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2e partie : Mehdi Lacen : «Face au Maroc, on doit faire un match de guerriers»
Publié dans Le Buteur le 13 - 03 - 2011

«Quand j'ai vu Feghouli sur le terrain, je me suis dit que celui-là,
il nous le faut chez les Verts !»
«A la fin du match contre Almeria, Feghouli est venu me voir et on a discuté pendant deux minutes»
Dans cette deuxième partie de l'interview à cœur ouvert qu'il nous a accordée à Santander, Medhi Lacen évoque les sensations du Mondial et l'impressionnant mental des «Guerriers du désert» qu'il espère retrouver, avant d'affronter le Maroc. Etant, par ailleurs, le seul joueur algérien à évoluer dans la Liga espagnole, on ne s'est pas empêché de le faire parler sur ce qu'il ressent en affrontant le Real Madrid et le Barça. Des réponses aussi sincères que marrantes, mais avec une triste réalité que rares sont ceux qui ont osé la dénoncer comme lui. Appréciez le punch du gaucher !
Laïfaoui, par exemple, vous l'avez connu de près ?
Si, on a discuté ensemble aux entraînements et on a même déliré par moments sur le terrain. Maintenant, c'est sûr qu'après les entraînements, le soir par exemple, je n'étais pas avec lui. Mais quand on se voyait, ça se passait toujours bien. C'est une question d'affinités. On ne peut pas être avec tout le monde. Ça se passe pareil partout.
C'est une différence de culture ?
Je ne pense pas que ce soit une différence de culture…
Ne nous dites pas que vous qui êtes né en France avez la même façon de voir les choses, le même humour que Laïfaoui qui a vécu toute sa vie en Algérie, non ?
Oui, là je suis d'accord avec vous, on est un peu différents sur ce plan. Mais franchement, je n'ai pas eu le moindre souci avec personne des joueurs locaux ou les autres. J'ai totalement apprécié les moments et les hommes que j'ai découverts au sein de la sélection nationale.
Que retenez-vous justement de cette Coupe du monde ?
La veille du premier match contre la Slovénie, Hassan (Yebda) nous a dit : «Vous vous rendez compte, les gars, demain on va jouer notre premier match de Coupe du monde !» Et c'est vrai que franchement, on ne se rendait pas compte. Même aujourd'hui, vous me dites que j'ai joué le Mondial, je répondrai oui, mais je ne réalise pas encore la chance qu'on a eue de l'avoir joué. Peut-être que dans trois, cinq ou dix ans, quand j'aurai arrêté ma carrière de footballeur, je me dirai : «Et bien, c'est costaud ! Tu as joué la Coupe du monde !» Car ce n'est pas donné à tout le monde. Mais au jour d'aujourd'hui, je sais que je l'ai fait, je suis fier de l'avoir fait, mais peut-être que ce n'est pas encore gravé dans ma tête. Et c'est cela qu'on se disait la veille du match contre la Slovénie.
Comment expliquez-vous cela ? Est-ce parce que les joueurs d'aujourd'hui sont trop gâtés et qu'ils ne savent plus apprécier les choses à leur juste valeur, tellement ils demandent toujours un peu plus ?
Non, je pense que cela est très individuel. Chacun vit les choses à sa manière. Certains vivent la veille d'une Coupe du monde en se mettant une pression de malade ; mais moi, honnêtement, j'ai eu zéro pression lors des trois matchs qu'on a joués. Cela, parce que j'avais envie de les jouer, j'étais surtout très content d'être là. Je ne me suis jamais dit qu'il allait y avoir beaucoup de monde au stade et des millions de gens qui vont regarder à la télé. Ça peut inhiber un joueur. J'étais juste content.
Même pas avant d'affronter l'Angleterre et toutes ses stars ?
Attendez, je vais vous dire une chose. Quand on a perdu le premier match et qu'on s'est retrouvés dans le vestiaire, tout comme lorsqu'on était à table pour le repas et durant toute la soirée, on s'est tous dit qu'on pouvait battre l'Angleterre.
Racontez-nous ce moment, lorsque vous êtes rentrés dans le vestiaire, après la défaite face à la Slovénie ?
On perd notre match, on avait tous la tête lourde, on était vraiment dégoûtés parce qu'on avait raté l'entame et face à l'équipe qu'on disait la plus prenable du groupe. On savait que c'étaient les points les plus importants de notre qualification. Mais ce dont je me souviens, c'est que personne n'a dit que la Coupe du monde, c'est mort et qu'on n'allait pas passer au second tour. C'est le contraire qui s'est produit en chacun de nous tous. On s'était dit que l'Angleterre, on va la taper ! On n'a pas baissé les bras, bien au contraire. Et pourtant, moi, je me disais que si on ne gagne pas contre la Slovénie, on n'avait plus rien à espérer. Mais j'ai été le premier surpris des ressources mentales de notre équipe. On s'est soulevés tous comme un seul homme pour dire que maintenant, il faut aller taper ces Anglais.
Vous avez déjà vécu un tel élan de solidarité en club ?
Non, non, jamais. Mais je crois que c'est parce qu'on était H24 ensemble. Ça vous soude un groupe de rester tout le temps ensemble. On formait un vrai bloc. Et à chaque discussion entre nous, ça se terminait par la même phrase : «On va les taper !» On n'a pas pensé que ça pouvait être le match de la dernière chance dans ce Mondial. Je ne sais pas pourquoi on était persuadés qu'on allait faire un gros match face à l'Angleterre. On était armés mentalement.
Vous regrettez de n'avoir pas fait mieux qu'un match nul face aux Anglais ?
Non, le regret, c'est de ne pas avoir gagné au moins un match dans ce Mondial, alors qu'on avait largement les moyens de le faire contre les trois adversaires qu'on a bien bousculés. Mais il faut reconnaître que les Anglais aussi n'étaient pas faciles à manœuvrer.
Vous les avez un peu trop respectés à votre avis ?
Non, non, ce jour-là, il aurait pu y avoir le Sri Lanka à la place de l'Angleterre, c'était pareil dans nos têtes. C'était une mentalité propre à cette équipe.
C'est l'esprit des Guerriers du désert dont on a parlé lors des éliminatoires de la Coupe du monde ?
Je ne sais pas, je n'ai pas vécu cela avec eux, mais je peux vous assurer que j'ai senti cela comme ça. Il n'y avait plus rien qui pouvait nous effrayer. On était juste persuadés qu'on pouvait faire face à toutes les équipes du monde. On n'était pas du tout impressionnés.
Justement, le public algérien a hâte que son équipe retrouve cette grinta qui caractérise les Verts. Bougherra a même dit que le match face au Maroc va se jouer d'abord dans le vestiaire. Vous partagez ce point de vue ?
Oui, tout à fait. Il faut qu'on soit tous convaincus qu'on va taper les Marocains. On a tous les éléments qu'il faut pour nous motiver avant ce match. Que ce soit le classement qu'on occupe dans notre groupe ou les deux matchs qu'on a ratés avant. La réalité est là aujourd'hui. Si on perd contre le Maroc, c'est vrai, on pourra toujours dire qu'il nous reste encore une toute dernière chance. Mais il ne faut pas se voiler la face, ce sera vraiment un exploit de pouvoir rattraper par la suite. Si on rate notre match à domicile face au Maroc, ce sera pratiquement mort. C'est la vérité. Mais d'un autre côté, c'est sûr qu'on a tous très, très, très envie de gagner ce match et se qualifier à la CAN 2012. On a tous le même désire de battre le Maroc le 27 mars, c'est incontestable.
Vous allez puiser dans vos ressources mentales pour préparer le match du 27 ?
C'est sûr ! Je sens que ce sera comme face à l'Angleterre. On a envie de redresser la situation pour augmenter nos chances d'aller à la CAN. C'est simple, face au Maroc, il nous faut sortir un match de guerriers et c'est ce qu'on va faire. J'en suis persuadé. Ça chauffe trop dans notre esprit pour leur lâcher les trois points du match. Non, on va le jouer comme des guerriers.
Quand vous entendez Feghouli, Tafer et Brahimi hésiter à rejoindre la sélection d'Algérie, ça vous fait rappeler un peu votre cas ?
Non, parce que si vous voulez, ils ne sont pas dans la même situation que moi. Eux cherchent, peut-être, à aller jouer avec l'Equipe de France et se disent qu'ils ont l'âge et les qualités pour jouer chez les Bleus. Moi, ce n'était pas du tout le cas. Je n'ai jamais pensé qu'on pouvait m'appeler en Equipe de France. Quand j'ai rejoint les Verts, j'avais 25 ans. Ce n'est donc pas comparable.
Vous avez croisé Sofiane Feghouli quand vous avez joué contre Almeria. Vous vous êtes parlés ?
Oui, on a discuté un peu à la fin du match, mais pas de la sélection d'Algérie, comme vous espériez (il sourit). Je lui ai juste demandé comment ça se passait pour lui à Almeria. Lui en fait n'avait pas terminé le match. Il est revenu des vestiaires pour qu'on discute un peu ensemble. On a parlé pendant deux petites minutes puis on s'est dit au revoir.
Vous l'avez senti réceptif à l'Algérie ?
Oui… (Il évite d'en dire plus). Je ne sais même pas quel âge il a !
La vingtaine…
Ah, lui, je pense qu'il n'est pas bête. Suivant ses possibilités qui sont énormes, je ne sais pas ce qu'il va décider pour sa carrière internationale, mais c'est sûr que s'il choisit de nous rejoindre, ce sera vraiment un gros plus pour l'équipe d'Algérie.
Vous avez senti qu'il était vraiment bon quand vous avez joué contre lui ?
Oui, on le sent tout de suite, même si contre nous, il n'avait pas fait le meilleur match de sa vie. Ce sont des détails, un crochet, une accélération… qui montrent qu'il a les moyens d'aller très loin. Il a marqué aussi un but la semaine dernière…
Vous vous êtes dit quoi en le voyant jouer contre vous ?
(Il sourit). Je me suis dit : «Ah celui-là, il nous le faut dans l'équipe d'Algérie !»
Vous allez lui parler de la sélection d'Algérie la prochaine fois que vous le verrez ?
Oui, c'est sûr ! Mais ce sera la saison prochaine, car on ne va plus jouer contre eux. A moins qu'il vienne avant en sélection… Qui sait ?
Ah, vous nous cachez peut-être quelque chose à ce sujet, non ?
(Il sourit encore). Non, non, franchement c'est un joueur qui peut beaucoup apporter à l'Equipe d'Algérie. Ce n'est tout de même pas un joueur de 20 ans qui joue en CFA en France. A son âge, il a signé dans un grand club en Espagne. C'est vrai que ça ne s'est pas bien passé à Valence, mais il s'est fait prêter à Almeria et là, je pense qu'il va pleinement exprimer son talent.
Si vous aviez un mot à lui adresser au sujet de la sélection d'Algérie, vous lui diriez quoi, vous qui êtes passé par des moments d'hésitations similaires ?
Ah, moi, je lui dirais que tout est positif pour moi, depuis le jour où j'ai mis les pieds chez les Verts, même si beaucoup de choses ont été dites à mon sujet, avant de venir. Je lui dirais aussi que je regrette beaucoup de ne pas être allé avant pour jouer la CAN et vivre cette merveilleuse aventure avec le groupe.
Pensez-vous que lui aussi pourrait regretter les moments qu'il va rater aujourd'hui ?
Oui, c'est très possible. J'espère qu'il prendra la bonne décision, c'est tout.
Qu'est-ce que la Liga vous a apporté personnellement ?
Jouer au sein de la Liga, c'est très différent des autres championnats. C'est la Liga qui fait le plus rêver les joueurs aujourd'hui. C'est le meilleur championnat du monde. La Liga m'a donné beaucoup de joie. Jouer contre de très grands joueurs vous fait forcément progresser et les matchs sont toujours très intenses.
Vous avez joué contre Zidane ?
Non, j'ai joué contre le Real de Zidane, mais il était sur le banc ce soir-là. J'étais encore à Alaves et on avait joué à Bernabeu. Ils devaient jouer trois ou quatre jours plus tard contre Arsenal. Je le vois passer dans le tunnel de Bernabeu, il encourageait ses coéquipiers, mais je constate qu'il était en baskets et pas en souliers de foot. Je me suis dit, c'est bizarre, il va sur le banc en baskets. Mais en fait, c'était prévu qu'il ne rentre pas ce soir-là. Le coach devait sans doute le préserver pour le match de la Ligue des champions. On joue le match et à la fin, je me suis dirigé vers le banc pour lui demander son maillot. Malheureusement pour moi, il était déjà rentré au vestiaire.
Vous avez raté son maillot ?
Attendez, ce n'est pas terminé. J'ai été voir Gutti et je lui ai demandé de me rendre ce service en allant voir Zinédine Zidane pour qu'il me donne son maillot. Je me rappelle que ça faisait juste quatre mois que je venais d'arriver en Espagne. Je ne parlais pas encore bien la langue. J'ai surmonté ma timidité pour avoir un souvenir de Zidane. Et contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, Gutti a été très agréable avec moi. C'est un gars super gentil. Il est retourné au vestiaire pour transmettre à Zidane ce que je lui demandais. Deux minutes plus tard, Gutti est ressorti avec le maillot de Zizou dans les mains. Il m'a dit que Zidane s'excuse de ne pouvoir sortir lui-même, car il était sous la douche. Pour moi, avoir le maillot de Zidane suffisait largement à mon bonheur.
Vous lui avez donné votre maillot d'Alaves ?
(Il se marre). Mais non ! Il l'aurait jeté, ça ne servait à rien. (Il est plié de rire). Il aurait dit : «C'est qui lui ? Lacen ?» Il l'aurait laissé trainer dans le vestiaire.
Est-ce pour lui que vous avez changé de numéro en optant pour le 5 à la place du 4 de la saison dernière ?
Oui, parfaitement ! J'ai choisi le 5 par rapport à Zidane. C'est un numéro qu'il a fait aimer à tous. Et c'est pour lui que je porte fièrement le numéro 5 cette saison.
Vous avez joué dimanche dernier contre Benzema et on vous a vu suivre une discussion entre lui et Adebayor… de quoi s'agissait-il au juste entre vous ?
Non, ça n'avait rien à voir avec moi, En fait, ils chambraient Pinillos, celui qui avait raté le penalty qu'on a eu. Adebayor a caché sa bouche avec la main pour ne pas que les caméras puissent décrypter ce qu'il disait, puis il a lancé en direction de Benzema. «T'as vu leur joueur comme il a tiré le penalty ? Il a fait une passe en retrait à notre gardien !» Puis, ils se sont mis à rigoler ensemble.
C'était à quel moment du match ?
Lorsqu'ils sont partis en contre-attaque ensemble et où Özil avait fait encore des siennes par des crochets et toute la variété de ses geste techniques de fous. Il y avait faute pour eux et moi, j'étais au marquage sur un joueur dont je ne me rappelle pas le visage. C'est là qu'Adebayor a mis la main sur la bouche pour rigoler avec Benzema.
Comment aviez-vous réagi la première fois que vous aviez débarqué en Espagne et que vous aviez affronté les géants du Real et du Barça ?
A l'époque en plus, j'étais plus jeune. On est forcément comme dans un rêve. C'est bizarre, mais c'est le même sentiment que j'ai eu en évoquant le Mondial. Beaucoup me disaient : «Quelle chance tu as de jouer au Camp Nou et à Bernabeu face aux géants du Barça et du Real !» Mais moi, je ne réagis pas tant que ça. Je sais que c'est une chance de jouer contre ces grandes équipes, mais sans plus.
Vous trouvez cela normal ?
Non ! Je sais que ce n'est pas donné à tout le monde. Des millions de footballeurs rêvent de jouer, un jour, face au Real à Bernabeu ou contre le Barça au Camp Nou, même si tu passes 90% du temps à courir derrière le ballon. C'est une chance de jouer contre le Barça. Mais c'est peut-être parce que je ne me rends pas compte suffisamment de la chance que j'ai d'évoluer dans la Liga, comme d'avoir joué le Mondial.
Quelles sont les sensations sur le terrain face à ces deux équipes ?
Face au Real, tu souffres sur le terrain, car ce ne sont pas des matchs durant lesquels tu prends beaucoup de plaisir. Contre Barcelone, n'en parlons même pas. C'est pire qu'une sensation d'aller à la guerre. Tu sais que si tu en prends trois, c'est bien, et s'ils t'en marquent cinq, c'est normal. Tu sais que tu vas courir tout le temps derrière le ballon, mais moi, je suis toujours très content de jouer des matchs comme ça.
Qu'est-ce qui est le plus dur, c'est d'affronter le Real ou le Barça ?
Le plus dur, c'est de jouer contre le Barça. Pourquoi ? Tout simplement parce que tu ne touches que rarement le ballon. Ils ont des possessions de balles de 80% parfois.
Qu'est-ce qu'on ressent dans de pareils matchs ?
On sent l'impuissance totale face au Barça.
Est-ce que la différence se situe plus sur le plan physique ou technique ?
En fait, leur force réside dans les passes rapides entre eux. Tu t'approches d'un joueur, il la passe vite à l'autre. Tu vas chez l'autre, tu vois la balle partir rapidement vers un troisième, puis un quatrième jusqu'à faire le tour des lignes. Tu arrives toujours en retard au pressing. Mais ce n'est pas toi qui es en retard ou que tu ne sois pas bien dans ce match. C'est juste leur jeu qui est comme ça, impressionnant. Dès qu'un joueur sent qu'on vient vers lui, il la passe à un de ses coéquipiers qui n'est jamais loin. Xavi, par exemple, fait près de cent passes par match. Soit, plus d'un ballon par minute. Moi quand je joue face au Barça, je dois toucher au maximum quelque chose comme six ou sept fois le ballon dans tout le match ! Et quand je touche le ballon, j'ai toujours quatre joueurs du Barça autour de moi. Je suis asphyxié ! Non, le plus dur à jouer des deux, c'est largement, largement le Barça.
Quel est le joueur du Barça qui vous a le plus impressionné ?
Pour moi, c'est Inesta. C'est vrai que tout le monde dit que Xavi, c'est la dernière passe, mais pour moi, Inesta a plus que cela. Lui, en plus de cette facilité de faire la dernière passe, Inesta a aussi ses crochets, ses accélérations, les double-contacts et toute la panoplie qu'il sort à chaque match. Il freine, il change de direction à sa guise… Il est tout simplement exceptionnel.
Qui vous a le plus malmené durant un match face au Barça ?
Je dirais toujours Inesta. On en a vu de toutes les couleurs avec lui. Les feintes et les double-contacts qu'il fait, on ne s'y attend jamais. Il ne me l'a pas fait à moi, mais il aurait facilement pu me le faire tellement il est impressionnant et je ne l'aurais pas rattrapé. C'est celui que je préfère le plus.
Est-ce que vous n'êtes pas un peu frustrés, vous les joueurs des autres équipes, en subissant cette surmédiatisation du Real et du Barça ?
Ah oui, c'est sûr ! Moi ça me saoule vraiment. Mais en même temps, c'est un peu logique. Ici par exemple, il y a une chaîne de télé qui s'appelle Quatro. Ils diffusent tous les jours une émission sportive d'une heure et dix minutes. Et durant tout ce temps, ils passent 40 mn d'infos sur le Real, 20 mn sur le Barça et les 10 mn qu'il reste, ils te passent un peu Valence et l'Atletico Madrid. Le reste des équipes, ça n'existe pas pour eux. Ils parlent tout le temps de ce que Mourinho a dit, ils disent aussi qu'aujourd'hui, Cristiano Ronaldo a fait ceci ou cela…
Vous êtes carrément inexistants vous les petites équipes...
Carrément. On n'existe que le jour où on joue contre le Barça ou le Real. Sinon, on n'existe pas pour eux. C'est frustrant, mais malheureusement, tout le monde s'y habitue au final. C'est triste, mais c'est comme ça qu'on le vit nous les autres. Et ça va continuer comme ça longtemps, car le Real et le Barça sont ceux qui prennent le plus gros morceau dans les droits télé.
Vous ne réagissez jamais à la télé ?
Même si tu le dis, ils ne le passeront jamais.
En fait, il n'y a pas de presse pour vous, mise à part la presse locale, c'est ça ?
Exactement ! Et même quand tu ouvres la presse locale, tu vois que sur As par exemple, ils ne parlent de ton club que sur deux pages et demie au maximum. Mais si tu achètes As en édition nationale, tu ne trouveras absolument rien sur le Racing Santander. Ils vont peut-être écrire juste que tel joueur est suspendu sur trois petites lignes, c'est tout. Genre Mister Ali a dit aux joueurs qu'ils vont être payés dans trois semaines, sans plus.
Vous vous sentez plus respecté en Algérie qu'en Espagne ?
(à suivre…)


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