«Au Qatar, je côtoie Belhadj et Keita qui jouent à Al Sadd» Depuis son départ de Saint-Etienne, Alain Perrin se fait rare dans les médias français. L'ancien entraîneur des Verts donne son avis sur le championnat qatari et l'arrivée de nouveaux investisseurs au PSG. En pleine préparation en Allemagne avec son équipe d'Al-Khor, Alain Perrin a pris le temps de répondre au téléphone pour nous parler de son cas personnel. L'ancien entraîneur de Lyon et Marseille avoue qu'il pense un jour revenir en France, même s'il apprécie son exil au Qatar. Entre deux matchs amicaux, il nous a parlé des difficultés de son club et de son recrutement. Mais il a surtout évoqué l'arrivée massive du Qatar en France, lui le consultant pour Al-Jazeera Sports. Alain Perrin, vous vous faites un peu rare dans la presse française. Est-ce volontaire ? Non, non. J'ai quand même de temps en temps des contacts avec une certaine radio et même des journaux. Le Qatar étant en pleine actualité, on m'appelle de temps en temps. Comment se passe votre carrière depuis votre départ à Al-Khor ? J'entame ma deuxième saison. J'ai vécu une première année difficile. On a terminé à la neuvième place du championnat (Ndlr : douze clubs sont engagés en première division qatarie). On a longtemps flirté avec la zone de relégation. C'est une équipe qui a des moyens limités. On pense qu'au Qatar, il y a des moyens illimités, mais non. Il y a deux ou trois clubs qui sont bien pourvus car proches du pouvoir. Dans le club d'Al-Khor, c'est un peu plus difficile. Comment qualifieriez-vous le niveau de jeu du football qatari par rapport au championnat de France ? Eh bien, disons que les équipes de la tête du classement peuvent rivaliser avec des clubs de Ligue 1, mais celles du bas, c'est plutôt du niveau National. Est-ce que vous côtoyez des joueurs que vous avez déjà eus sous vos ordres en France ? Oui, beaucoup de Lyonnais. Kader Keita (Al-Sadd) habite à côté de chez moi. Il y a Belhadj (Al-Sadd), il y a aussi Juninho (Ndlr : en réalité, le Brésilien est retourné à Vasco de Gama cet été après deux années à Al-Gharafa). Je croise aussi Baky Koné et Abdeslam Ouaddou (tous deux à Lekhwiya). Pourquoi le championnat qatari attire de plus en plus de joueurs de renom ? Les pays du Golfe, Qatar, Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, peuvent attirer des joueurs de qualité grâce aux fonds qu'ils possèdent. C'est vrai que leur pouvoir d'attraction, notamment les trois plus grands clubs du pays, est grand. Même si on a limité le nombre à trois professionnels et un Asiatique, ce sont ces trois équipes-là qui tirent le championnat vers le haut. Ils font des efforts pour recruter des joueurs de qualité. Où en êtes-vous avec la préparation de votre équipe pour la prochaine saison ? Actuellement, nous sommes en stage en Allemagne, à Francfort. Nous avons trois-quatre matchs amicaux de prévus. On en a fait un que l'on a perdu 2-3. Moi, je viens de récupérer Dagano que j'avais entraîné à Sochaux et un professionnel norvégien. Là, on cherche un neuf et demi ou un dix. C'est une équipe pas encore complète et qui est un peu courte en quantité. On travaille pour l'améliorer. Avez-vous tenté de contacter des joueurs de Ligue 1 pour vous rejoindre ? Oui, j'ai été en contact avec Ilan, l'ancien attaquant de Saint-Etienne. Des garçons comme André Luiz et Youssouf Hadji à Nancy nous intéressaient aussi. Ils avaient le profil pour intégrer l'équipe. Maintenant, on n'avait pas les moyens financiers de prendre ces joueurs-là. A titre personnel, est-ce que vous avez envisagé un retour en France ? Oui, j'y ai pensé. Je me suis exilé au Qatar car je n'avais pas vraiment de choix au moment de l'intersaison de la saison dernière. Ici, j'ai un contrat de deux ans (Ndlr : son contrat prend fin en 2012) et je n'ai pas eu les propositions pour me faire revenir. Est-ce que vous avez digéré votre éviction de Saint-Etienne ? C'est toujours difficile de partir en cours de saison mais dès qu'on retrouve un contrat avec une autre équipe, il y a un nouveau challenge. Cela aide vraiment à faire passer la pilule. Pensez-vous que vous êtes « grillé » pour la France ? Non car après mon expérience aux Emirats (Al-Ain), j'avais rebondi en Angleterre (Portsmouth) puis à Sochaux. Je pense que j'ai fait un certain nombre de choses en France. J'apprécie aussi ces expériences à l'étranger. Pourquoi pas un club asiatique ou une sélection pour la suite ? Je suis assez open, je n'ai pas de plan de carrière défini. La France bien sûr, je n'ai pas tiré un trait dessus. On a parlé de vous pour prendre en charge l'Algérie. Avez-vous eu des contacts ? Non, je n'ai pas eu de contact direct avec la Fédération algérienne. Suivez-vous encore les prestations de vos anciens clubs de Ligue 1 ? Oui, d'autant que je suis consultant pour Al-Jazeera Sports. Je commente des matchs et je participe régulièrement à des émissions sur le championnat de France. J'ai pu suivre l'année dernière et je pense que ce sera la même chose cette saison. Et l'ESTAC, vous les suivez encore ? Oui, bien sûr. En particulier parce qu'il y a des anciens joueurs à moi qui ont repris les rênes du club. Il y a Richard Jezierski (Ndlr : en réalité, Jezierski a été évincé par le président Daniel Masoni en mai) et Frédéric Adam. Ils font leur petit bonhomme de chemin, j'étais content de leur remontée en Ligue 2. Il faut qu'ils continuent à travailler pour remonter en L1. Vous êtes donc consultant pour Al-Jazeera Sports. Que pensez-vous de l'arrivée de la chaîne qatarie dans la diffusion des matchs de Ligue 1 ? J'ai découvert Al-Jazeera en arrivant là-bas et ils traitent le football avec qualité grâce à de bons moyens. Je pense qu'ils vont cibler un public de langue arabe. Je ne sais pas vraiment comment ils vont s'organiser avec les différents lots. Ils font vraiment un produit de qualité en tout cas. Parallèlement, le PSG a été racheté par des investisseurs qataris. Qu'est-ce que cela vous inspire ? Personnellement, je ne connais pas Nasser el-Khelaïfi, je ne l'ai pas rencontré, j'ai plus à faire avec des producteurs et des journalistes. Je pense que c'est une bonne chose pour Paris et le football français. Ce sont des investisseurs qui aiment gagner donc ils vont se donner les moyens de jouer les premiers rôles. Paris va jouer à coup sûr les trois premières places et devrait se qualifier pour la Ligue des Champions. Connaissant la mentalité qatarie, c'est un objectif qu'ils atteindront.