«Au Caire, on avait toutes les pressions du monde pour se faire éliminer et on a tenu le coup. Alors, à Marrakech…» «Si on a la rage de vaincre de l'Algérien, rien ne pourra nous arriver» Depuis des années, on vous voit parfois au milieu, parfois sur les côtés. Où situez-vous exactement votre poste ? Tout dépend du système, à vrai dire. Mais j'aime bien avoir une certaine liberté, même quand je joue sur les côtés. Vous n'aimez pas être bridé en fait, c'est ça ? Même pas, puisque je fais mon boulot défensivement sans problème. A l'heure actuelle, je pense que le poste où je me sens le mieux, c'est en 8. Même si ça dépend toujours du système prôné par le coach. Je peux jouer milieu dans l'axe, j'attaque, je défends, vous voyez ce que je veux dire ? J'aime avoir souvent le ballon pour construire le jeu. Mais je peux aussi m'adapter selon les besoins de l'équipe, même si j'aime toujours garder une certaine liberté. Mais dans l'axe, ça reste mon poste préféré. Qu'est-ce qui a changé dans votre jeu par rapport à l'Allemagne ? Déjà, ici je suis vraiment content parce que je commence à retrouver les sensations auxquelles je n'avais pas goûté quand j'étais en Allemagne. C'est cela le plus important, car ce n'est pas évident de retrouver des sensations après une si longue période… Ça peut «tuer» un joueur de ne pas jouer longtemps ? Je ne sais pas, mais en tous cas, je peux dire que c'est assez difficile pour reprendre. Quand ça ne vient pas, tu commences à te poser des questions. Et puis la seule chose qui peut te sauver, c'est de continuer à travailler encore et toujours. C'est le travail et le mental, ou les deux qui vous font remonter la pente ? Si tu n'as pas le mental, tu ne pourras pas travailler comme il faut et remonter la pente. C'est cela qui te pousse à te surpasser, qui te donne la force d'aller au-delà des limites qui se dressent devant toi à force de ne pas avoir joué longtemps. Est-ce que vous avez fini par douter quelque peu à Wolfsburg ? Non, ce n'est pas ça. Je n'ai pas vraiment douté car je savais qu'en travaillant ça allait revenir. Le problème c'est que, à un moment donné, j'avais des opportunités pour partir ailleurs, mais il n'y avait pas de proposition écrite noir sur blanc. Après, avec le temps, le fait de ne pas jouer de manière régulière pendant un an, a fait en sorte que les clubs commençaient à se poser des questions. Cela avait nourri une incertitude à mon sujet. Surtout que les clubs qui me voulaient, jouaient des challenges importants pour leur avenir. Je les comprends bien, car ce n'était pas facile de s'engager avec un joueur qui ne jouait plus depuis un an. Tu ne sais pas dans quel état il va arriver. Après, j'ai trouvé Kayserispor qui n'a pas douté de moi et, du coup, moi non plus je n'avais pas douté. Que conseilleriez-vous à quelqu'un comme Mourad Meghni ? Franchement, je souhaite à Mourad de vite retrouver la compétition. Je lui conseillerai de s'engager même avec un club un peu en dessous de sa valeur, pour peu qu'il ait du temps de jeu. Ce n'est pas dévalorisant pour un joueur qui est déjà un peu atteint ? Non, pas du tout. Car je suis sûr qu'en retrouvant du temps de jeu, il retrouvera son football et ça va vite redémarrer pour lui Inchallah. L'important c'est de remettre le pied à l'étrier. C'est-à-dire de rejouer régulièrement, après tout va s'enchaîner. Il vaut mieux être dans un club moyen et jouer tout le temps que faire banquette dans un grand club et s'exposer au risque de perdre ses sensations. On a remarqué que depuis quelques années maintenant, vous avez pris l'habitude de ne pas trop tirer au but, préférant systématiquement tenter la passe. N'est-ce pas là un atout à récupérer ? Le problème est que j'ai tellement pris l'habitude de tenter de donner un bon ballon de but à un coéquipier que je ne tire plus beaucoup comme avant. C'est à moi de travailler pour retrouver cela. C'est vrai que je cherche trop aujourd'hui la situation idéale avant de tirer et, dans le foot, des fois, il ne faut pas se poser de questions et tirer. Parfois c'est comme ça qu'on arrive à marquer aussi. Il faut que je retravaille cela, c'est sûr. Maintenant, comme je disais tout à l'heure, quand tu n'as pas joué longtemps, il te faut du temps pour retrouver toutes tes sensations. Déjà, lors des derniers matchs, j'ai pu tenter quelques tirs et je pense que c'est positif. Curieusement, cela me fait repenser à la période que j'ai passée à Lorient. Je me souviens que les six premiers mois, j'avais un peu galéré, mais l'année suivante, c'est là où j'ai explosé. Je n'avais pas joué pendant un an, je ne peux pas être Messi dès mon retour ! Il me faut du temps pour retrouver toutes mes sensations. Quel est votre avis sur les joueurs qui décident de s'exiler au Qatar alors qu'ils peuvent encore jouer quelques années au haut niveau en Europe ? Personnellement, je m'interdis de porter un jugement sur eux, car je ne sais pas dans quelle situation ils se trouvent à tous les niveaux. On ne sait pas ce qu'ils veulent, si c'est religieux, si c'est financier… Donc tu ne peux pas porter de jugement. Après, il y a des joueurs qui y vont plus jeunes que d'autres… Soyons concret et prenons l'exemple de Madjid Bougherra à qui le Qatar offre un contrat astronomique qui pourrait le mettre à l'abri, lui et sa famille, pour le restant de ses jours et qui a encore le talent pour jouer dans un championnat nettement plus performant. Est-ce que, pour lui, le Qatar est la meilleure destination ? Non, dans l'absolu, je dirais que ce n'est sans doute pas l'idéal. Après, on n'est pas dans sa situation familiale, ni financière et on ne sait rien de tout cela. Donc, on ne peut pas porter de jugement. Mais footballistiquement parlant, je dirais clairement non ! Tout en respectant le championnat du Qatar qui a fait d'énormes progrès ces dernières années et qui a montré sa grande volonté de faire partie des meilleurs à l'avenir, on ne peut pas encore dire qu'il est au niveau de ce qui se fait en Europe. C'est pour cela que je verrai bien Madjid poursuivre dans un bon championnat en Europe avant d'aller au Qatar. Il a encore de grosses qualités qui pourraient faire le bonheur de n'importe quel club respectable et ambitieux. Ce ne serait pas suicidaire pour lui d'aller au Qatar, comme ce fût le cas de Nadir Belhadj qui a perdu sa place de titulaire avec les Verts ? C'est difficile de pouvoir parler de cela, car c'est leur carrière après tout. Mais c'est vrai qu'il vaut mieux avoir un Madjid et un Nadir à 150 % de leurs moyens pour l'EN… Et les 150 %, on peut les avoir en jouant au Qatar ? Pourquoi pas si tu travailles assez ! Après, c'est une question de mental. Je ne sais pas, parce qu'il y a des joueurs qui évoluent au Qatar et qui, en allant jouer pour leur Equipe nationale, arrivent à être très forts. Comme Kader Keita de la Côte d'Ivoire ? Voilà, des exemples comme ça ! Après d'autres n'y arrivent pas. Vous iriez jouer au Qatar ? Aujourd'hui ? Non ! Mais c'est facile de parler comme ça, car si demain un club vient te faire une proposition qui va te mettre à l'abri du besoin tout le restant de ta vie, avec tes enfants et ta famille… Il y a des gens qui acceptent d'être mutés jusqu'en Nouvelle-Calédonie pour 1000 euros de plus ! (Il rigole). Pour 1000 euros, ils partiront de suite ! Mais quand vous avez un nom, une réputation et surtout le respect et l'estime du peuple, ce serait vraiment dommage de perdre tout cela pour de l'argent, non ? Surtout que vous avez aussi l'opportunité de bien gagner votre vie en Europe tout en rendant fier votre peuple… Moi, personnellement, pour l'EN, je n'irai pas au Qatar. Tant que je pourrai jouer en EN, je n'irai pas au Qatar. Je le répète encore une fois, ce n'est pas une critique que je fais du championnat du Qatar, mais le fait est là. En Europe, le niveau est bien plus élevé. Donc, si on veut rester performant, il vaut mieux jouer contre les meilleurs. Et puis, en pensant à l'Equipe nationale, je me dis qu'il y a encore plusieurs échéances qui nous attendent. Je n'ai donc pas le droit d'aller là-bas maintenant. On a bien vu que lors de la Coupe du monde, on a représenté tous les pays arabes et pas seulement l'Algérie. Le Qatar est un pays que je respecte beaucoup et que j'admire pour tous les progrès et la fierté qu'il apporte au peuple arabe, notamment après avoir décroché avec brio l'organisation du Mondial 2022, mais le fait est là, et il ne faut pas se mentir juste parce que c'est un pays frère. C'est tellement compliqué de se mettre à la place des joueurs qui décident de s'exiler et qu'on n'arrive pas à comprendre en réalité. Ce sont peut-être des situations familiales ou autres qui les poussent à aller là-bas. Il faut aussi essayer de les comprendre et ne pas les condamner sans rien savoir de leur réalité familiale. Ce joueur va gagner donc de l'argent, mais il va perdre l'estime du peuple. Ça peut casser le mythe autour de cette EN si d'autres joueurs viendraient à perdre leur place de titulaire à cause d'une aventure « enrichissante » financièrement au Qatar. Il faut le dire tout haut : les supporteurs ne veulent plus que des joueurs aillent chercher l'argent au détriment de leur rendement avec l'EN… Mais imaginez qu'un joueur aille au Qatar et qu'à chaque fois qu'il revient jouer avec l'Equipe nationale, il réalise de grands matchs. Qu'est-ce qu'on va lui faire ? Le virer de l'EN juste parce qu'il ne joue pas en Europe ? Non, tout est possible dans le football. S'il réussit à s'imposer au sein de l'EN, c'est qu'il n'a rien perdu de son football. Nadir Belhadj a peut-être perdu sa place après la défaite contre le Centrafrique. Les gens ont tout de suite lié cela au fait qu'il ait signé au Qatar. Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas devenir mauvais systématiquement en allant jouer au Qatar. Plusieurs joueurs ont réussi à se faire une place en or dans leurs sélections, en jouant régulièrement au Qatar. Mais je vous dis que moi, à la place de ces joueurs, je n'irai pas jouer dans ce championnat aujourd'hui. Avec tous ces joueurs qui évoluent dans les grands clubs européens, on se dit que l'Europe est le meilleur endroit pour un footballeur qui veut progresser. De plus, il n'y a pas qu'au Qatar qu'on peut gagner sa vie. On peut jouer en Europe, tout en gagnant très bien sa vie. Tu n'as pas besoin d'être multimilliardaire pour être heureux et à l'abri financièrement. Bougherra peut-il bien gagner sa vie en jouant en Turquie ? Il gagnera sans doute mieux que chez les Rangers. On lui donnera mieux à Kayserispor que chez les Rangers ? Ce sera dix fois mieux qu'à Glasgow. Mais il faut savoir qu'au Qatar, c'est hors normes ! On ne peut pas comparer les montants du Qatar avec ceux de l'Europe. C'est hors normes ! Pour un joueur comme ça, en Europe, il n'aura jamais la même chose. C'est impossible. Il ne faut donc pas comparer, mais voir là où tu peux bien t'exprimer, progresser et aussi enfin vivre bien. De toutes les façons, quoi qu'il arrive, si un joueur est compétiteur, le fait de jouer devant trois personnes, la bonne ambiance des grands matchs va lui manquer. Voir du monde dans le stade, jouer un match à tension, les derbies… tout ça va manquer à un compétiteur. Qu'est-ce que vous conseillerez à Madjid Bougherra, par exemple ? Je lui conseille de continuer un peu à jouer dans le haut niveau. C'est un super grand joueur qui mérite de continuer à jouer en Europe pour franchir encore d'autres paliers et vivre des sensations dans le très haut niveau. Mais après, c'est à lui de décider. C'est quelqu'un de très intelligent et assez mûr pour faire le choix qui lui convient le mieux. Je ne peux pas me mettre à sa place dans cette situation. C'est à lui de voir et je suis sûr qu'il sait ce qu'il fait. C'est de sa vie qu'il s'agit. Je lui souhaite vivement d'être heureux quel que sera son choix. Les Verts sont devenus une sorte de légende dans l'histoire du football algérien. Mais imaginez que dans quelques années, on dise de vous que cette équipe légendaire, finalement, n'avait rien gagné. Pour votre prestige et celui de l'Algérie, vous avez une CAN à aller chercher pour rester crédibles et, forcément, cela passera par un niveau de forme optimal… Oui, c'est sûr qu'on a envie d'aller la chercher cette CAN, pour nous et pour toute l'Algérie. Sauf qu'il faudra d'abord se qualifier avant de parler de cela. Aujourd'hui, ça devient très difficile de se qualifier avec tous les facteurs qu'on a cités, les aléas du football africain et la progression des autres nations. Après, si on se qualifie, la phase finale se déroule toujours dans de beaux stades, avec de belles pelouses. On a le temps de se préparer pour les matchs, tandis que là, tu te retrouves tous les mois, ou même tous les trois mois, pour seulement trois jours seulement avant de jouer un match dans des conditions toujours aléatoires. Que doit-on faire pour régler le problème de la cohésion au sein de l'EN, vu que vous ne vous voyez pas en dehors des dates FIFA ? Déjà, l'idéal serait que dans certains clubs où les Algériens évoluent, qu'il y ait deux joueurs algériens en plus dans l'équipe. Etre par binôme ou trinôme toute une saison, ça va sans doute créer des automatismes entre eux au bout du compte. Si tu as deux clubs qui te veulent et si dans l'un des deux, il y a un joueur algérien qui y est déjà, il vaut mieux choisir de rejoindre son compatriote afin d'augmenter les chances de cohésion dans un compartiment donné. Une sélection nationale ne se gère pas de la même manière qu'un club. La cohésion, il faut aller la chercher par d'autres manières. Et si vous vous retrouviez tous une fois par mois ou tous les quinze jours quelque part en Europe pour un stage d'un ou deux jours ? Ce n'est pas possible pour tout le monde. Imaginez, moi, pour aller à Paris par exemple, il me faut toute une journée avec les correspondances. Je dois aller d'abord à Istanbul pour faire une escale avant d'aller à Paris. La journée, je la passerai dans les aéroports. C'est «Pékin Express» ! C'est impossible. Mais ce n'est pas cela qui réglera le problème. Ça se passe là-dedans (il montre la tête). Si tout le monde a la conviction pour y arriver et qu'on a tous la rage de vaincre qu'un Algérien devrait avoir, en tirant tous dans le même sens, je vous assure qu'il ne pourra rien nous arriver. C'est simple comme bonjour. C'est ce qui s'est passé pour la Coupe du monde. On avait la meilleure équipe d'Afrique en face, et de loin ! Il faut dire la vérité. Trois CAN de suite et on a réussi à les éliminer. Les Egyptiens, on les a battus deux fois sur trois. Ce n'est pas un hasard. Dans le jeu et la cohésion, ils étaient meilleurs que nous. Mais quand tu veux vraiment quelque chose, tu l'as ! Vous pensez que l'Equipe nationale devra fonctionner éternellement au mental au détriment du beau jeu ? Non ! Il faut aussi du beau jeu, évidemment ! Mais on a des joueurs de qualité pour jouer du beau football ! On a même beaucoup de techniciens dans l'équipe pour jouer au ballon… Mais ces techniciens n'arrivent pas à marquer depuis longtemps. C'est cela le gros souci des supporteurs algériens… Mais comment voulez-vous marquer si vous ne jouez pas bien ? On ne joue pas de manière exceptionnelle actuellement, il faut bien le reconnaître. C'est quoi alors la solution pour que les Verts jouent mieux ? Eh bien, la solution, c'est le coach qui la connaît ! Nous ne sommes que des joueurs et on est là juste pour appliquer ses consignes. S'il y avait une potion magique, tout le monde la prendrait pour mieux jouer. Quel regard portez-vous sur la polémique entre Saâdane et Mansouri ? Je ne rentre pas dans ce genre de considérations, c'est leur problème comme on dit. Tout ce que je peux dire, c'est que je trouve malheureux de se battre dans les journaux après coup, au lieu de se mettre dans une chambre pendant (il l'a dit en insistant) et se dire les choses en face. Dire ce qu'on a sur le cœur après coup, je n'en vois pas l'intérêt. Vous parlez de Mansouri ? Non, je parle des deux. Il fallait qu'ils se disent les choses en face entre eux, sans faire intervenir qui que ce soit. Déjà, je pense qu'il ne fallait pas étaler leur problème dans les médias. Pour moi, quand ça se passe entre deux hommes, on n'a pas à étaler le problème. On se met face à face, les yeux dans les yeux et on se dit tout ce qu'on a sur le cœur. Dans le cas où Madjid Bougherra ne viendrait pas à Kayseri, est-ce que l'option Halliche tient la route ? Ah, je ne sais pas. Il faudra demander cela aux dirigeants. Mais c'est sûr que Rafik est un excellent joueur. Je serai ravi de l'avoir avec moi. Ici, il aura en tous cas nettement plus de temps de jeu qu'à Fulham. Si les dirigeants me demandent mon avis, je leur conseillerai vivement de prendre Rafik. Il n'y a pas le moindre doute. Reparlons une dernière fois du match du Maroc. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? C'est un match très important qui nous offre la possibilité de prendre trois points. Mais à mon avis, il faudra essayer surtout de ne pas perdre. Ce sera un derby avec tout ce que cela comporte comme tension. L'issue de cette rencontre déterminera la suite du parcours des deux équipes. Ça pourrait être très mauvais ou très bon pour la suite dans ces éliminatoires. Si tu gagnes, tu seras en totale confiance et la réussite suivra. Il sera décisif ? Mais tous les matchs sont décisifs ! Il n'y en a que six après tout. Chaque match vaut trois points et il faut tout faire pour les prendre. Ce match de Marrakech est également une occasion de prendre trois points. Et puis, il ne faut pas oublier que c'est une chance pour nous d'évoluer dans de bonnes conditions. Ce n'est pas toujours le cas. On jouera dans un beau stade, avec une belle pelouse, à Marrakech… C'est mieux qu'à Casablanca, selon vous ? Je ne sais pas, mais que ce soit à Marrakech, Casablanca ou ailleurs, je pense qu'au Maroc, il y a de beaux stades avec de belles pelouses. Je vois parfois à la télé les matchs au Maroc et je peux dire qu'ils ont de beaux stades. On n'aura pas à se plaindre comme dans certains pays d'Afrique en disant, oui, tu as été là-bas, il n'y avait pas de belle pelouse, pas ceci, pas cela… Au Maroc, tu as tout pour faire un bon résultat. Est-ce qu'il y a une différence importante pour vous les joueurs, d'évoluer devant 45 000 ou 90 000 spectateurs ? Vous savez, des fois, une ambiance dans un petit stade avec des supporteurs qui font du bruit, ça devient comme un chaudron. Ce n'est pas le nombre qui est le plus important, mais c'est ce que les gens mettent à l'intérieur. Tout dépendra de l'ambiance que les supporteurs vont faire dans les tribunes. Ça peut influer ou inhiber un joueur d'être entouré comme à Annaba, par exemple ? Je ne sais pas comment ça se passe chez les autres joueurs, mais pour ma part, j'ai connu pas mal de matchs aussi chauds. Mais c'est sûr que ce n'est pas pareil de jouer à l'extérieur dans une ambiance de feu. Il faut dire la vérité. De toutes les manières, on sera loin de la tension vécue au Caire, par exemple… Oui, de loin. Au Caire, c'était très particulier. Ce match-là, tu ne le revivras jamais. N'importe où. C'était particulier à tous les niveaux. Ce match-là, il était fait pour rester dans l'histoire et il est resté. Mon histoire, en tout cas ! Ce match-là, tu ne l'égaleras jamais. C'était du gros calibre à tous les niveaux. Il y avait toutes les pressions du monde pour qu'on se fasse éliminer, tout, tout, tout ! Et on a tenu le choc, jusque dans les dernières minutes. Vous en êtes encore fier ? Pas seulement de moi, mais de nous tous ! Oui, je peux dire que je suis fier de nous, du boulot qu'on a fait, d'avoir résisté à toutes ces pressions dans de telles conditions. C'était un match particulier tout simplement. Mais celui qu'on va jouer au Maroc, ça n'a rien à voir avec cela. Avec les Marocains, tout s'est bien passé au match aller et tout va très bien se passer au match retour. Il n'y a aucune guerre, aucune haine entre nous. Il y a juste une rivalité saine entre voisins qui se respectent. Celui qui gagnera le match, on dira Hamdoullah et ça va juste chambrer un peu. C'est tout. Ça n'a rien à voir avec le match de l'Egypte où c'était… Carrément une guerre… On s'est fait défoncer surtout ! (Il se marre). Puisque cela a dépassé le cadre du football et on ne sait toujours pas pourquoi ! A la limite, ça ne nous regarde pas, mais c'est vraiment malheureux d'en arriver là pour un simple match de foot. Sur le terrain contre l'Egypte, ça s'insultait entre vous, les joueurs ? Non, franchement non ! Une fois seulement, à Oum Dourman, il y a eu une embrouille entre Mourad et le capitaine égyptien. Il y a eu des échanges vite fait. Mais il faut dire la vérité, sur le terrain, les deux matchs, et même celui de l'aller à Blida, c'était très correct entre nous. Les matchs ont été très corrects. L'Egypte est une équipe qui joue très bien. On ne peut pas leur enlever ça ! C'est ce qu'il y a eu en dehors qui avait rendu ce match aussi tendu. Mais sinon, sur le terrain, ç'a toujours joué de manière correcte lors des trois matchs. Il n'y a pas eu de débordements. La seule fois où c'est parti en vrille, c'était en demi-finale de la CAN en Angola.