Bougherra, Halliche, Yahia et Yebda, victimes du marché. Dans l'esprit de beaucoup d'Algériens, qu'ils soient supporters ou joueurs, il suffisait que la sélection nationale algérienne dispute la Coupe du monde pour voir les joueurs crouler sous les offres. Le Mondial est passé et le résultat est là, amer : c'est l'impasse pour certains et l'incertitude pour d'autres. Une réalité qui fait redescendre les rêveurs sur terre, eux qui croyaient que les apparitions sur les terrains de Polokwane, du Cap et de Pretoria allaient suffire pour braquer sur eux les regards des managers des plus grands clubs européens. Une Coupe du monde n'est pas une foire C'est que cette idée s'est ancrée dans la tête de tout le monde, comme si la Coupe du monde, plutôt que d'être une compétition avec le gain d'un trophée pour principal enjeu, est une foire des transferts. Selon la croyance répandue, il suffit de s'afficher et de faire un ou deux bons matchs pour voir les offres affluer sur les bureaux des agents. C'est sans doute la longue absence du football algérien de la scène internationale qui a mis les Algériens en décalage par rapport aux vraies réalités du fonctionnement du football international. Forlan, meilleur joueur du Mondial, n'a pas bougé Maintenant que le Mondial est achevé depuis presqu'un mois, le constat est implacable : aucun des joueurs ayant marqué la compétition de leur empreinte n'a été transféré. Bien qu'il ait éclaboussé la Coupe du monde de son talent, celui qui a été élu meilleur joueur, l'Uruguayen Diego Forlan, reste à Villarreal. Pourtant, son mérite a été grand, non seulement en se distinguant dans ce grand tournoi, mais en inscrivant quatre de ses cinq buts de l'extérieur de la surface de réparation avec le fameux Jabulani, le ballon que tous les attaquants ont critiqué en lui reprochant d'être flottant et capricieux. Mûller et Özil resteront dans leurs clubs Idem pour celui qui a été la révélation du Mondial : Thomas Müller. Meilleur buteur et meilleur jeune de la compétition, finaliste de la Ligue des champions avec le Bayern Munich, il constitue l'un des espoirs du football allemand. Cependant, il n'a pas pour autant quitté son club. De même pour son compatriote, Metmut Özil, que d'aucuns présentent comme un Andreas Möller en devenir et qui, tout de même, ne bougera pas de son club, le Werder de Brême, juste parce qu'il a fait une bonne Coupe du monde. Torres, fantôme au Mondial, vaut 75 millions d'euros ! Ceci pour les joueurs qui ont brillé. Prenons le cas de certains qui n'ont pas du brillé durant la Coupe du monde. Le cas le plus frappant est celui de Fernando Torres. L'attaquant espagnol a traversé le Mondial presque comme un fantôme, tellement il a été effacé. Même si l'Espagne a remporté le trophée, il n'a ni marqué ni frappé les esprits. En dépit de cela, c'est le joueur dont l'offre de transfert est la plus élevée en Europe. En effet, les 50 millions d'euros proposés par Chelsea, qui constituent déjà une somme record, sont effacés par les 75 millions offerts par Manchester City. Bien sûr, Torres ne quittera pas Liverpool, mais cette offre démontre bien qu'un mauvais Mondial n'est pas synonyme de l'absence d'offres. Le Barça et Manchester ont recruté sans attendre la Coupe du monde Ainsi, c'est clair : faire une bonne Coupe du monde n'amène pas forcément à un transfert retentissant. C'est que les managers et directeurs sportifs ne sont pas dupes : ils jugent un joueur sur sa régularité sur une saison, non pas sur une compétition de quelques matches, dusse-t-elle être de niveau mondial. Avant de recruter un élément, ils s'assurent qu'il est performant à toutes les périodes d'une saison, par tous temps et sur différents terrains. Ainsi, le FC Barcelone n'a pas attendu le Mondial pour recruter David Villa. De même, Manchester United a engagé le Mexicain Hernandez avant le début de la Coupe du monde. C'est donc absolument faux que de croire que le comportement dans un Mondial favorise des recrutements intéressants. Autre preuve : Khedira, l'exception à la règle La seule exception à cette règle, pour cet été, est l'Allemand d'origine tunisienne, Sami Khedira. C'est pratiquement le seul joueur qui a été transféré après qu'il eut confirmé en Coupe du monde. Il faut dire qu'avec son club, Stuttgart, il avait réalisé une excellente saison, statistiques personnelles à l'appui, mais ses statistiques en Afrique du Sud ont encouragé davantage le Real Madrid à mettre l'argent qu'il faut pour le ramener. Cependant, il s'agit de l'unique exception à une règle bien ancrée : on recrute sur la régularité, pas sur des éclairs. Amri à Kaiserslautern sans même aller en Afrique du Sud Jusqu'à ce jour, le seul recrutement d'un joueur algérien par un club européen ayant un passé et une histoire est celui de Chadli Amri vers le FC Kaiserslautern. Pourtant, Amri n'a pas été retenu pour la Coupe du monde, mais ce sont ses prestations tout au long de la saison passée avec Mayence qui ont plaidé en sa faveur. Il faut dire également que le fait qu'il soit libre de tout engagement a pesé dans la balance. En fait, le facteur financier est également important : un joueur qui ne coûte aucune indemnité de transfert a beaucoup plus de chances de trouver un club acquéreur que celui qui est encore sous contrat et pour lequel il faudra payer et le transfert et les salaires. Le marché des transferts est bloqué C'est que l'amère vérité est là : du fait de la crise économique, le marché des transferts est plombé, sinon bloqué. A l'exception des clubs qui ont des milliardaires généreux comme présidents et donateurs, comme c'est le cas de Chelsea, Manchester City ou du Real Madrid, personne ne se permet des folies. Même le FC Barcelone et l'Inter de Milan, vainqueurs des deux dernières éditions de la Ligue des champions, se sont mis à l'austérité. Désormais, on fait mille et un calculs avant d'oser un recrutement, tellement les revenus ont reculé. Bougherra, Halliche, Yahia et Yebda, victimes du marché C'est donc dans cet ordre d'idées qu'il faudra analyser le retard pris dans le transfert de joueurs algériens qui, pourtant, ont été auteurs d'une saison plus qu'honorable avec leurs clubs et avec la sélection algérienne, tels Madjid Bougherra, Rafik Halliche, Anthar Yahia ou Hassan Yebda. Pourtant, même si l'on prenait le Mondial comme référence, ces trois joueurs ont été parmi les meilleurs Algériens, avec mention spéciale aux trois premiers qui ont mis sous l'éteignoir Wayne Rooney et Emile Heskey. Les clubs hésitent à miser sur ces joueurs du fait du manque d'argent frais et de crainte d'un mauvais placement. Il faudrait peut-être attendre jusqu'aux derniers jours du marché des transferts pour certains pour que les clubs se décident enfin.