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Yebda finalmente in Champions !*
Publié dans Le Buteur le 18 - 05 - 2011


«Pour moi, le Mondial est un mauvais souvenir»
Naples, qui revient dans la cour des grands d'Europe avec un Algérien dans ses rangs, qui l'eut cru ? Certainement pas l'Algérien en question, Hassan Yebda de son nom, milieu de terrain de profession et nouveau Napolitain d'adoption. 21 ans après la dernière participation de Naples à la plus prestigieuse des compétitions européennes, sous la conduite de Diego Maradona, à l'époque, voilà qu'un Algérien participe à la renaissance de l'un des clubs les plus passionnés du monde du football. Yebda ne peut que savourer : «Au jour d'aujourd'hui, on peut dire que j'ai vraiment fait un très bon choix, car je suis très heureux d'avoir vécu cette saison avec Naples. Je voulais partir de Benfica, mais je ne voulais pas être prêté. La saison des transferts de l'année dernière a été longue et difficile. Naples s'était positionné depuis longtemps pour me prendre en prêt. J'avais discuté à plusieurs reprises avec le directeur sportif, l'entraîneur et la personne qui s'occupe des recrutements, lesquels m'avaient appelé plusieurs fois. Comme j'ai vu qu'ils tenaient vraiment à moi, j'ai fini par accepter. El hamdoullah, ça s'est très bien passé.»
«Il y avait deux autres clubs ambitieux qui me voulaient, mais j'ai hésité»
C'est ce qu'on appelle un choix judicieux, un vrai. Le plus admirable dans l'histoire est que ça n'a pas été un choix par défaut, dicté seulement par l'urgence, voire par le manque de contacts. «Il y avait deux autres clubs ambitieux où j'aurais vraiment pu être prêté, dont un en Italie. Je ne peux citer ces clubs, mais j'ai été vraiment à deux doigts de rejoindre l'un ou l'autre. Chacun de ces deux clubs m'offrait un beau challenge, mais j'avais hésité un peu, puis avais décidé d'opter pour Naples. Donc, il ne s'agissait pas d'un choix par défaut, mais d'une option réfléchie. Aujourd'hui, je me rends compte que j'ai très bien fait.» Le déroulement de la saison lui a non seulement donné raison, mais il n'a aucun regret à nourrir puisque, assure-t-il, «l'autre club italien qui me voulait n'est pas qualifié pour la Ligue des champions».
«A Naples, j'ai trouvé la mer, des gens ouverts, un groupe chaleureux et un entraîneur de grande classe»
«Voir Naples et mourir» Que de poètes ont chanté cette maxime romaine devenue l'un des slogans de la ville ! Yebda a vu Naples, mais il veut y rester le longtemps possible avant de mourir. «Je me suis installé dans une très, très belle ville, que j'apprécie énormément parce que les gens y sont ouverts et chaleureux. Il y a la mer, le beau temps, les tifosis, le stade San Paulo qui est mythique…» Autant de motivations pour rester la saison prochaine, surtout qu'il retient de belles choses de sa saison. «Au plan sportif, j'étais dans un groupe de joueurs talentueux, avec un entraîneur de grande classe et qui est un vrai personnage avec son caractère particulier… Vraiment, il y avait tout pour réussir ici. J'ai saisi ma chance.»
«C'était dur de commencer la préparation en septembre»
A Naples, il a trouvé également un entraîneur atypique, Walter Mazzari, qui a réussi là où plusieurs coaches ont échoué, au point que plusieurs clubs se l'arrachent à présent. «Avec l'entraîneur, ça s'est très bien passé. Il me disait dès le départ qu'il comptait sur moi. Donc, il n'y a que du positif pour moi.» Le mérite de l'international algérien est d'autant plus grand qu'il avait débarqué dans un contexte pas du tout favorable pour lui. «Mon arrivée à Naples a été un moment difficile. Mon premier entrainement en groupe s'est déroulé le 1er septembre alors que mes coéquipiers avaient repris en fin juin et que le championnat avait déjà commencé. C'était dur d'entamer une préparation au mois de septembre, alors que tous les autres étaient déjà prêts. C'était donc normal que je n'aie pas de temps de jeu durant les premières semaines. Puis, ça s'est passé de mieux en mieux petit à petit et j'ai réussi à montrer ce que je savais faire. J'aurais voulu faire encore beaucoup plus, mais je suis quand même satisfait de ma saison.»
«Après le titre mondial U18, la CAN, le Mondial, l'Europa League, il ne me rseet que la Ligue des champions»
Yebda avait la possibilité de disputer la Ligue des champions en 2009 après avoir remporté le championnat du Portugal avec Benfica, en glanant, au passage, le titre honorifique de meilleur joueur du club de la saison, mais il avait été prêté à Portsmouth. Il se voit à présent offrir une nouvelle opportunité. Va-t-il la saisir cette fois-ci ? «Tout joueur ambitieux aimerait participer à la Ligue des champions. C'est quelque chose d'extraordinaire. J'ai fait la CAN et la Coupe du monde avec l'Algérie, j'ai gagné la Coupe du monde U18 avec la France, j'ai participé à l'Europa League, il ne me manque plus que jouer la Ligue des champions. J'espère la jouer avec Naples de préférence, sinon avec un autre club.» En plus clair, tout dépendra des négociations de cet été entre le Benfica, auquel il appartient toujours, et Naples. Naples qui est, pour paraphraser les Napolitains ce week-end, «finalmente in Champions» (finalement en Ligue des champions). Yebda l'est également. A présent qu'il a vu Naples, il lui reste à écouter l'hymne de la Ligue des champions en entrant sur le terrain, avant de mourir… le plus tard possible.
Yebda finalement en Ligue des champions
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«Contre le Maroc, j'ai été tenté par tirer une panenka»
Lorsque Karim Yebda s'était présenté pour titer le penalty que l'arbitre avit sifflé en faveur de l'Algérie contre le Maroc (c'était justement pour sanctionner une faute de main qu'il avait provoqué), il y avait des observateurs qui se sont posés la question : «Va-t-il tenter une panenka ?» Quand on sait que Yebda a «osé» ce geste technique –et l'a réussi- en pleine séance de tirs au but contre l'Inter de Milan en Coupe d'Italie, il ne fallait pas être surpris qu'il ne le tente pas. «Franchement, j'ai pensé à tirer une panenka, mais je me suis ravisé car, dans l'équipe marocaine, il y avait Houssine Kharja, joueur de l'Inter, qui m'avait vu transformer mon tir au but de la sorte contre son équipe en Coupe d'Italie et je me suis dit qu'il a peut-être instruit son gardien de but à mon sujet. C'est pour ça que j'ai préféré assurer en tirant d'une manière classique.»
«A 99%, je l'aurais réussie»
Le plus fou, c'est qu'il est presque convaincu qu'il aurait réussi son coup s'il l'avait tenté. «Dans un match avec autant de pression, le gardien de but choisit un côté et se dit qu'il faut y aller résolument. Il pense rarement à prendre le risque de rester au milieu. Donc, j'estime qu'à 99 %, j'aurais réussi la panenka si je l'avais tentée. Cependant, vu l'importance du match et de crainte de voir les supporters réagir négativement en cas de ratage, j'ai préféré la prudence. Cela dit, qu'il soit tiré en panenka, d'un tir croisé ou en pointu, un penalty réussi équivaut à un but. Ce n'est pas parce qu'on le tire d'une certaine façon qu'il vaudra double.»
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C'était les 24 heures du… Mans !
Le week-end qui s'est achevé a été riche en émotions et en conquêtes pour quelques joueurs et entraineurs qui partagent tous un point commun : lors de la saison 2007-2008, ils étaient au Mans, alors en Ligue 1 française. Hassan Yebda y était (c'est d'ailleurs dans ce club qu'il avait marqué son retour sur la scène footballistique après deux graves blessures et qu'il s'est fait remarquer par Benfica) et il vient de décrocher, avec Naples, la 3e place de la Serie, qualificative pour la Ligue des champions. Les deux attaquants Gervinho et De Melo y étaient aussi et, la veille, ils ont remporté, avec Lille, la Coupe du France en battant le Paris Saint-Germain. Il y avait également comme entraîneur un certain Rudi Garcia, aujourd'hui coach de cette même équipe de Lille. Finalement, entre samedi et vendredi, c'était les 24 heures du Mans, en version football.
«Rudi Garcia, Gervinho, De Melo, Romaric et Sessegnon ont tous réussi»
Yebda, qui a toujours été reconnaissant envers Le Mans pour lui avoir permis de renaître, suit avec attention les performances de ses anciens camarades. «Je suis vraiment content pour l'entraîneur Garcia ainsi que pour De Melo et Gervinho. Ils sont même bien partis pour remporter le championnat de Ligue 1, donc le doublé. Je n'oublierai pas non plus Romaric, qui a terminé le championnat de Liga avec le FC Séville en 5e position, ainsi que Sessegnon, qui a explosé au Paris Saint-Germain, avant de partir à Sunderland où il semble avoir trouvé ses marques ces dernières semaines. Cela montre bien que Le Mans était une véritable pépinière de talents.»
«Je suis le parcours du Mans»
Preuve qu'il ne rate rien de l'actualité du Mans : c'est lui qui nous a appris, quelques minutes seulement après la fin du match de cette équipe en Ligue 2 dimanche soir, qu'elle avait gagné 4-0. Il suivait le match par internet sur son téléphone portable, alors qu'il était dans un train. «Oui, je continue à suivre son actualité car c'est un club qui m'est cher. Cette victoire le remet à la 3e position en Ligue 2, à deux journées de la fin du championnat. J'espère qu'il accèdera en Ligue 1.»
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«Pour moi, le Mondial est un mauvais souvenir»
Lorsque Naples joue à domicile, donc doit faire le jeu, vous êtes titularisé, mais quand il joue à l'extérieur, c'est plutôt Pazienza et Gargano, plutôt défensifs, qui sont titularisés dans un schéma tactique défensif. Cette schématisation résume-t-elle la philosophie de l'entraîneur ?
Non, car l'entraîneur a des choix divers. Parfois, il a fait jouer Pazienza et moi, d'autres fois, Gargano et moi et d'autres fois encore, Pazienza et Gargano. Il n'a pas de schéma figé. Je ne sais pas quels sont ses critères de choix à chaque fois. Ce sont tout simplement des choix de l'entraîneur qu'on ne doit pas discuter. Lorsque j'étais arrivé au club, il voulait plutôt me faire jouer derrière, devant la défense, mais au fil des matchs, il m'a replacé en tant que milieu relayeur.
Cependant, dimanche contre l'Inter, nous avons remarqué que lorsque vous avez été incorporé sur le terrain, vous vous êtes mis à diriger vos coéquipiers de la voix et du geste. Est-ce le signe que vous avez pris confiance au sein de l'équipe, au point de prendre certaines responsabilités ?
Dans ce match-là, l'entraîneur m'a assigné un rôle un peu différent. Il m'a fait jouer en meneur de jeu sur le côté droit, une sorte de numéro 10. Cela dit, c'est vrai que, plus on est avec le groupe, plus on connaît les joueurs, plus on arrive à se faire respecter et à se fondre dans l'ambiance. J'ai pris confiance petit à petit, j'ai de très bons amis au sein du groupe, un groupe exceptionnel, il faut le dire. Je me suis trouvé des affinités avec bon nombre de joueurs de cette équipe. C'est cette solidarité qui a fait notre force cette saison.
Doit-on comprendre par là que vous avez été bien accepté par le groupe ?
Absolument. Avant de venir en Italie, j'avais eu quelques échos comme quoi ça allait être difficile pour moi d'être accepté. Avec le temps, je me suis rendu compte que c'était vraiment du n'importe quoi et qu'on m'avait raconté des c… Dès mon arrivée au club, j'ai été accueilli à bras ouverts et il y en avait même qui m'avaient invité directement chez eux.
Une chaleur toute méditerranéenne à l'algérienne…
Tout à fait. Ce sont de vrais Méditerranéens et c'est quelque chose d'extraordinaire.
On a vu qu'après le match contre l'Inter, tout le monde, joueurs, entraîneur, président et supporters, a communié pour fêter la qualification en Ligue des champions et vous n'avez pas été le dernier à faire l'ambiance. C'est un indice de parfaite intégration…
Oui, et aussi d'esprit de solidarité au sein du groupe. Naples n'a pas le meilleur effectif de la Serie, mais nous avons fait quand même mieux que la Roma, que la Fiorentina, que la Lazio et que la Juventus. C'est justement là où réside notre performance : sans avoir l'effectif le plus fourni de la Serie A, nous avons réalisé quelque chose de très grand. C'est surtout grâce à l'esprit de groupe qui nous animait.
La pression existe-elle à Naples plus que partout ailleurs où vous avez joué ? Si oui, l'avez-vous ressentie, surtout ces dernières semaines où il vous manquait un point pour assurer votre participation à la phase des poules de la Ligue des champions ?
Après avoir perdu à domicile face à Udinese, nous savions que ce serait très difficile d'aller chercher le titre. Nous nous sommes donc inconsciemment relâchés un peu et c'est pour ça que nous n'avons réolté qu'une seule victoire en quatre matchs. Cependant, nous savions que nous allions avoir ce point. Nous nous sommes battus jusqu'au bout. La pression était présente, bien évidemment, mais c'est une pression positive qui nous fait avancer. Vraiment, on aime quand il y a la pression, moi en particulier !
Qu'en est-il du comportement des supporters avec vous, que ce soit au stade ou dans la rue ?
Ce sont des gens extraordinaires, chaleureux et passionnés. C'est simple : on dirait des Algériens. Ils aiment bien nous aborder tout le temps dans la rue pour demander des autographes, des photos ou tout simplement pour discuter. Nous répondons à leurs sollicitations avec plaisir.
Même après les défaites ?
Après les défaites, c'est «Qu'avez-vous donc fait ? Pourquoi avez-vous joué comme ça ?» Comme les Algériens, quoi (rire). C'est normal, ce sont des supporters et il faut se mettre à leur place.
Avez-vous conscience de la portée de la performance que Naples a réalisée cette saison, avec un retour en Ligue des champions, après 21 ans d'absence ?
C'est certainement quelque chose d'extraordinaire que nous avons réalisée cette saison. Moi, je ne m'en rends pas compte tout de suite. Peut-être que je réaliserai pleinement la saison prochaine, avec la participation à la Ligue des champions, si je serai encore là.
«Si je serai encore là» ! Doit-on comprendre par là qu'il y a des doutes quant à votre présence au sein de l'effectif de Naples la saison prochaine ?
Il y a des doutes, bien sûr. Je n'ai pas encore signé à Naples. J'ai été seulement prêté au club et j'appartiens toujours au Benfica. Les clubs doivent discuter entre eux et on verra où je finirai.
Avez-vous perçu au sein du club une volonté de vous acheter définitivement ?
J'ai eu des discussions avec des responsables du club, mais au jour d'aujourd'hui, il n'y a rien de décidé. Ce qui est sûr, c'est que je suis toujours en prêt jusqu'au 31 mai. Ma situation est encore floue. Je ne peux pas encore dire si je retournerai à Benfica ou si je serai vendu à Naples ou à un autre club.
Votre souhait, c'est de rester à Naples ?
Oui, car je me sens vraiment très bien à Naples. Cela s'est très bien passé pour moi cette saison, tout le monde m'a très bien accueilli et m'a vite adopté et je souhaite rester. J'attends de voir ce qui arrivera.
C'est sans doute parce que vous avez envie de vous stabiliser enfin, vous qui avez vécu, ces dernières années, au rythme d'un club par saison et même un pays différent par saison ?
(Rire) C'est vrai que ce serait bien que je me stabilise. Cependant, je n'en fais pas un problème. J'aime découvrir de nouvelles choses, de nouvelles villes, de nouveaux entraîneurs, de nouveaux types de football… J'aime le renouveau perpétuel, la pression de vouloir gagner sa place dans un nouveau club, être en difficulté à chaque fois. Tout cela ne me fait pas peur. Cela dit, c'est vrai aussi que changer de club chaque saison nous fait porter l'étiquette de joueur instable. C'est l'une des raisons qui font que j'aimerais rester à Naples.
Ce serait bon aussi afin de vous faire éviter ce que vous avez vécu ces deux dernières années, à savoir signer lors du dernier jour de la période des transferts, ce qui a toujours nui à votre début de saison…
C'est vrai. A chaque fois, ça a été le suspense à 100 %, jusqu'au dernier jour des transferts. Cela est mauvais pour moi, ça me met de plus en plus en difficulté. J'ai toujours surmonté cela grâce à ma force de caractère et ma volonté de m'imposer dans l'équipe, mais j'aimerais bien éviter cela à l'avenir.
Quand connaîtra-t-on exactement votre prochaine destination ?
Je ne sais vraiment pas. Qui sait ? Peut-être que ça ira jusqu'au 31 août, comme chaque année (rire).
Ces dernières années, vous semblez vous être abonné à l'exubérance : ras-de-marée des supporters à Lisbonne après le titre remporté le Benfica en 2009, liesse populaire extraordinaire dans toute l'Algérie après la qualification pour le Mondial, festivités à Naples après la qualification à la Ligue des champions, comme si le club avait remporté le trophée… Pensez-vous que c'est pour vivre des moments pareils qu'il est bon d'être footballeur ?
Absolument. Je ne connais aucun footballeur qui aime fêter le maintien (rire). Des moments pareils resteront à jamais gravés dans ma mémoire. C'est ce qui fait le charme de notre métier. Après une saison longue faite de pression et de difficultés, terminer 3es, derrière le Milan AC et l'Inter, champion d'Europe en titre, à 4 points du leader, est quelque d'extraordinaire. Justement, j'aime les clubs où la pression est à son paroxysme et les supporters à fond, comme à Benfica ou à Naples, et aussi en Algérie. Il y a des joueurs pour qui la pression est un facteur de motivation et j'en fais partie. C'est quand il y a la pression que je réussis à répondre présent. Du moins, j'essaye de la faire.
Champion du Portugal avec le Benfica, finaliste de la Cup avec Portsmouth, qualifié pour la Ligue des champions avec Naples… Ne pensez-vous pas, avec du recul, être passé à côté d'une carrière plus brillante s'il n'y avait pas les blessures qui vous avaient handicapé au début de votre carrière en seniors ?
Peut-être, mais c'est le mektoub. J'ai été gravement blessé quand j'étais à Auxerre et, donc, je n'avais pas pu jouer en tant que professionnel là-bas. Qui sait ? Peut-être que j'aurais eu une autre trajectoire si j'avais pu jouer à Auxerre. Peut-être aurais-je eu une carrière plus brillante, dans un club plus huppé, et peut-être aussi que je serais dans un club encore plus modeste. On ne le sait pas et on ne le saura jamais. Moi, ce que j'espère, c'est d'aller toujours plus loin. J'espère que ça se passera de mieux en mieux.
Lors du match contre le Maroc, et après la sortie de Anthar Yahia pour blessure, vous avez hérité du brassard de capitaine, en l'absence de Karim Ziani et Madjid Bougherra. Vous sentez-vous à présent mûr pour prendre plus de responsabilités au sein de la sélection ?
Jusqu'à aujourd'hui, j'ai fait des choix de carrière qui se sont révélés globalement judicieux. Aujourd'hui, à 27 ans, je me sens en pleine maturité. J'ai connu beaucoup de choses dans le football : les championnats français, portugais, anglais et italien, de grandes compétitions en club et en sélection, le haut niveau… Je pense que j'ai acquis une certaine expérience. Si le sélectionneur souhaite me donner plus de responsabilités sur le terrain, je répondrai présent. Pour en revenir au match contre le Maroc, ça m'avait fait beaucoup plaisir d'avoir été le capitaine après la sortie de Anthar, même si je n'ai pas souhaité voir mon coéquipier sortir sur blessure. Capitaine de la sélection de son pays même pour 2 minutes, c'est quelque chose de fantastique.
Après avoir transformé le penalty contre le Maroc, votre joie, ostentatoire, était-elle provoquée par le fait d'avoir inscrit votre premier but avec les Verts ?
Pas seulement cela. A cause des mauvais résultats des derniers mois, le peuple était frustré et nous le savions. Il méritait que nous lui redonnions le sourire. De plus, depuis son arrivée, Abdelhak Benchikha a fait tout son possible pour redonner une âme à l'équipe. La défaite contre la République centrafricaine ne pouvait aucunement lui être imputée, car il était impossible qu'il apporte sa touche et qu'il fasse des réglages en seulement quatre jours. Il méritait lui aussi une victoire pour récompenser ses efforts. Quand j'ai inscrit ce but, c'est toutes ces frustrations passées qui sont remontées à la surface et c'est pour cela que j'étais très heureux car, vraiment, nous avions beaucoup à nous faire pardonner. Il est clair aussi que j'ai été comblé de bonheur d'avoir inscrit mon premier but en Equipe nationale, même si c'était sur penalty. A ce propos, j'ai vu des gens dire que c'était un but facile car c'était sur penalty. J'aurais bien aimé voir ces gens aller tirer un penalty devant 60 000 supporters à Annaba, dans un derby contre le Maroc où nous étions obligés de gagner. Croyez-moi, ce n'est pas aussi facile qu'on le pense.
Ces gens devraient poser la question à Roberto Baggio qui a raté un penalty en finale de Coupe du monde, non ?
Tout à fait. Et pourtant, c'était Roberto Baggio. Comme quoi, ce n'est pas facile de tirer un penalty et même les meilleurs peuvent en rater.
Qu'est-ce que vous inspire Benchikha, maintenant que vous le connaissez assez bien ?
Avant son installation à la tête de l'EN, nous avions entendu beaucoup de choses sur lui qui se sont révélées fausses. Le pauvre ! Vraiment, c'est quelqu'un de respectable qui a fait beaucoup pour le football et qui est aujourd'hui sélectionneur national. C'est quelqu'un de très humble, qui travaille beaucoup, qui est à cheval sur la rigueur, mais dans le bon sens du terme. Il ne badine pas avec la ponctualité et avec la discipline de groupe. Sur le terrain aussi, croyez-moi, il connaît très bien ce qu'il a à faire, surtout dans le domaine tactique, ce qu'il doit dire, car il a cette faculté de trouver les mots justes pour faire passer son message. Il sait communiquer, il arrive à nous toucher. On voit très bien, à travers ce qu'il nous dit et nous fait faire, qu'il connaît très bien le football. Ça nous fait plaisir d'avoir un entraîneur comme lui.
A-t-il réussi à vous mettre en confiance ?
Oui, dès le premier jour. C'est vrai que notre premier match avec lui s'était soldé par une défaite en République centrafricaine, mais il ne pouvait pas faire des miracles en quatre jours. Là, nous avons réalisé notre première victoire ensemble contre le Maroc, ce qui nous permet de revenir à hauteur de nos adversaires. En tout cas, sa venue nous a fait un grand bien, en espérant que ça continue.
Comment voyez-vous le match retour contre le Maroc ?
Je ne sais pas, franchement. Je ne sais pas comment ça va se passer, tant que l'événement n'est pas arrivé. Franchement, je ne pense pas encore au match.
Est-ce que ça va se jouer encore une fois à l'état d'esprit ?
Au match aller, nous étions au pied du mur, nous savions ce qu'il fallait faire, à savoir gagner impérativement. Là, je ne sais pas si l'état d'esprit sera le même, ni comment nous allons aborder ce match. Je préfère ne pas en parler pour le moment.
Saâdane, lui aussi, était proche des joueurs à sa manière, en soutenant notamment les joueurs qui étaient en manque de compétition…
C'est vrai que Saâdane travaillait beaucoup à l'affectif. C'est ce qui faisait sa force. C'était l'un de ses points forts. Après, c'est sûr qu'il y a eu des joueurs qui ne jouaient pas, mais qu'il avait appelés. Cela relève des choix de l'entraîneur et il n'y a que lui pour dire s'il avait raison ou s'il avait tort.
Etes-vous resté en contact avec votre ancien coéquipier à Portsmouth, Nadir Belhadj ?
Oui, absolument. Je l'ai souvent au téléphone. C'est une personne que j'apprécie énormément. De plus, c'est un grand joueur. Pour moi, c'est l'un des meilleurs joueurs à son poste, même en Europe. C'est juste qu'il n'a pas eu de chance. Je suis convaincu qu'il reviendra très fort. J'ai confiance en lui.
Vous êtes à présent quatre Algériens à évoluer en Serie A, même si Mourad Meghni n'a pas joué cette saison. Pensez-vous que c'est un championnat qui convient bien aux joueurs algériens ?
Oui, il correspond bien aux qualités des Algériens. C'est un championnat qui réunit de tout : la tactique, le physique, la technique… Vous voyez comment Djamel Mesbah a réussi sa première saison en Serie A avec Lecce ! D'ailleurs, je l'en félicite, surtout que ça n'a pas été facile pour son équipe qui a été presque tout le temps dans le bas du tableau. D'ailleurs, Lecce a réussi à s'extraire de la zone des relégables en nous battant il y a dix jours, avant de confirmer ce dernier week-end en allant gagner à Bari. Je me rappelle d'un match où Lecce perdait 1-3 à domicile, avant de revenir à 3-3 grâce notamment à un but de Djamel. Il a vraiment fait une très bonne saison.
Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Mesbah a insisté sur la nécessité de s'adapter au football d'ici, notamment en travaillant tactiquement. L'aspect tactique est-il donc si important en Italie ?
Bien sûr ! Ici, si on encaisse un but à cause d'une erreur tactique, c'est une faute personnelle. C'est quasiment un drame. On se fait vite tirer les oreilles. En France, par exemple, lorsqu'on commet une erreur tactique, c'est simplement une erreur comme toutes les autres, alors qu'en Italie, on travaille tellement ce volet tous les jouers de toutes les semaines de toute la saison, qu'une telle erreur pèse et le joueur devient mal vu. Djamel a fourni beaucoup d'efforts afin d'acquérir et d'assimiler des notions tactiques qu'ils ne connaissait pas auparavant et c'est tout à son honneur d'avoir réussi. Ça a fini par payer pour lui. J'espère qu'il connaîtra un plus grand club la saison prochaine.
Pensez-vous que Abdelkader Ghezzal, qui n'a pas beaucoup joué avec Bari et qui n'y est pour rien dans la rétrogradation de son club, pourra trouver un club de Serie la saison prochaine ?
Kader est un bon joueur et il l'a déjà prouvé maintes fois. Souvent, il joue un rôle ingrat sur le terrain, un peu comme Makelele qui fait un travaille énorme dans l'ombre que très peu de gens remarquent. Kader est ainsi : il est très précieux sur le terrain, surtout dans le pressing et la récupération, mais ça ne se voit pas. Il a fait une excellente CAN en épuisant les défenses adverses pendant tout le tournoi, mais ça ne s'est pas vu, car il y a des gens qui ne retiennent que les buts. Nous sur le terrain, nous sentions à quel point il était utile. C'est vrai qu'il n'est pas très efficace en sélection, mais il a de très grandes qualités.
Vous avez eu des déclarations équivoques à la télévision à propos de Yazid Mansouri, puisque des gens ont cru comprendre que vous lui donnez tort dans la polémique qui l'a opposé à Saâdane. Est-ce vrai ?
Pas du tout. J'ai seulement dit que j'aurais préféré que ses reproches ne soient pas exposés dans les médias. Je n'ai absolument rien contre Mansouri. C'est quelqu'un avec qui j'ai toujours entretenu de très bons rapports. Lorsque j'étais arrivé en sélection, il m'avait très bien accueilli en faisant beaucoup pour faciliter mon intégration. Nous avons fait une très bonne CAN en jouant ensemble. Franchement, c'est quelqu'un de respectable. Je ne veux pas revenir encore une fois sur la Coupe du monde à laquelle il n'a pas participé. Personne ne peut se mettre à sa place, car il était capitaine de la sélection durant 7 ans et il s'est vu du jour au lendemain mis sur la touche. Il ressent une douleur et c'est légitime. En tout cas, personne ne peut se mettre à sa place et personne ne doit le juger.
Vous avez été champion du monde avec la France en U18 en 2001 et, ces dernières semaines, il y a eu une polémique en France au sujet des joueurs binationaux qui ont opté pour leurs pays d'origine, après avoir défendu les couleurs de la France. Vous sentez-vous concerné ?
Franchement, je n'ai pas d'avis à donner sur ce sujet. J'ai joué en équipe de France chez les jeunes. Après, la sélection de France A ne m'a pas appelé et je ne vois pas pourquoi j'attendrai que ma carrière se termine sans être jamais appelé, alors qu'il y a mon pays d'origine qui sollicite mes services, de surcroît en retrouvant de très bons amis que je connaissais déjà auparavant, comme Rafik Djebbour et Rafik Ziani. Non, vraiment, cet appel de la sélection d'Algérie a été une chose extraordinaire qui m'est arrivée et je ne le regrette nullement.
Une année est passée depuis la Coupe du monde en Afrique du Sud. Avez-vous définitivement tourné la page ou bien restez-vous sur quelques souvenirs de cet événement ?
Je ne veux pas garder de souvenirs de ce Mondial, car il y a très peu de bons souvenirs, mis à part notre performance face à l'Angleterre. Rien d'en parler, ça me fait mal, surtout en repensant au match contre la Slovénie, car je suis convaincu que nous sommes passés à côté de quelque chose de fabuleux. Nous avons des regrets. Certes, il y a la qualification à cet événement qui restera à jamais gravée en moi, mais il faut passer à autre chose.
Vous êtes donc partisan de ne pas vivre du passé, comme cela avait été longtemps le cas avant ce Mondial, et de se tourner résolument vers l'avenir ?
Absolument. C'est bien de se souvenir des belles choses du passé, mais c'est encore mieux de réfléchir à faire mieux à l'avenir et d'y travailler en conséquence. Le Mondial d'Afrique du Sud a été une belle expérience pour l'Algérie et nous nous sommes fait respecter, mais le plus important est d'être présent à la prochaine Coupe du monde, puis à la suivante et ainsi de suite. Plutôt que de vivre sur le passé, il faut penser à être régulier dans le haut niveau à l'avenir.
En parlant des qualifications pour le Mondial-2014, préférez-vous le système de qualification qui vient d'être adopté, à savoir une phase de poules suivie de deux matchs en aller-retour à éliminations directe, ou bien celui des précédentes qualifications, à savoir deux phases de poules successives ?
Disons que l'élimination directe en aller-retour a son charme, à condition, bien sûr, que l'Algérie arrive à terminer première de sa poule. Se qualifier à la Coupe du monde doit être un objectif raisonnable permanent. Il faut voir grand. L'Algérie a fait son double retour sur les scènes africaine et internationale. Elle doit veiller à rester au sommet. Il faut viser toujours plus haut.
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Après le portugais et l'anglais, il s'est mis à l'italien
Dans chaque pays où il y a joué, Karim Yebda en a appris la langue. Quand on sait qu'après la France, il est passé successivement par le Portugal, l'Angleterre et l'Itali, bien qu'en ayant passé une seule année dans chacun de ces pays, il y a de quoi être surpris. «J'ai toujours été porté sur les langues. J'aime ça. Au Benfica, j'ai appris le portugais tout seul, en écoutant parler le coach, mes coéquipiers et les journalistes», nous a-t-il confié. Pour la petite histoire, durant la CAN-2010 en Angola, Rafik Halliche et lui ont été les seuls joueurs algériens à avoir parlé à des médias angolais qui s'expriment en portugais. En Angleterre, cela a été beaucoup plus facile parce que «j'avais acquis la base durant mes études, mais je le parlais rarement puisque nous étions une quinzaine de joueurs au club à parler le français !» A présent, c'est l'italien, «que j'ai appris sur le tas, comme au Portugal». Et d'avouer : «Je ne le maîtrise pas encore bien. Je peux juste me débrouiller avec pour le quotidien et pour communiquer dans le jargon du football. Si je reste à Naples, je pense à prendre des cours.» Il va bientôt devenir un polyglotte comme Anthar Yahia ! Au fait, il lui reste à apprendre l'espagnol et l'allemand. Qui sait ? Peut-être cela lui inspirera-t-il un transfert en Liga ou en Bundesliga…
Joyeux anniversaire !
C'est passé presque inaperçu, mais Hassan Yebda a bouclé ses 27 ans samedi dernier, soit la veille du match face à l'Inter. «J'ai eu un beau cadeau d'anniversaire avec la qualification pour la Ligue des champions», reconnaît-il avec le sourire. Joyeux anniversaire ! Peut-être l'année prochaine, les 28 ans avec un titre…
L'iroquoise, ça date de Lisbonne
Depuis qu'il est en sélection nationale, Hassan Yebda a toujours la même coupe de cheveux : à l'iroquoise, soit rasé sur les côtés avec une bande chevelue au milieu. Cela a inspiré quelques adolescents en Algérie qui ont adopté la coupe de leur idole. Pourtant, il n'assure que cette coupe n'a aucun secret particulier. «Je l'ai essayé la première fois chez un coiffeur à Lisbonne, lorsque je jouais au Benfica. Elle m'a plu et je l'ai gardée jusqu'à ce jour. Je ne dis pas que je la garderai toujours. Peut-être que viendra le jour où je me coifferai autrement.»


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