«Fulham est un nouveau cap, pas une finalité» «A Fulham, je me sens déjà comme un ancien» On présume que vous êtes heureux de votre engagement avec le Fulham FC… Comment ne pas l'être ? C'est un rêve qui se réalise. Evoluer en Premier League, l'un des championnats les plus relevés au monde, sinon le plus relevé, est l'aspiration de tout joueur. C'est donc avec grand bonheur que j'arrive dans ce club qui, depuis son accession en Premier League, a régulièrement évolué dans la première moitié du tableau. De plus, il ne faut pas occulter qu'il a été finaliste d'une compétition importante comme l'Europa League. Ce n'est donc pas dans n'importe quel championnat, ni dans n'importe quel club que j'ai atterri. On perçoit une grande émotion dans votre voix. C'est assurément plus que du bonheur que vous ressentez… Certainement. Mon plus grand sentiment est la fierté. Oui, je suis fier d'atteindre ce nouveau cap dans ma carrière, en attendant d'en franchir d'autres. Quand on voit d'où je viens, quand je repense que j'étais quasi anonyme il y a encore 4 ou 5 ans, me déplaçant en bus pour aller aux entraînements avec parfois tout juste de quoi acheter un sandwich, je suis pris d'une grande émotion. Ce sont des détails qui te font dire que, finalement, le travail et le sérieux finissent forcément par payer. Je suis surtout fier pour le football algérien et surtout pour mes parents. On ne le répètera jamais assez : vos parents, à commencer par votre père, Dda Mouloud, ancien champion de judo, ont eu beaucoup d'influence dans votre parcours… C'est vrai que vous ne le répèterez jamais assez et ce serait bien de le répéter encore une fis (rire). Oui, je dois beaucoup, beaucoup à mes parents. Sans leurs conseils, leur bénédiction et leurs prières, qui sais ? Peut-être serai-je perdu à faire de petits boulots et footballeur anonyme dans un petit club de division inférieure. Ils m'ont aidé à des moments où un adolescent a besoin d'être entouré et orienté. Si le peuple algérien est fier de moi, il doit être surtout fier de mes parents. Vous êtes sûrement resté en contact avec vos parents et ils ont certainement été consultés pour votre choix… Cela va de soi. J'ai consulté mon père sur toutes les étapes de ma carrière et ce n'est pas parce que j'ai un nom aujourd'hui que je ne demanderai pas son avis et, surtout, sa bénédiction. Je l'ai consulté et il m'a dit que c'est un bon choix. Il a été un grand sportif et il sait de quoi il parle. Vos coéquipiers en sélection vous ont-ils contacté pour vous encourager ? Ah, oui ! Déjà, lors du stage pour le match du Gabon, ils m'avaient encouragé et même félicité d'avance pour mon transfert. Ceux parmi eux qui connaissent le championnat anglais m'ont parlé des spécificité et caractéristiques de la Premier League et m'ont prodigué de précieux conseils sur la manière de gérer les efforts à l'entraînement et durant les matchs, vu qu'il s'agit d'un championnat très physique. Vraiment, je n'ai eu que des marques de soutien. C'est normal que mes coéquipiers soient heureux pour moi, comme moi je suis heureux à chaque fois que l'un d'eux réalise une belle performance ou décroche un bon contrat. Et puis (son téléphone sonne à ce moment et, en voyant l'identité de l'appelant, il sourit). On parlait de mes coéquipiers qui demandent de mes nouvelles. Justement, c'est Rafik Saïfi qui m'appelle ! Excusez-moi quelques minutes (il s'est isolé pour répondre, échangeant plusieurs boutades et plaisanteries avec son ancien coéquipier en sélection, puis a repris le fil de l'interview). On a appris que Guedioura est même venu vous voir ici à Londres… Oui, c'est vrai. Il m'a rendu visite mercredi passé et cela m'a vraiment fait plaisir. C'est très gentil de sa part de s'être déplacé de Wolverhampton jusqu'ici. Il m'a beaucoup parlé de la Premier League et du football d'ici. Lorsque je serai bien installé et que je prendrai mes repères, je lui rendrai visite à mon tour. Qu'en est-il de l'accueil que vous ont réservé vos nouveaux coéquipiers de Fulham ! Super ! Vraiment, il n'y a rien à dire à ce sujet. Tout le monde m'a souhaité la bienvenue. Certains joueurs m'ont aidé à vite m'adapter au fonctionnement dans le groupe et au sein du club et je me sens déjà comme un ancien. En plus d'être de vrais professionnels, ce sont aussi des gars bien. Non, vraiment, je pense être tombé dans le club qu'il faut. De plus, à Londres, il y a beaucoup d'Algériens et certains d'entre eux m'ont contacté pour me proposer leur assistance en cas de besoin. Franchement, tout commence bien pour moi. Il ne me reste plus qu'à travailler et bien jouer afin de justifier la confiance que le club et le manager ont placée en moi. Avec tous les Algériens qui vivent à Londres et même dans d'autres grandes villes anglaises comme Manchester, Liverpool ou Birmingham, vous risquez de voir souvent le drapeau algérien dans les gradins ? Cela me ferait un grand plaisir et décuplerait ma détermination à réaliser un grand match, parce que je suis aussi en quelque sorte un ambassadeur de l'Algérie et du football algérien en Angleterre. Je tâcherai d'être à la hauteur de cet honneur. Il y a des joueurs pour qui signer dans un club d'un grand championnat est une finalité et ils se contentent de ce statut. Fonctionnez-vous suivant cette philosophie ? Alors là, loin de là ! Quand je signe dans un club, ce n'est pas pour me contenter d'en porter le maillot, comme si j'étais parvenu. Au contraire, je me donne à fond pour démontrer que ceux qui m'ont témoigné leur confiance ne se sont pas trompés et pour gagner des titres avec ledit club. Fulham n'est donc pas une finalité pour moi, mais un cap important que j'aimerai franchir avec toute la rigueur nécessaire, en espérant donner satisfaction aux supporters et aider l'équipe à réaliser les meilleurs résultats positifs. Dans ma philosophie sportive, je suis un compétiteur et je donnerai le meilleur de moi-même pour aspirer à des performances majeures avec Fulham. En même temps que le bonheur et la fierté, je ressens aussi la responsabilité d'être à la hauteur de ce challenge qui m'est offert. En gagnant des titres peut-être ? Pourquoi pas ? Le Fulham FC a montré du caractère durant ces dernières saisons. Il sait se montrer ambitieux et audacieux, en témoigne son parcours remarquable la saison passée en Europa League. Donc, il est clair que nous nous donnerons tous à fond, au sein du club, pour viser le plus haut possible. En signant à Fulham, vous mettez un terme à toutes les rumeurs qui vous ont annoncé dans divers clubs, comme Arsenal, Lille et Guimaraes. Y avait-il du vrai là-dedans ? Il n'y a jamais eu d'offre d'Arsenal ou de Lille. Mon agent est formel là-dessus. Vous savez, les clubs ne reconnaissent que les propositions concrètes et ces deux clubs n'en ont transmis aucune à Benfica. Quant à Guimaraes, il me voulait à titre de prêt, ce que je ne voulais pas. J'ai fait l'objet de trois prêts successifs et je voulais cette fois-ci découvrir autre chose. J'aurais accepté de rejoindre Guimaraes dans le seul cas où j'aurais été obligé de rester au Portugal car, à Guimaraes, l'entraîneur cette saison est Machado, celui qui était mon entraineur au Nacional de Madère la saison passée. C'est quelqu'un que je respecte beaucoup et qui m'avait beaucoup soutenu au moment où le président du Nacional avait décidé de me marginaliser et j'aurais accepté de travailler avec lui, mais c'était l'option ultime, celle où je ne trouvais pas un bon club ailleurs, car ma priorité était de quitter le Portugal. Quand même, cela change les choses quand on a un agent, non ? Oui, c'est vrai. Lorsque j'avais signé à Benfica, je n'avais pas d'agent, je ne parlais pas le portugais et je débarquais dans un pays que je ne connaissais pas et même sur une île où il n'y avait aucun ressortissant arabe. Les débuts n'avaient pas été faciles et je devais me débrouiller souvent seul, mais grâce aux prières de mes parents et à ma volonté, je me suis intégré au fur et à mesure. Là, j'ai un agent sérieux qui s'occupe de tout et je me sens plus serein. Franchement, c'est important pour un jeune joueur. Les joueurs en Algérie devraient tous s'entourer d'agents confirmés car cela ouvre pas mal de perspectives. A présent que vous avez signé au Fulham FC, allez-vous rejoindre le stage de la sélection nationale avec un bon moral ? Absolument ! Lors du stage pour le match face au Gabon, j'étais un peu occupé par les formalités pour l'obtention du visa pour me rendre en Angleterre. Je remercie, au passage, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, et le sélectionneur national, Rabah Saadane, pour la compréhension qu'ils ont affichée à mon égard et pour leur soutien pour la concrétisation de ce transfert. Cependant, pour le stage du match de la Tanzanie, je serai concentré à 100 %, comme le seront d'ailleurs, j'en suis certain, tous mes coéquipiers. Pas inquiet après la défaite face au Gabon ? Pas le moins du monde. Ce n'était qu'un match amical, disputé dans des conditions particulières puisqu'il y avait des absents et des nouveaux. En match officiel, ce sera une autre paire de manches. Par expérience, je sais que nous nous transcendons toujours lorsque nous sommes dos au mur. Je suis convaincu qu'il y a un sursaut de notre part. Je rassure donc le peuple algérien : nous serons au rendez-vous inch'Allah ! Jouer à Blida, ça vous dit quoi ? A Blida, au 5-Juillet ou sur un autre terrain, l'essentiel est d'honorer les couleurs nationales et de gagner.