Coach Vahid, pessimiste en public mais optimiste au fond de lui-même Le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a présidé hier l'assemblée générale extraordinaire de la première instance footballistique du pays à l'hôtel Sheraton d'Alger. Cette Agex avait pour but premier l'adoption des nouveaux statuts exigés par la FIFA récemment. Raouraoua a profité de ce conclave qui a réuni la grande famille du football national entre joueurs, dirigeants, présidents de clubs, membres du bureau fédéral et même journalistes, pour appeler tout le monde à la mobilisation et à la retenue. Contrairement à ses habitudes, cette fois-ci, le patron du sport roi, paraissait agacé et surtout très irrité par les critiques qui l'ont visé dans les médias de la part de certains acteurs du football national, après la déroute de la sélection nationale à Marrakech, le 4 juin dernier. Raouraoua n'a, en effet, pas du tout apprécié que certains anciens joueurs lui aient reproché cette lourde défaite et, par conséquent, l'absence presque confirmée de l'EN à la prochaine phase finale de la CAN qui se tiendra, pour rappel, en janvier prochain au Gabon et en Guinée équatoriale. Raouraoua n'a pas caché sa déception à l'égard de tout ce qui a été dit sur lui et, notamment, sur sa gestion et a assuré devant l'assistance qu'il était prêt à quitter ses fonctions et à laisser sa place à ceux qui lui reprochent de «servir son pays». «Que certaines personnes sachent que je ne suis pas attaché à ce fauteuil de président de la FAF. Celui qui se sent capable de présider la fédération, de qualifier la sélection nationale à la CAN de 2013 et au prochain Mondial n'a qu'à se manifester. J'ai toujours servi mon pays le plus convenablement possible et je n'accepterai pas qu'on vienne me dénigrer.» «Je suis prêt à tenir une AGE et partir» Raouraoua a poursuivi son speech en assurant qu'il était disposé et ce, à n'importe quel moment, à organiser une assemblée générale élective et à se retirer de la présidence de la fédération. Il a affirmé que sa seule préoccupation à la tête de la FAF était de remettre sur rails la sélection nationale et veiller à la progression du football national. «Je le dis haut et fort, je partirais sans problème si quelqu'un se présentait à ma place. Je le soutiendrai même et je veillerai à ce qu'il réussisse dans son travail. Je suis prêt à organiser une assemblée élective à n'importe quel moment et veiller à la continuité du travail déjà entrepris. J'ai mis toutes les conditions à la disposition de la sélection et je ne suis pas le seul responsable de la déconvenue de Marrakech.» «Qu'on se rassure, je perds plus que je ne gagne en étant président de la FAF» Celui qui a été élu, il y a six mois de cela, au sein du Comité exécutif de la FIFA a précisé que le poste de président de la FAF qu'il occupe ne lui offrait pas que des avantages, comme certains peuvent l'imaginer. Il a ajouté qu'il a d'autres responsabilités bien plus importantes et le fait qu'il tienne à son poste, c'est surtout pour apporter son expérience et ses connaissances du football national. «Qu'on se rassure, je perds plus que je ne gagne en étant président de la FAF. C'est un poste très difficile que je dois gérer le plus convenablement possible. J'accepte les critiques, mais celles-ci doivent être objectives. J'ai abandonné ma famille à cause de mes engagements, alors qu'on ne vienne pas me reprocher quoi que ce soit.» «À cause de mon poste, je suis devenu un esclave» Raouraoua a souligné qu'être président de fédération n'était pas chose aisée puisque cela exigeait de lui beaucoup de sacrifices au quotidien. En plus de toutes ses obligations, à la CAF et à la FIFA notamment, il a assuré que son poste à la tête de la FAF lui prenait tout son temps, y compris le temps libre. «Croyez-moi, je ne bénéficie plus de temps libre à cause de mes multiples obligations, notamment celles liées à mon poste de président de la FAF. Vous pouvez vous renseigner, j'arrive chaque matin à 8h au siège de la fédération et j'y sors à 22h, le soir. Je suis devenu carrément un esclave. Cela dit, je le fais de bon cœur pour servir mon pays et surtout veiller à ce que mon travail soit bien accompli.» «Aidez-nous par votre silence !» Le premier responsable de l'édifice de Dely-Brahim a invité ses détracteurs à le laisser tranquille et ainsi permettre à la sélection nationale de travailler dans le silence et la sérénité. Pour lui, il est temps que les mentalités changent en Algérie et que les gens apprennent à accepter les défaites. «L'EN a perdu un match et hop, on dirait que c'est tout le football national qui s'est arrêté. Certaines personnes ont malheureusement la mémoire courte et ont oublié ce qu'a apporté cette même équipe à tout le peuple algérien, lorsqu'elle s'était qualifiée à la dernière Coupe du monde. Il y a un an de cela, cette EN a fait vibré toute l'Algérie et voilà qu'après quelques contre-performances, on veut la détruire et remettre en cause tout ce qu'elle a bâti durant les trois dernières années. Il faut qu'on apprenne en Algérie à accepter les défaites et à ne pas toujours dramatiser les choses. Le football africain a beaucoup évolué ces dernières années et il est désormais très difficile de remporter les matchs comme avant. L'Egypte, le Cameroun ou même le Nigeria, qui demeurent des ténors du football africain, ne seront eux aussi pas présents à la prochaine CAN, et cela veut tout dire. Je demande à ceux qui nous critiquent sans cesse de se calmer un petit peu et de nous aider par le silence. C'est bien beau de parler dans les médias, mais moi, je veux voir des faits.» «48h seulement ont suffi à Halilhodzic pour savoir que sa mission n'allait pas être facile» Mohamed Raouraoua est revenu à la fin de cette AG en compagnie des journalistes présents sur la récente nomination de Vahid Halilhodzic à la tête de la sélection nationale. Il a affirmé que celui-ci a pris conscience de la lourde tâche qui l'attend, surtout après la régression inquiétante qu'a connue l'équipe ces derniers mois. «Je peux vous dire qu'après seulement 48h, Halilhodzic a pu se rendre compte de la difficulté de la mission qui l'attend. Il sait que sa tâche ne va pas être facile, mais il compte, en dépit de cela, tout faire pour apporter sa touche et redonner confiance au groupe. Tous comme on est, on doit l'aider.» «Il faut être réaliste, on n'a pas de joueurs de très haut niveau» Pour finir, Raouraoua a estimé qu'il ne fallait pas trop demander de cette sélection nationale qui est composée majoritairement de joueurs professionnels, certes, mais qui demeurent néanmoins très loin du niveau mondial. «Je pense qu'il faut être réaliste et ne pas demander plus qu'il n'en faut à cette sélection. On a de bons joueurs, mais ils restent cela dit, très loin du haut niveau mondial. La preuve, on ne trouve aucun de nos joueurs dans la liste des meilleurs joueurs africains. C'est simple, on ne peut pas demander à un chauffeur de taxi d'aller piloter un Boeing. Il faut y aller doucement et ne pas se montrer trop gourmand. Les acteurs du football national doivent s'unir pour faire évoluer le football local qui constitue l'avenir de notre sélection.» Qualification à la CAN-2012 Coach Vahid, pessimiste en public mais optimiste au fond de lui-même «Je le dis, la qualification de l'Algérie à la CAN 2012 est malheureusement impossible. C'est terminé, il n'y a vraiment aucune chance !», a déclaré le nouveau sélectionneur national au cours de sa première rencontre avec la presse nationale, concernant la qualification de l'EN à la CAN-2012 qui aura lieu, rappelons-le, conjointement au Gabon et en Guinée équatoriale. Ne s'arrêtant pas là Halilhodzic dira : «On ne compte pas baisser les bras. On jouera à fond nos deux derniers matchs et on se battra jusqu'au bout. Le prochain match en Tanzanie, on le jouera pour gagner, ça c'est sûr, mais pour la qualif', ce n'est pas évident.» Mais on dit dire qu'on a relevé des contradictions chez le nouvel entraîneur national. Dans un premier temps, il a parlé d'impossibilité de se qualifier à la CAN, mais par la suite, il dira qu'il ira en Tanzanie pour gagner. A partir de là, les données changeront, puisqu'un succès à Dar Es Salem sera d'une très grande importance pour se qualifier à la CAN-2012. En outre, on comprend par là que Halilhodzic mise surtout sur une qualification à la phase finale de la CAN 2012. Il est évident qu'il a tenu un tel discours pour faire baisser la pression sur le groupe. «Le match de la Tanzanie va me permettre d'entamer la préparation de la CAN de 2013.» Autrement dit, Halilhodzic a prôné le fameux dicton : « Ya djat, ya rahet», étant donné que cet objectif n'avait pas été tracé par la fédération. Une victoire à Dar Es Salem et une défaite du Maroc à Bangui redonnera l'espoir Mathématiquement, l'Algérie n'est pas encore éliminée de la CAN-2012. Une victoire des Verts à Dar Es Salem face aux Taïfa Stars, et une défaite des Lions de l'Atlas à Bangui, dans l'enfer du stade Barthélemy Boganda, mettra les Verts dans une bonne position pour se qualifier à la prochaine CAN, tout en étant à l'écoute du deuxième match au Maroc. Ce ne sont que des calculs. La prochaine journée des éliminatoires en septembre prochain va nous éclairer définitivement sur les chances des Verts d'aller à la CAN. En tout cas, ce sera véritablement un grand dommage que l'Algérie rate la CAN, après une quatrième place arrachée lors de la CAN-2010 et une qualification au Mondial sud-africain.