«Ce n'est pas le moment de chambouler l'équipe» Madjid Bougherra est devenu l'un des anciens de la sélection nationale. L'aura dont il jouit auprès des supporters et ses discours toujours imprégnés de sagesse font que sa voix est écoutée. Alors que Rabah Saadane a démissionné et que le débat fait rage pour le choix de son successeur, il s'exprime en tant que cadre de la sélection. Avez-vous déjà à l'esprit le match de Ligue des champions que vous disputerez la semaine prochaine ? Non, pas encore. Je suis pour le moment concentré sur le championnat d'Ecosse et le match qui nous attend ce week-end contre Hamilton. En fin, un vrai marathon nous attend lors des prochaines semaines avec une succession de matches. Une confrontation comme celle contre Manchester United est de celles qui motivent tout joueur. Ce sera l'occasion pour toi de retrouver Wayne Rooney, l'un des meilleurs attaquants au monde, que vous aviez réussi à neutraliser en Coupe du monde lors du match entre l'Angleterre et l'Algérie… Certes, ce sera mon deuxième duel avec Rooney, mais il y aura d'autres attaquants tout aussi dangereux comme Berbatov. Dans une équipe comme Manchester United, le danger peut venir de chaque joueur. C'est pour ça que ce sera particulier d'affronter une telle formation. Est-ce le challenge de la Ligue des champions qui vous a poussé à rester chez les Glasgow Rangers ? C'est l'un des facteurs de ce choix, mais je dois dire que je suis resté chez les Rangers, où je suis encore lié pour deux ans, parce qu'il n'y a pas eu d'offre sérieuse pour le rachat de mon contrat. Quel est votre objectif cette saison en Ligue des champions, dans une poule qui est quand même difficile ? Notre objectif est de nous qualifier aux huitièmes de finale ou, à tout le moins, terminer à la troisième place pour jouer l'Europa League. Bien que notre poule soit plus difficile que celle de la saison passée, avec la présence de Manchester United, Valence et les Turcs de Burgaspor, nous tenterons de faire un meilleur parcours. Nous sommes en tout cas très motivés. Parlons de la sélection nationale. Quelle est votre opinion sur la démission de Rabah Saadane de son poste de sélectionneur après le faux-pas face à la Tanzanie ? Nous avons passé des moments formidables avec Saadane. Nous avons réussi, avec lui, à nous qualifier pour la Coupe du monde après des années d'absence. C'est un entraineur respectable qui a rendu d'énormes services au football algérien et nous nous devons de lui être reconnaissant pour le travail qu'il a accompli. Après le match de l'Egypte, il était considéré comme un héros, mais les mauvais résultats des derniers temps l'ont poussé à partir. C'est une page qui se tourne. Ainsi est fait le football : un jour tu es là, un jour tu es là-bas. Cela est aussi valable pour les joueurs. Cette décision influera-t-elle sur la sélection alors qu'elle a déjà entamé les qualifications pour les CAN-2012 et CAN-2013 ? Je dois avouer que la démission de Saadane nous a fait bizarre et que les joueurs sont impatients de connaître l'identité du nouveau sélectionneur. Ce que je peux certifier, c'est que nous serons prêts pour la confrontation contre la République centrafricaine. Ce changement ne nous affectera pas à une seule condition. Laquelle ? S'il y aura des changements dans le groupe, les choses pourraient se compliquer. Je dis que, au moins dans la perspective du match contre la République centrafricaine, ce n'est pas le moment de chambouler le groupe car il est impossible de préparer une nouvelle équipe en seulement trois semaines. Ce n'est pas du tout une immixtion de ma part dans le domaine technique. C'est juste un avis que je formule dans l'intérêt des Verts. Le sélectionneur des locaux, Abdelhak Benchikha, va vraisemblablement coacher l'équipe lors de sa prochaine sortie à Bangui. Le connaissez-vous ? J'entends parler de lui. Je sais qu'il entraine la sélection des A' et qu'il a travaillé en Tunisie par le passé. Du moment qu'il travaille en Algérie, il connaît forcément bien la sélection. Il y a peu de sélections africaines entrainées par des entraineurs locaux. Il doit donc forcément bien connaître la maison. Etes-vous favorable à un sélectionneur étranger ou à la désignation d'un sélectionneur local ? C'est une question qui relève des prérogatives de M. Raouraoua, le seul habilité à choisir l'entraîneur apte à conduire la sélection à réaliser des résultats. Tout le monde sait que le football a évolué. Etant un jeune entraineur de la nouvelle génération, Benchikha est certainement au fait des nouvelles évolutions du football. Comment voyez-vous le match de la République centrafricaine alors qu'il n'y a pas encore de sélectionneur ? Il n'y a rien à craindre de ce côté. En dépit du contexte difficile, nous avons assez d'expérience dans les matches africains car nous avons déjà joué en Zambie et au Rwanda et nous n'y avons pas perdu. Certes, nous sommes désormais l'équipe à battre, mais nous sommes déterminés à nous racheter. Le faux-pas face à la Tanzanie est dû à la malchance. Si nous avions marqué en premier, nous n'aurions pas éprouvé de difficultés. Vous restez donc optimiste pour les qualifications ? La première journée des éliminatoires a été caractérisée par de nombreuses surprises dans tous les groupes. L'explication en est que ce n'est que le début de la saison et la majorité des sélections ne sont pas encore prêtes. Il reste encore 5 matches et nous pouvons nous qualifier avec 10 ou 12 points. Je rassure tout le monde : nous nous qualifierons inch'Allah à la CAN. Il y a une volonté de renforcer le groupe actuel par des joueurs locaux vu la régression de certains professionnels. Qu'en pensez-vous ? Je ne suis qu'un joueur et je ne peux pas m'ingérer dans le domaine technique qui concerne l'entraîneur. Ma conviction est que tout joueur algérien, qu'il joue en Algérie ou en Chine, susceptible d'apporter un plus, est le bienvenu. Le plus important, dans un premier temps, est de préserver la stabilité du groupe actuel pour le match contre la République centrafricaine. Après ce match, l'entraîneur pourra choisir les joueurs les mieux préparés et c'est une chose tout à fait logique. Un mot pour terminer ? Je profite de cette opportunité pour présenter à l'ensemble du peuple algérien mes meilleurs vœux à l'occasion de l'Aïd-el-Fitr.