«Saâdane mérite tout le respect» Avoir Zizou pour lui tout seul, le temps d'un entretien, n'est jamais aisé. C'est qu'à chaque passage de l'ancien meneur de jeu devant la presse, c'est la ruée générale ! Mais comme il ne faut jamais dire jamais, Zizou, on l'a eu rien que pour vous, le temps de cet entretien que voici. Les circonstances furent un peu anecdotiques. Après avoir répondu aux interminables questions des journalistes français, dans la zone mixte du stade de La Beaujoire, à l'occasion d'un match de bienfaisance entre France -98 et une sélection européenne, Zinédine Zidane a accepté, volontiers, au nom de notre algérianité commune de rester un peu plus avec nous, en aparté, le temps de parler de cette EN qu'il a choisie d'apprécier, d'abord par sympathie, puis par affinités. Appréciez … L'équipe de 98 arrive toujours à séduire beaucoup de gens, même 12 ans après ce titre de champion du monde… Oui, c'est vrai qu'à chaque fois qu'on se réunit, on se dit que ce qu'on a réalisé en 1998 et toute la ferveur qui va avec autour de cette équipe, va peut-être s'arrêter un jour. On se dit que cette fois, c'est la dernière fois qu'il y aura autant de monde, mais à la fin, ils sont toujours là en nombre. On est toujours content de les voir, mais en même temps, ils sont venus pour nous voir, mais surtout pour une bonne cause. C'est de vivre ce plaisir commun, tout en pensant aux autres. Les automatismes entre vous sur le terrain sont toujours là, non ? Oui, mais c'est plus anecdotique qu'autre chose. Car le terrain devient de plus en difficile pour nous, avec l'âge. C'est vrai que ça ne se voit pas trop dans notre jeu, parce que, en face de nous, nos adversaires jouent aussi sur le même rythme que nous. (Il sourit). Après pour les gestes techniques, on y arrive toujours quelque peu. Parce que c'est bien aussi d'en faire pour donner du plaisir aux gens qui nous ont fait l'honneur de venir au stade. Vous avez annoncé que vous allez apporter du soutien à Laurent Blanc en allant parler aux jeunes joueurs de l'équipe de France. Quel est le message de l'équipe 98 à celle d'aujourd'hui ? Oui, on va le soutenir, bien entendu, car c'est la première fois depuis longtemps que le sélectionneur n'est pas issu de la Direction Technique Nationale. Laurent Blanc est quelqu'un que j'ai longtemps côtoyé en équipe de France et ailleurs. On a partagé beaucoup de choses ensemble et je pense que sa désignation est quelque chose de bien pour l'équipe de France, parce que je suis sûr qu'il va se faire respecter par tout le monde. C'est quelqu'un qui connaît très bien le football et l'équipe de France. J'ai, en effet, prévu d'aller le voir pour sa première sortie, ou plutôt ce sera son deuxième match qui se jouera en début septembre. J'irai le soutenir lui et les joueurs sélectionnés et j'espère que ça se passera bien pour tout le monde et que surtout, cette fois, ce sera le début d'une belle aventure pour les Bleus. Je pense que Laurent est bien capable de le réaliser. Parce que d'abord il connaît très bien le football, mais aussi, parce qu'il y a dans cette équipe des joueurs de talents et cela, il ne faut pas l'oublier. Même si ces derniers temps, ça a été bien difficile à vivre pour tout le monde. Il y a toujours eu de très, très bons joueurs en France. On suppose que vous avez vécu de manière difficile le Mondial, non ? Eh bien, je dirai que c'était plus que difficile même ! C'est un peu comme pour tous les Français. Et c'est toujours pire lorsque vous vivez à l'étranger et que vous vous faites charrier par les gens. Ce n'est jamais facile à vivre, ce n'est pas aimable. En plus, moi qui vis en Espagne, je ne vous dis pas comment c'était. Surtout qu'ils sont champions du monde. On le vit donc forcément un peu plus que les autres. Mais bon, maintenant, il va falloir essayer d'oublier toute cette déception et penser à ce que va faire Laurent Blanc. Nous en tout cas, on sera tous avec lui. Pour beaucoup d'entre nous de la génération 96/98, on sera tous derrière lui et on espère tous que ça va se passer comme lui le veut. En tout cas, il en a les moyens pour pouvoir rêver de nouveau. Il faut que la confiance revienne au sein se l'équipe de France, pour que les joueurs réapprennent à gagner. C'est très important pour démarrer. Et je suis sûr que Laurent va réussir dans cette mission. C'est en tout cas mon souhait le plus cher pour cette équipe. Qu'est-ce qui vous fait penser que Laurent Blanc saura redresser la situation ? C'est vrai que ce qu'on a vécu en Afrique du Sud a été catastrophique pour la France. Laurent va apporter de la sérénité et saura se faire respecter. Il arrive avec une totale connaissance de cette équipe de France. Il a joué dans le très haut niveau et le fait d'avoir été international pendant plusieurs années va sans doute lui permettre de bien analyser les besoins de ses joueurs. Il se fera respecter, je n'en ai aucun doute dans ce sens. Son passé, son image en tant que joueur aussi vont l'aider à bien communiquer. C'est quelqu'un de très respecté et qui est à l'écoute des autres. J'espère que l'image qu'il a laissée de lui en tant que joueur de l'équipe de France va l'aider dans sa mission. Le fait de voir autant de monde venir assister à nos matchs, malgré les années passées, est un petit indicateur de cette relation que les gens ont gardée de nous tous. Je souhaiterai donc que cela puisse atteindre Laurent dans son équipe. Moi en tout cas, je n'ai pas d'appréhension particulière dans ce sens. J'y crois d'autant plus, que les joueurs qu'il faut, nous les avons en France. Il suffit de leur redonner confiance pour qu'ils réapprennent à jouer comme il faut et à gagner leurs matchs. J'espère que Laurent va bénéficier de cette sympathie pour la faire déteindre sur son équipe. Vous retournez à Nantes aujourd'hui, dans ce stade qui vous a vu débuter votre carrière avec les Bleus. Qu'est-ce que cela vous fait-il ? C'est vrai que c'est à Nantes qu j'ai débuté et c'est toujours avec le même plaisir que j'y reviens. Nantes est une grande ville de football, même si ça ne se passe pas bien en ce moment pour le club. Le FC. Nantes a toujours bien joué au ballon par le passé et c'est vrai qu'à chaque fois que j'y revenais jouer, c'était avec cette intention de pratiquer un football de qualité, à la hauteur de ce que les gens avaient l'habitude de voir sur cette pelouse. En tout cas, c'est toujours avec le même plaisir que je reviens jouer un match à Nantes. Peut-on avoir une idée de ce que vous allez dire aux joueurs au mois de septembre ? Qu'est-ce que je vais leur dire ? Je ne sais pas pour l'instant, mais je saurais leur dire ce qu'il faudra qu'ils apprennent à ce moment. Je leur parlerai surtout de mon expérience et de ce que représente le maillot de l'équipe de France. Je leur dirai surtout ce qu'il ne faut jamais perdre de vue. Parce que la chose la plus importante pour un footballeur, c'est d'atteindre ce niveau et avoir l'honneur de porter le maillot national et de jouer pour sa nation. Je vais essayer de partager cela avec eux et j'espère que ça va donner des résultats. Vous avez envie d'aller les voir ? Oui, bien sûr, sinon je ne serai pas là à parler de cela. En tout cas, je ne me force pas à y aller. Je le fais en toute sincérité. On va parler maintenant de l'autre équipe que vous avez tenu à voir pendant le Mondial, celle de l'Algérie. Rabah Saâdane a été reconduit à la tête des Verts. Qu'en pensez-vous ? Je pense que c'est bien qu'il ait été reconduit à la tête de la sélection d'Algérie. Tout le monde a vu qu'il a fait un excellent travail. C'est aussi grâce à lui que l'Algérie est allée jouer la Coupe du monde. Je pense qu'il ne faut pas lui enlever cela. C'est quelqu'un qui mérite le respect, car ce n'était pas facile. Franchement, ce n'était pas facile. Qu'est-ce qui a manqué au Mondial pour que l'Algérie passe au second tour ? Ce qui a manqué dans cette prestation, c'est que l'équipe marque des buts, surtout. Parce que dans le jeu, je pense qu'elle a fait jeu égal avec ses adversaires. On l'a bien vu face à l'Angleterre, bien que cela paraissait très difficile au départ. Ce qui a manqué à cette équipe d'Algérie, c'était juste du réalisme devant. Comment se fait-il qu'elle n'ait pas réussi à en marquer au moins un, justement ? Ah ! Eh bien, ce n'est pas toujours facile de marquer. C'est même le plus difficile à faire dans un match de football. Mais je pense que si l'Algérie n'a pas marqué, c'est que peut-être elle n'a pas encore trouvé le buteur qu'il lui faut. J'espère qu'elle le trouvera bientôt.