«Je n'en veux pas à Maradonna» Talent et classe sont les mots qui collent le mieux à l'Argentin Luis Oscar González. Mais c'est grâce à un autre atout que "Lucho" s'est bâti un magnifique palmarès et est devenu une idole dans tous les clubs où il a évolué, d'Huracan à Marseille, en passant par River Plate et Porto : la simplicité. Il a beau sortir d'un entraînement intensif sous le soleil de Marseille et avoir deux matches à disputer en quatre jours, l'international albiceleste prend le temps d'honorer toutes les demandes d'autographe et de photo, toujours avec le sourire, malgré le début de saison difficile de son club. La simplicité, c'est aussi ce qui caractérise le milieu de terrain balle au pied. Son jeu à une touche de balle, ses déviations subtiles, ses coups francs précis et ses passes millimétrées en première intention ont aidé l'OM à reconquérir un titre de champion de France qui le fuyait depuis 18 ans. Les banderoles et les chansons dédiées au Comandante se font chaque jour plus nombreuses dans un Vélodrome qui se cherchait une coqueluche depuis le départ de Didier Drogba. Vous entamez votre deuxième année à Marseille. Comment se passe votre adaptation ? Très bien ! J'ai eu un peu de mal à mon arrivée. S'adapter à un nouveau pays, un nouveau championnat et surtout, une autre langue, c'est très difficile. Pour ne rien arranger, je me suis blessé pendant la préparation. Mais Didier Deschamps et mes coéquipiers qui parlent espagnol ou portugais ont facilité mon intégration, et une fois que j'ai rattrapé mon retard physiquement, tout est allé de mieux en mieux. Et la meilleure intégration, c'est la victoire ! Aujourd'hui, je me suis adapté, je progresse en français et je me plais énormément ici. Après le doublé championnat-Coupe de la Ligue l'an dernier, quelles sont les ambitions de l'OM cette saison? On a réalisé quelque chose de très difficile. Marseille n'avait rien gagné depuis longtemps et on a remporté deux titres ! Ce fut magnifique à vivre, mais il ne faut pas se satisfaire de cette joie, il faut continuer à gagner pour l'entretenir. On sait que désormais les attentes sont élevées. Nos principaux objectifs sont de gagner à nouveau le championnat et essayer de faire mieux en Ligue des champions, donc au moins se qualifier pour les huitièmes de finale. J'espère que nous y arriverons. En tout cas, je sais que nous en sommes capables. L'OM a mal débuté sa saison. Quel était le problème et comment l'équipe peut-elle s'améliorer ? On a commencé par deux matches qu'on n'imaginait pas perdre (à domicile contre le promu Caen et à Valenciennes). Mais ça ne change rien à nos ambitions. La saison est longue, et c'est toujours mieux pour la confiance de commencer par des victoires, mais il ne faut pas dramatiser parce qu'on a perdu deux matches. Il y a eu une période agitée avec le mercato, on ne savait pas qui serait là le lendemain, qui partirait ou qui arriverait. Mais maintenant que tout ça est réglé, on peut enfin travailler sereinement, mettre les nouveaux joueurs dans les meilleures dispositions pour qu'ils s'intègrent rapidement et qu'on apprenne à jouer ensemble le plus vite possible. Et ensuite travailler comme on l'a toujours fait. L'an dernier, ça a porté ses fruits. Il faut être patient et ça sera la même chose cette année. Que manque-t-il à Marseille pour aller plus haut, notamment en Ligue des champions de l'UEFA? Il nous a surtout manqué un brin de chance l'an dernier ! D'abord dans le tirage au sort. Quand on tombe avec le Real Madrid et l'AC Milan, difficile d'annoncer : "On va se qualifier". Cette année, le tirage paraît plus accessible (Chelsea, Spartak Moscou, Zilina). Mais tous les matches de Ligue des champions sont difficiles. Il faut être concentré au maximum, mais également avoir cette petite goutte de chance qui change tout. L'an dernier, on a montré qu'on pouvait lutter avec les meilleures équipes mais à Marseille, contre Milan et Madrid, on aurait dû au moins faire match nul, et on sort avec deux défaites. C'est la base : si on n'arrive pas à gagner les matches qu'on doit gagner, on ne peut pas se qualifier. Il faut donc de la concentration, de la solidarité, et ce petit brin de chance que les grandes équipes ont. Parlons de la sélection. Vous n'avez pas été appelé par Diego Maradona pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010. Comment l'avez-vous appris et comment avez-vous vécu le tournoi ? Maradona ne m'a pas téléphoné, je l'ai appris dans la presse. J'ai simplement vu la liste et mon nom n'y était pas... J'avais un petit espoir, donc j'ai été déçu. Mais une fois que le Mondial a commencé, j'ai oublié la déception et je l'ai suivi comme un Argentin de plus, un supporter derrière son pays. Comme tout le monde, je me suis pris à rêver après les premiers matches parce que l'Argentine jouait vraiment bien et, comme tout le monde, je suis tombé de haut lors du match contre l'Allemagne (0:4). En Coupe du Monde, tout peut basculer d'un match à l'autre. Quand on prend un but rapidement et qu'on n'arrive pas à réagir, on rentre à la maison... Mais il faut retenir les choses positives qu'on a montrées pendant ce tournoi, le style de jeu, le travail qu'a fait Maradona, pour continuer à construire. A votre avis, Maradona a-t-il fait des erreurs à la tête de la sélection, dans la composition du groupe ou dans la tactique ? Une fois que la Coupe du Monde est terminée, on peut dire beaucoup de choses ! C'est trop facile de dire après-coup "il aurait dû faire ça" ou "il devait prendre tel joueur et laisser celui-là à la maison". Quand on voit le résultat final, on n'a pas remporté la Coupe. Donc les gens ont le droit de dire qu'il s'est trompé. Mais c'est plus facile de le dire après ! Je ne pense pas qu'il se soit trompé sur les joueurs. Ils ont tous du talent et de l'expérience, ce sont des joueurs de classe internationale. Il a fait des choix logiques, avec des joueurs en qui il avait confiance. Mais le problème est toujours le même en Argentine : nous avons beaucoup de joueurs talentueux, mais l'entraîneur ne peut en prendre que 23. S'il ne gagne pas avec ceux-là, tout le monde dit que les meilleurs sont ceux qui n'y étaient pas ! Vous avez un tatouage de Maradona. Comment vit-on un rassemblement quand son sélectionneur est aussi son idole ? J'ai été convoqué pour sa première aux commandes de la sélection. C'est quelque chose d'incroyable, d'indescriptible ! Savoir que la personne que vous avez comme idole est celle qui va vous donner des conseils sur la manière de jouer, de vous améliorer, de vous concentrer, c'est la meilleure des motivations. J'avais envie de tout donner dès l'entraînement ! J'ai essayé de profiter au maximum de chaque moment à son contact. C'est toujours un plaisir d'être en sélection, ça devient un rêve quand c'est votre idole qui est l'entraîneur ! Et maintenant qu'il ne vous a pas emmené en Afrique du Sud, vous avez changé d'avis? Vous lui en voulez ? (Rires) Non, pas du tout ! Je connais la difficulté de son métier, et je sais que s'il ne m'a pas pris, c'est soit parce que je n'ai pas été assez bon, soit parce que, dans son esprit, il y avait d'autres joueurs meilleurs que moi à ce poste, ou avec d'autres caractéristiques qui s'intégraient mieux à son idée de jeu. Je ne peux pas lui en vouloir et ça ne change rien à l'image que j'ai de lui. Aujourd'hui, Sergio Batista est le sélectionneur intérimaire. Est-ce la bonne personne pour ce poste ? Je ne l'ai jamais eu comme entraîneur, mais je le connais bien, d'abord par son passé de joueur, mais aussi parce que je l'ai côtoyé dans les sélections de jeunes. En deux matches, il a montré qu'il pouvait maintenir la sélection à un excellent niveau et mettre en place un système de jeu dans lequel les joueurs se sentent bien. Il mérite qu'on lui donne le temps de montrer sa valeur, qu'il est la bonne personne au bon moment. La Copa America qui arrive est le meilleur moyen de prouver qu'il peut réussir. Vous n'étiez pas en Afrique du Sud et vous avez presque 30 ans (le 19 janvier 2011). Pensez-vous toujours avoir un avenir en sélection, notamment pour la Copa América 2011 ou la Coupe du Monde de la FIFA 2014 ? Evidemment, j'y crois toujours ! Je vois bien que plus le temps passe, moins j'aurai de chance d'être appelé, parce que l'Argentine produit toujours de bons joueurs, qui ont leur chance de plus en plus jeunes. C'est difficile de rivaliser, mais l'espoir de retrouver la sélection est toujours là. J'ai suffisamment d'expérience pour savoir quand je suis dans une bonne période ou pas. Je ne m'attends pas à être sélectionné quand je suis mauvais, mais quand je joue bien dans mon club, c'est légitime d'y croire. Je travaille dur avec mon club pour que cela paie. 2014, c'est trop loin pour y penser, mais la Copa América arrive bientôt. C'est un objectif que je me suis fixé. Vous êtes très populaire à Marseille et à River Plate, comme un certain Enzo Francescoli... Vous le connaissez ? Oui ! Je l'ai rencontré plusieurs fois à River, et je sais qu'il a laissé un très bon souvenir à Marseille. C'est un joueur de classe mondiale. Il a fait de grandes choses. Sa technique, son contrôle de balle, ce sont des choses que j'ai admirées quand j'étais plus jeune. Ce qu'il a fait à River est incroyable. C'est une personne que j'ai toujours appréciée et dont j'ai toujours admiré la classe et la manière de jouer.