivée à Hinterglemm lundi soir, il donne l'impression de bien se fondre dans le groupe. Reçu comme un prince, il s'est trouvé déjà des affinités avec certains joueurs, en plus de retrouver un ancien coéquipier du temps où il était à l'Olympique de Lyon, l'Ivoirien Kader Keita, celui-là même qui avait failli annihiler les espoirs de la qualification de l'Algérie pour les demi-finales de la CAN-2010 en inscrivant un but somptueux d'un tir en pleine lucarne, avant que Bougherra ne remette l'Algérie sur les rails dans le temps additionnel. Il s'essaye même à parler en arabe afin de faciliter sa communication avec ses coéquipiers et les dirigeants, signe de sa bonne volonté de s'intégrer et de réussir. «Cela me fait tout drôle de le voir devant moi» Et puis, question football, Belhadj reste Belhadj. Il en a montré un bout au cours de l'entraînement de mardi après-midi sur le terrain d'entraînement situé à Maishoven, petit village planté à une vingtaine de kilomètres de Hinterglemm. Même s'il est à court physiquement puisqu'il était en vacances, il y a été de ses dribbles et double contact dont il a le secret, faisant déjà saliver les dirigeants se trouvant sur place. Ses nouveaux coéquipiers, respectueux de son parcours, le traitent comme un aîné, en faisant presque leur capitaine par défaut. «Cela me fait tout drôle de le voir devant moi, sur le terrain, à côté de moi, faire des gestes que je le voyais accomplir à la télévision», nous a avoué l'un d'eux presqu'en chuchotant. Avec Mansouri et Belmadi, il ne sera pas dépaysé C'est dire que Belhadj, avant même que son équipe retourne au Qatar - Al Sadd, devra se rendre en Italie la semaine prochaine afin d'y poursuivre sa préparation -, est déjà une star. Nul doute qu'il constituera l'une des icones du championnat du Qatar, où il ne sera pas le seul Algérien représenté puisqu'il y aura également Yazid Mansouri, signataire à Sinya, et Djamel Belmadi, nouvel entraîneur de Lakhwiya. En attendant sans doute un retour en Europe, lorsqu'un club sérieux daignera y mettre le prix… --------------------------------- C'est Al Saad Alors que différentes transcriptions du nom du nouveau club de Nadir Belhadj ont été publiées dans les journaux, y compris dans Le Buteur, la direction du club nous a communiqué l'orthographe latine officielle : c'est Al Sadd. Ce n'est donc ni El Sed ni Essad ni autres. Keita et lui ne se quittent pas Non seulement les appréhensions qu'il a dû nourrir avant d'arriver à Hinterglemm ont été levées avec l'accueil très chaleureux auquel il a eu droit de la part de ses nouveaux coéquipiers, mais Belhadj a également eu le plaisir de retrouver Abdulkader dit Kader Keita, l'international ivoirien, qui était avec lui à l'Olympique Lyonnais. Le hasard a voulu que les deux arrivent le même jour. Bien sûr, ils partagent la même chambre et ne se quittent pas, ressassant des souvenirs de l'époque lyonnaise et évoquant leurs expériences respectives durant la Coupe du monde. Entraînement physique en commun Alors qu'Al Sadd a disputé hier un match amical contre une équipe locale, nadir Belhadj et Kader Keita, les derniers arrivés au stage, sont restés à l'hôtel afin de s'adonner à un entraînement physique de remise à niveau dans la salle de musculation. Ce n'est que durant la partie du stage qui se déroulera en Italie à partir du week-end prochain qu'ils pourront participer aux matches amicaux. Un adolescent autrichien est venu pour une photo Un adolescent autrichien a patiemment attendu, mardi soir, que Nadir Belhadj et Kader Keita terminent de dîner afin de prendre une photo souvenir avec eux. «J'ai lu dans un journal local qu'ils sont ici. Alors, je n'ai pas hésité à venir. Je suis amateur de football et je ne peux approcher les stars que lorsqu'ils viennent avec leurs équipes en stage ici. Belhadj et Keita sont des stars pour moi», nous a-t-il expliqué.