«Je ne me vois pas dans un autre métier que celui de footballeur. Je le suis naturellement et en toute honnêteté, je m'y plais à fond.» * Yacine Amaouche, trois de vos frères aînés ont été footballeurs professionnels, est-ce à dire que, chez vous, le football est dans les gènes ? Assurément ! Il y avait toujours un ballon qui traînait à la maison. On a vécu avec. En 2002, on était huit frères à jouer au football. On n'a pas connu tous la même réussite, mais nous partageons la même passion. Je dirais même que chez nous, c'est un don ! Hakim, Samir, Nabil, Abdenour et moi jouions alors en première division. Je ne sais pas si le hasard y est pour quelque chose, mais on a ça dans le sang. * Tu as, à l'opposé, un frère qui est mécanicien, lui, il a raté sa vocation ou quoi ? Oui, complètement… (il rit franchement). Alors là, lui… il est passé complètement à côté. Il n'y connaît rien au football. A y penser, je dirai qu'il tient ça de mon père qui a été mécanicien toute sa vie. Quelque part, il a sauvé les meubles ! (rires). * Tu t'y connais un peu, au moins ? Je me débrouille un peu. Je n'ai pas tout le temps le nez collé au moteur, mais pour me dépanner, ça va, je m'en sors plutôt pas mal. * Combien de frères et sœurs ? C'est tout un contingent. Quatorze en tout ! Onze garçons et trois filles. * Onze frères ! Vous auriez pu monter une équipe de football… Oui, mais tu mettras le mécano à quel poste, toi ! (Il rit franchement)… Cela étant, c'est vrai qu'à onze, on aurait pu en constituer une. * Huit d'entre vous sont footballeurs, un est mécanicien, et les deux autres que font-ils dans la vie ? L'aîné s'est marié et s'est établi en France. Il fut lui aussi athlète à une époque. Il était même champion d'Algérie de saut en longueur ! L'autre a opté pour les études et il s'en sort bien. * Avec qui te sens-tu le plus proche ? Je m'entends avec tout le monde. Mais particulièrement avec Louhab, Mourad, Samir et Nounour (Abdenour, ndlr). On vit encore ensemble. Ce qui fait qu'il y a une certaine complicité. Pour les autres, chacun à sa vie à côté, mais on éprouve un réel plaisir à se retrouver tous les quatorze lors des occasions. * As-tu pensé à quoi aurait ressemblé ta vie sans le football ? Non, je ne me suis jamais posé cette question. Je ne me vois pas dans un autre métier que celui de footballeur. Je le suis naturellement et en toute honnêteté, je m'y plais à fond. J'avais le choix entre poursuivre mes études ou m'investir complètement dans le football. A l'époque, il m'était difficile de faire la navette entre Sidi Aïch où j'étais scolarisé et Béjaïa où je suivais ma formation à la JSMB , alors un jour Nadjar, qui m'avait promu en équipe seniors, m'avait demandé de faire un choix. J'ai opté naturellement pour le football. Aujourd'hui, je ne regrette rien. * T'as arrêté les études à quel niveau ? Deuxième année secondaire. * T'étais bon à l'école ? Couci-couça ! Je n'étais pas très doué, mais pas mauvais aussi. Juste la moyenne, quoi. * Enfant, t'étais comment ? Calme. Relativement sage. J'étais aussi un bon copain. Je dirais que mon enfance n'était pas très mouvementée. J'ai grandi avec un ballon dans les pieds. Avec du recul, je dirai qu'enfant, j'étais bercé par le football. * Qu'est-ce que le football t'a apporté et que penses-tu lui avoir donné ? Ben… tout. J'ai connu des hommes, des vrais. J'ai grandi dans ma tête. J'ai connu des hauts et des bas dans ma carrière, mais Dieu merci, je ne me suis pas du tout ennuyé. A l'opposé, je pense avoir donné ma passion à ce métier. J'en ai fait ma raison de vivre. J'ai toujours été à fond. Et comme on dit, quand tu donnes sans compter, tu reçois forcément en contrepartie, Dieu merci, je ne m'en plains pas. * Matériellement aussi, ça t'a apporté certainement ? El Hamdoullah ! Je suis à l'abri du besoin. Je ne me suis pas fait une fortune, mais je suis heureux de ce que j'ai. De pouvoir aider ma famille. C'est le plus important. * Ton principal trait de caractère ? L'honnêteté * Ton défaut majeur ? (Il réfléchit) La dépense ! ça doit être ça. Moi, quand j'aime, je ne compte pas ! * La faute qui t'inspire le plus d'indulgence ? L'erreur est humaine, dit-on. Donc, on peut tout pardonner pour peu que ça soit innocent. * Ta devise dans la vie ? Vivre à fond le moment présent. Le passé ne se refait pas. Alors autant profiter du présent… * Ta plus grande peur ? Le Bon Dieu. * Ce que tu aimerais changer dans ton physique ? Rien du tout. Je me trouve bien comme je suis. Bien dans ma peau, quoi. Alors, je préfèrerai être moi-même. * En qui aimerais-tu être réincarné ? En moi-même. Si c'était à refaire, je vivrai la même vie ! * Combien d'amis véritables ? Là aucun ! Intimement parlant. J'ai perdu il y a peu un ami dont j'étais très proche. Yahiaoui Sofiane. Paix à son âme. On partageait tout. Sinon je ne vois pas… à part mes frères, peut- être. * Avec qui ne partiras-tu jamais en vacances ? Avec des gens malhonnêtes. * La qualité chez un homme ? L'honnêteté. * La qualité chez une femme ? Idem, l'honnêteté. C'est très important à mes yeux. * A bientôt 30 ans, tu passerais presque pour un célibataire endurci, la vie de célibat te plaît tant que ça ? Non, j'en n'ai plus pour longtemps. C'est bon, je me suis casé ! (rires). J'ai trouvé la femme de ma vie. Elle est enseignante à l'université de Béjaïa. Je me marierai bientôt. * Félicitations … Merci… laâkouba lik, khou ! * Ton footballeur préféré ? Sans hésitation, Maradona. * Le match qui t'a emmené aux cimes de la gloire ? (Il réfléchit)… La finale aller de la Coupe de la CAF de 2001 face au Tonnerre Yaoundé. C'était fou comme match. J'en garde des souvenirs. * Ton autre sport favori ? Disons que j'aime bien le tennis. Ça m'arrive de suivre des parties à la télé. * Tu le pratiques ? Non… * Le personnage historique ? Matoub Lounès, Allah irahmou. Je suis admiratif de la personnalité de cet homme, de son parcours, de ses engagements… J'adore aussi ses chansons. * Ton occupation préférée ? J'aime bien faire des sorties comme ça en famille. Ça m'aide beaucoup à me détendre. Sinon je suis là, collé devant mon téléviseur. * Livre, film, chanson ? Alors pour le livre, je dirai Le Rebelle pour rester un peu dans ce que je te disais à l'instant. Film, j'en ai vu tellement ! Attends, y a un que j'ai vu il y a deux jours qui m'a beaucoup plu… (il cherche dans sa vidéothèque), voilà August Rush. C'est l'histoire de deux amants séparés par la vie que la musique a réunis. Pour la chanson, il n'y a pas qu'une. J'aime écouter Matoub, sans préférence particulière pour l'une de ses chansons. * L'émission télé à ne pas rater ? «L'Equipe du Dimanche» sur Canal. * Ton plat préféré ? Tout ce qui est kabyle. Sinon la loubya , alors là, j' te dis pas. En hiver surtout, ça réchauffe le ventre… (rires). * Avec ou sans lahrissa… Avec, de préférence ! * La tenue parfaite ? Jogging et baskets. Je me sens bien dedans. * L'objet indispensable ? Mon portable. * Ta plus grosse folie ? Ma nouvelle voiture. J'ai dû casser ma tirelire pour l'acquérir. * Le cadeau rêvé ? Ma fiancée. C'est la plus belle chose qui m'est arrivé. * T'es amoureux dis donc ? Oui, je ne m'en cache pas (rires). * Le bonheur parfait ? Vivre en bonne santé auprès des miens. Tous réunis, ça serait bien. * Le pays où tu iras vivre à la fin de ta carrière ? La France, peut-être. Mais il faudra d'abord convaincre ma fiancée. * S'il ne te restait qu'une heure à vivre, tu ferais quoi ? Je les passerai aux côtés des miens. Je les embrasserais et je leur dirais que je les aime. Entretien réalisé par Achour Aït Ali