«J'aime trop le foot pour dire qu'à 29 ans, c'est fini» «Ziaya est une vraie star en Arabie Saoudite» Tout d'abord, comment allez-vous ? Ça va mieux, hamdoullah. Je me suis remis de la varicelle que j'ai chopée. Ça m'a fatigué à un point insoupçonné. J'étais donc obligé d'observer un repos de quelques jours pour reprendre des forces. Cela m'a coûté le match contre la Tanzanie que je ne voulais pourtant pas rater. Mais bon, on ne peut pas se battre contre ça. Aujourd'hui, les choses se sont nettement améliorées, Dieu merci. J'ai repris les entraînements et j'ai même pu prendre part au premier match du championnat contre Raed. Comment avez-vous vécu ce match justement ? Très bien, même si on a eu beaucoup de difficultés à battre cette équipe accrocheuse de Raed. Le score de 1-0 en dit long sur l'incertitude de ce match. On a vraiment sué pour arriver à gagner. Mais cela démontre aussi que notre équipe ne lâche rien. C'est bien pour la suite, même s'il faudra encore travailler les automatismes. Je crois que cela va venir après quatre ou cinq matchs. J'en suis confiant de mon côté. Vous allez vous déplacer à Djeddah vendredi prochain, ça va être encore plus chaud, non ? Oui, c'est sûr ! Ici, les gens sont très passionnés. On m'a appris qu'on va jouer dans un stade plein. Les Saoudiens vont beaucoup au stade et c'est sûr qu'il faudra aller au charbon, si on veut faire un bon résultat vendredi. En tout cas, j'ai vraiment hâte de découvrir cette ambiance. C'est ce genre de matchs qu'on préfère jouer. J'espère qu'on fera un bon résultat. Comment évaluez-vous le niveau du championnat saoudien ? Franchement, je ne suis pas encore capable de juger de façon précise le niveau de jeu ici. Il faudra me reposer la question après une dizaine de matchs, quand le championnat sera bien lancé. Sincèrement, je suis un peu comme tous les Algériens, je découvre à peine le championnat d'Arabie Saoudite. Mais il y a de vrais bons joueurs en Arabie Saoudite, non ? Bien évidemment ! Ici, les clubs ne recrutent que la qualité. Il y a, par exemple, Al Arabi, l'international marocain, qui a une cote importante tant en Europe qu'ailleurs, comme il y a aussi des joueurs comme le Camerounais Achile Emana (ex-joueur de Valence, il était au Betis Seville avant de signer à Al Hilal, ndlr), ou alors Malek Ziaya dont la cote de popularité m'a vraiment surpris. Vous êtes en contact avec Ziaya ? Oui, bien sûr ! Et ça ne date pas d'aujourd'hui. Avec Malek, on s'appelait bien avant de venir en Arabie Saoudite. Depuis ses débuts en Equipe nationale, même. J'ai toujours gardé le contact avec mes coéquipiers de l'EN. On est donc en contact permanent lui et moi. C'est un gars très gentil et agréable à vivre. Il est très sympa. Vous dites qu'il est très connu en Arabie Saoudite ? Oui, au-delà de ce que vous pouvez imaginer ! Ziaya est une véritable star en Arabie Saoudite. Les gens le respectent beaucoup pour ce qu'il a fait ici depuis son arrivée. Il fait partie du top des attaquants dans le championnat saoudien. J'ai été moi-même agréablement surpris d'apprendre cela. Tout le monde parle en bien de lui. Il est très apprécié par les supporteurs et les médias. Et pourtant, en Algérie, il est légèrement sous-estimé… Détrompez-vous ! Ça, c'est que les gens croient en Algérie. Mais ici, Ziaya est un nom très célèbre et respecté. Vous pouvez me croire, car je le constate au quotidien. Je suis fier de ce qu'il est en train de faire ici, en tant qu'Algérien. Sinon comment vivez-vous votre nouvelle vie à Riyad ? Très bien, hamdoullah. C'est déjà un énorme plaisir de vivre dans un pays musulman et d'exercer un métier qui me passionne. Les gens sont très agréables ici et on commence à s'habituer à la vie et à la culture locales. Est-ce que les entraînements sont intensifs en Arabie Saoudite ? Personnellement, je continue à m'entraîner comme j'avais l'habitude de le faire en Europe. J'ai la chance de résider dans le même compound que le staff technique, le préparateur physique nous a demandé à moi et aux deux joueurs argentins, Juan Mercier et Juan Pablo Pino, si on voulait travailler de manière plus intensive avec lui. Ce que j'ai accepté volontiers, du fait que je considère cela comme une vraie chance de garder le niveau. Vous vous adonnez donc à des entraînements en plus ? Oui, c'est ça. On s'entraîne comme en Europe exactement. On fait des séances biquotidiennes trois fois par semaine et deux jours avant le match, on diminue la charge à une seule séance. Le préparateur physique s'est mis gentiment à notre disposition et on en profite pleinement. Si j'ai envie de rester compétitif tant en club qu'avec l'Equipe nationale, ça doit passer par des séances aussi dures. On souffre bien avec lui, mais c'est pour la bonne cause, on va dire (il sourit). Cela va sans doute rassurer Halilhodzic de savoir que vous vous entraînez comme en Europe… J'ai le devoir de rester compétitif. Que ce soit pour mon club ou pour l'Equipe nationale. Je suis un compétiteur dans l'âme. Je ne peux pas baisser les bras. Je me le suis toujours interdit, que ce soit dans mon métier ou dans la vie de tous les jours. Je n'ai pas le droit de me laisser aller. Si les dirigeants m'ont fait confiance, je me dois aussi d'être à la hauteur de leurs attentes. Je n'ai pas le droit de trahir la confiance des dirigeants, ni celle des supporteurs. Surtout après l'accueil qu'ils m'ont réservé lors du match contre Raed. Je vous assure que ça m'a donné des frissons de les entendre dire cela. Qu'est-ce qu'ils disaient au juste, les supporteurs ? Figurez-vous que dès que j'avais le ballon, le stade entier se mettait à chanter «one, two, three, viva l'Algérie». C'était vraiment impressionnant et touchant à la fois. Ils me montrent tout le temps qu'ils aiment l'Algérie. Comment voulez-vous donc que je ne me donne pas à fond après de tels gestes ? Il faut être vraiment insensible pour ne pas me donner à 1000%. De plus, ça fait longtemps qu'ils n'ont rien gagné. Ils attendent beaucoup de cette saison. C'est cela qui m'encourage à me sacrifier doublement aux entraînements. J'ai le devoir de tout donner pour eux, pour le club, mais aussi pour l'Equipe d'Algérie. On vous reconnaît déjà dehors ? Oui, les gens sont très passionnés ici. Quand je sors faire les courses, ils m'abordent souvent pour une photo souvenir et des mots d'encouragement. Ils aiment beaucoup le club. En jouant en Arabie Saoudite, vous avez la chance d'être tout prêt des Lieux saints de l'Islam. En avez-vous déjà profité ? Non, pas encore, mais c'est la première chose à laquelle j'ai pensé dès que j'ai décidé d'aller jouer en Arabie Saoudite. C'est l'un de mes plus grands rêves. Mais franchement, je n'ai pas envie de parler de cela dans les médias… Oui, on le sait, mais comme vous êtes sur place, on voudrait bien insister en fouinant gentiment dans votre vie privée. Il s'agit tout de même de La Mecque Anthar ! Oui, je comprends bien, mais c'est juste que je voudrais garder cela pour moi. La religion, c'est quelque chose de très personnel. C'est sûr, on respecte totalement. Mais votre métier fait rêver et le rêve ne doit pas s'arrêter aux portes de La Mecque. Laissez-nous pénétrer avec vous cet espace Anthar. On veut juste savoir comment ça se passe de ce côté-ci… Eh bien, j'avoue que j'ai très envie de faire une Omra avec mon épouse. On la fera, inch'Allah, à la première occasion. Le hadj aussi, ça me tente, du moment que je ne vis pas loin de La Mecque. Je me trouve exactement à 878 km de La Mecque et 957 km de Médine. Je le sais, parce que j'ai pris cela en photo sur un panneau d'autoroute. J'ai gardé la photo dans mon portable (il rigole). Revenons au football et dites-nous un petit mot sur le match de la Tanzanie… J'ai été surtout triste de ne pas pouvoir être avec mes camarades à cause de la varicelle que j'ai chopée. J'avais espéré une victoire comme tous les Algériens, mais on n'a pas réussi à le faire, malheureusement. Mais d'après les échos que j'ai eus, tout le monde a senti un léger mieux par rapport à ce qu'on avait connu par le passé. C'est encourageant pour la suite. Vous avez sans doute entendu parler de Liassine Cadamuro-Bentaïba. Qu'en pensez-vous ? Oui, j'ai lu cela dans Le Buteur. Franchement, c'est une agréable surprise pour moi, comme pour tous les supporteurs algériens. Ça m'a fait un grand plaisir de découvrir qu'il y avait un compatriote de plus qui évolue dans la Liga espagnole. Il joue à la Real Sociedad et ils viennent d'accrocher l'équipe du Barça. Ce n'est pas rien. S'il peut aider l'équipe d'Algérie, je serai le premier à l'applaudir. Pour moi, à chaque fois qu'un jeune joueur algérien s'illustre quelque part, je réagis comme un supporteur. Vous vous dites quoi ? Et bien, j'éprouve d'abord un sentiment de fierté ! Oui, je suis fier de voir Liassine Cadamuro-Bentaïba réussir son match contre le Barça. C'est très sage de votre part, surtout qu'il évolue dans le même registre que vous… Vous savez, personne n'est éternel en équipe d'Algérie. Qu'est-ce qu'on peut souhaiter pour son pays, si ce n'est de voir un maximum de bons joueurs émerger tous les ans. Cela signifie que la relève est assurée. Je vous jure que cela me comble de bonheur de voir de jeunes joueurs algériens réussir dans le haut niveau. Je le dis du fond du cœur. Sans la moindre complaisance. Je vous jure que c'est vrai. L'Algérie a besoin de tous ses enfants. Tous ceux qui peuvent apporter un plus à l'Equipe nationale sont les bienvenus. Si Cadamuro est plus en forme que moi, je serai plutôt rassuré pour l'équipe. La concurrence est plutôt saine… C'est sûr ! Avec de tels joueurs, tout le monde se donnera doublement pour le bien de l'équipe. S'il est bon, il doit jouer, point barre. Merci Anthar pour votre disponibilité et surtout votre sincérité. Un mot pour les supporteurs ? C'est moi qui vous remercie. Transmettez de ma part un grand salam à toute l'Algérie.