«Je respecte aussi l'avis de ceux qui sont contre ma venue» Ceux qui ont assisté à la première conférence de presse donnée par Benchikha en qualité de nouveau sélectionneur de l'équipe d'Algérie ont sans doute remarqué des changements par rapport à ce qu'on connaissait de ses prédécesseurs. L'homme a ramené avec lui un style nouveau, propre à lui. A l'opposé de ce qu'on avait l'habitude de voir avec Rabah Saâdane qui était moins expressif, plus réservé et sans doute aussi plus suspicieux. Il faut dire aussi qu'il n'en est qu'à ses débuts et que les relations avec les médias n'avaient aucune raison d'être mauvaises. «Je respecte aussi l'avis de ceux qui sont contre ma venue» Le moins que l'on puisse dire aujourd'hui, c'est que le nouveau patron des Verts n'a laissé personne sur sa faim. Il a tout dit, ou presque, de ce que lui conférait son statut de nouveau «débarqué» dans cette Equipe nationale qu'il ne connaît pas encore de l'intérieur. Benchikha a parlé avec le cœur, comme de coutume. Il n'a éludé aucune question, se montrant affable et anticipant même sur certains sujets brûlants, comme celui de sa relation avec les supporters qui ne veulent pas de lui. «Je remercie ceux qui m'ont soutenu, tout en respectant ceux qui sont contre ma venue. C'est à moi de leur prouver qu'ils se trompent», a-t-il dit quelques minutes seulement après avoir commencé son speech. «I have a dream et aujourd'hui, je l'ai réalisé !» Ce style nouveau qui caractérise Benchikha se ressent d'abord dans sa manière de parler. Il a commencé par une prière connue du prophète Mohamed (QSSSL) : «Dieu élargis-moi la poitrine et facilite mon affaire, puis dénoue un nœud de ma langue, pour que mes paroles soient sensées», avant d'user de plusieurs métaphores. «I have a dream !» s'est-il confié reprenant brillamment l'expression chère au Pasteur noir américain, Martin Luther King. «Oui, j'ai fait un rêve et je viens de le réaliser. Je voulais qu'on me confie un jour la sélection de mon pays et me voilà arrivé aujourd'hui. Mais le plus important est de réussir avec cette équipe. C'est d'ailleurs ce que ce je vais dire à mes joueurs lorsque je vais les voir», a-t-il dit un peu plus loin. «Alors que notre avion risquait de s'écraser en Afrique du Sud, tout le monde paniquait et moi je prenais des photos» Benchikha est un homme ambitieux qui n'a peur de rien. En témoigne cette scène qu'il raconte comme s'il avait en face de lui des amis intimes. «En Afrique du Sud, l'avion allait s'écraser au sol (il fait allusion à l'avion transportant une bonne partie du personnel de la chaîne qatarie Al Jazeera dont il était consultant pendant la Coupe du monde 2010), tout le monde était en panique, alors que moi, je prenais des photos des gens et de ce qui se passait autour de moi. J'ai une foi totale en Dieu. C'est Lui Seul qui a droit de vie ou de mort sur les gens. Je n'ai donc pas à m'inquiéter pour ma mission en Equipe nationale.» «Il faut viser les étoiles pour atteindre la lune» C'est comme cela qu'il définit son ambition. A la foi grande et démesurée. Benchikha sait qu'il doit s'élever plus haut que tout le monde, pour rassurer avant de convaincre. Au contraire de Saâdane qui se contentait de quitter l'atmosphère terrestre, Abdelhak Benchikha veut aller beaucoup plus loin. «Il faut viser les étoiles pour atteindre la lune», a-t-il lâché sans calcul, ni malice. En fait, il veut surtout dire qu'il ne se contentera pas de suivre les résultats des mondialistes et demi-finalistes de la CAN, mais plutôt tenter d'aller encore plus loin. N'a-t-il pas dit un jour à un de ses proches qu'il rêvait de voir un jour l'Algérie devenir championne du monde ? Rien que ça ! Mais Benchikha est un homme entier qui dit tout ce qu'il a sur le cœur. Après, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, c'est l'affaire des autres, pas la sienne ! Gentleman, il rend hommage à Saâdane A un confrère qui lui rappelait la situation compliquée de son équipe, après le match nul concédé à domicile, Benchikha ne s'est pas gêné de lui demander pourquoi autant de négativisme. «Vous êtes donc pessimiste à ce point ?», a-t-il rétorqué. A d'autres, il a fait rappeler aussi qu'il n'avait posé aucune condition à Raouraoua avant de donner son accord. «Je n'ai rien négocié. Je ne dirai jamais non à mon pays. Depuis le jour où Raouraoua m'a demandé de rentrer, je n'ai pas hésité un seul instant. L'appel de l'Algérie est un ordre que je ne discuterai jamais», a-t-il ajouté, les yeux pleins de ferveur. A une journaliste étrangère qui lui demandait pourquoi l'Algérie était en baisse de régime cette année, il répondra en encensant le travail de Saâdane et de ses joueurs. «A ce que je sache, l'Algérie a été le seul pays arabe qualifié au Mondial, sans oublier la prestation de la CAN 2010. Où est donc la faiblesse de l'équipe en 2010 ?» lui a-t-il lancé. Les vedettes qui mettent le feu, pas celles qui font de la fumée D'autres à sa place auraient sans doute surfé sur la médiocrité des récents résultats, pour se démarquer du travail de son prédécesseur, mais Benchikha a voulu garder son costume de gentleman, en commençant sa conférence par rendre un vibrant hommage à Rabah Saâdane. Comme il a encensé les cadres de l'équipe, en leur adressant un message des plus clairs, tout en les avertissant : «J'aime les vedettes dans mon équipe. Mais je préfère les vedettes qui mettent le feu sur le terrain, pas ceux qui font de la fumée !» Quoi de plus limpide pour dire qu'il n'y aura plus de titulaire indiscutable et que le meilleur du moment prendra place dans son onze rentrant. Il taquine un journaliste en le comparant à Nounou Negazi ! Enfin, le style de Benchikha réside aussi dans sa manière de s'exprimer. Il commence la phrase dans le dialecte algérien, épicé de l'humour caractérisant l'Algérien qu'il est, tout en laissant s'échapper certaines douces influences, qui lui collent à la langue depuis son inoubliable séjour en Tunisie, ou quelques mots d'anglais comme son «I have a dream», ou le «top level» utilisé pour louer les infrastructures que Raouraoua et toute l'équipe de la FAF a mises à la disposition de l'Equipe nationale, que ce soit pour le staff technique ou les joueurs. Benchikha parle avec son cœur. Et c'est pour cela qu'il ne sait rien cacher, en dehors de ce qui le gêne dans son humilité. «S'il vous plaît, je vous demande de ne plus m'appeler ‘Général', ou alors lorsqu'il veut taquiner quelqu'un gentiment, comme ce journaliste à qui il a dit : «Votre voix ressemble à celle de Nounou Negazi !» C'est cela le style de Benchikha, fait d'humour et de beaucoup de sincérité. ---------------------------------------- «Le retour au 5-Juillet dépend des joueurs» Questionné par l'un de nos confrères quant au possible retour des Verts au mythique stade du 5-Juillet, notamment après le départ de Rabah Saâdane, le nouveau patron de la barre technique national dira : «A vrai dire, l'éventualité du retour de l'EN au 5-Juillet ne dépend pas de moi uniquement. Je verrai avec les joueurs et c'est à eux que reviendra la décision. Je leur en parlerai et on verra s'ils seront d'accord ou non de jouer leurs prochaines rencontres des éliminatoires dans le stade de la capitale. En tous les cas, je ferai en sorte de les mettre à l'aise et leur offrir tous les moyens.» Biskri : «Benchikha fera honneur aux techniciens algériens et arabes» «Tout d'abord, je tiens à féliciter mon ami Abdelhak pour ce poste de sélectionneur de l'EN A. Je le connais très bien et je peux vous dire que c'est un bosseur qui sait parfaitement ce qu'il fait. Avec lui, l'équipe connaîtra plein de succès, j'en reste convaincu. Le plus important est que les joueurs adhèrent à sa philosophie et l'aident dans sa tâche. Je pense que Benchikha a déjà son plan dans la tête et qu'avec lui, beaucoup de choses changeront. Il va apporter une nouvelle mentalité au sein de l'équipe et donnera la chance à tout le monde de prouver ses qualités. L'entraîneur local a toujours été décrié et je reste persuadé que Benchikha fera honneur aux techniciens algériens et arabes.» Amrani : «Il pourra compter sur notre soutien» «Tout d'abord, je souhaite beaucoup de courage et de réussite à Benchikha dans ses nouvelles fonctions. Je pense que le fait que le président de la FAF lui ait fait confiance signifie qu'il répondait à certains critères bien précis. C'est un entraîneur qui sait gérer un groupe et avec sa méthode de travail professionnelle, l'EN saura aller de l'avant. La discipline a toujours été son cheval de bataille, c'est ce qui explique sa réussite dans les clubs où il est passé. Ce que je peux lui dire, c'est qu'il pourra toujours compter sur le soutien et l'aide des techniciens algériens. On veillera à l'aider dans sa mission, ne serait-ce que sur le plan psychologique.» Zemiti : «Avec lui, l'EN progressera» «Benchikha est un grand ami à moi. Je le connais très bien et je sais qu'il va réussir dans sa nouvelle mission. Abdelhak est quelqu'un de sincère, mais qui ne se laisse pas faire aussi facilement que cela. C'est un homme de principe, qui sait ce qu'il fait et où aller. Sincèrement, je pense que la FAF a fait le bon choix en le nommant à la tête de l'EN en remplacement de Saâdane. C'est l'entraîneur de la situation et avec l'aide de ses joueurs, je pense que l'EN progressera davantage. La nomination de Benchikha prouve une fois de plus qu'en Algérie, il y a des entraîneurs de haut niveau qui attendent juste qu'on leur fasse confiance. En tout cas, je souhaite à mon ami bonne chance et surtout beaucoup de réussite.»