«Je ne suis pas Messi ou Ronaldo pour que les grands clubs courent après moi». «Si Ziani, Bougherra, Niang, Keita, Juninho et Koné sont venus au Qatar, ce n'est pas par hasard». Cette saison, Nadir Belhadj ne se sentira pas seul au Qatar. Il aura la compagnie de trois coéquipiers de la sélection nationale, Mourad Meghni, Karim Ziani et Madjid Bougherra, signataires cette année dans des clubs qataris. Le défenseur d'Al Sadd fait donc office d'ancien et même d'éclaireur pour les internationaux de sa génération. Nous l'avons rencontré à Doha, après le match que son équipe, Al Sadd, a disputé dimanche face à Al Khuraitat. Comment jugez-vous la première sortie de votre équipe en championnat, avec un nul à domicile face à Al Khuraitat ? Nous avons éprouvé de grandes difficultés dans ce match, surtout qu'Al Sadd est une équipe qui est attendue au tournant par tous ses adversaires. Il ne faut pas nous juger sur un seul match, car le championnat étant à son début, la cohésion n'est pas encore parfaite, surtout qu'il y a de nouveaux joueurs dans l'équipe, à l'image de Mamadou Niang qui ne s'est pas encore totalement adapté. La blessure dont a été victime Kader Keita au cours du match et le but encaissé juste après nous ont poussés à nous précipiter pour revenir au score. Dieu merci, nous avons pu égaliser dans le temps additionnel et éviter ainsi la défaite. Je suis convaincu que nous montrerons un meilleur visage au fil des journées. Al Sadd est habitué à récolter des titres. Avez-vous tracé des objectifs pour la nouvelle saison ? Il est naturel que nous projetons à chaque fois de jouer les premiers rôles et d'être sacrés champions du Qatar. Ce ne sera pas facile puisque tous les clubs se sont renforcés avec des joueurs de qualité. Chaque équipe a des ambitions. Cela dit, Al Sadd est fait pour gagner des titres. Vous allez affronter cette saison de nombreux joueurs algériens qui ont rejoint le championnat du Qatar. Cela est-il susceptible de vous motiver davantage ? Je suis heureux de croiser mes coéquipiers de la sélection ici au Qatar et ce sera certainement chaud entre nous à chaque fois. Sur le terrain, j'aimerais les battre tous, mais en dehors, nous nous voyons souvent et discutons beaucoup entre nous. Je crois qu'ils sont tous heureux d'être dans ce championnat qui, vous allez le voir, est loin d'être faible comme le pensent certains. La saison dernière, j'avais joué contre un Algérien qui évolue à Al Arabi, Boualem Khoukhi, et cela m'avait fait plaisir. Cette saison, il y aura Ziani, Bougherra et Meghni en plus. Je pense que c'est une situation positive. En parlant de Meghni, il a contracté une blessure lors de son premier match de championnat. L'avez-vous contacté pour prendre de ses nouvelles ? Oui, je l'ai appelé après le match. Sa blessure m'a beaucoup affecté, surtout qu'elle est survenue subitement, sans qu'il ait été touché par un joueur adverse. Je suis navré pour lui et j'espère que sa blessure n'est pas grave et qu'il puisse revenir rapidement sur les terrains. En tout cas, il est indéniable que Mourad est un grand joueur et je suis convaincu qu'il reviendra très fort. Etes-vous confiant quant à votre capacité de reconquérir votre place en sélection ou bien vous êtes-vous résigné à devenir remplaçant ? Je reste toujours à la disposition du sélectionneur et de mon pays. J'attends toujours avec impatience les convocations, car je ressens une grande joie à chaque fois que je suis appelé en sélection. Maintenant, si le sélectionneur ne me convoque pas, je ne pourrai rien y faire. Ce qui est sûr, c'est que je ne refuserai jamais de jouer pour mon pays jusqu'au jour où je ne pourrai plus rien apporter aux Verts. Espérez-vous toujours avoir la confiance de Halilhodzic lors des éliminatoires pour le Mondial-2014 ? Oui. Nous avons un nouveau sélectionneur et tout le monde sait qu'avec lui, il n'y a pas de passe-droits. Il a été clair sur ce point : c'est le meilleur qui jouera. De mon côté, en dépit de notre échec pour la qualification à la CAN-2012, je suis sûr que la sélection reviendra en force, surtout que nous avons le temps nécessaire pour préparer l'équipe d'ici au premier match des éliminatoires pour la Coupe du monde. Avez-vous ressenti des changements avec Vahid Halilhodzic ? Oui, de profonds changements. Le coach travaille de manière professionnelle et cela s'est vu à l'occasion du match face à la Tanzanie où je n'ai pas été au meilleur de ma forme. Nous avons quand même bien joué. Depuis l'arrivée d'Halilhodzic, l'équipe a changé sa manière de jouer. Avant, nous défendions à dix et procédions par de longs ballons vers l'avant, alors que face à la Tanzanie, nous avons joué de manière très offensive et avons vu pour la première fois depuis des années le vrai football que nous devrions pratiquer. Ce changement augure de bonnes choses pour les challenges qu'il nous reste à relever. Il y aura le dernier match des qualifications pour la CAN-2012 contre la République centrafricaine, au mois d'octobre, et deux matchs amicaux face à la Tunisie et au Cameroun, en novembre. Pensez-vous que ces confrontations seront des opportunités aux joueurs pour défendre leur place dans la perspective des éliminatoires pour le Mondial-2014 ? C'est clair. Jouer le maximum de matchs est très important. Le prochain match face à la République centrafricaine sera pratiquement sans enjeu, mais nous l'aborderons avec sérieux afin de travailler les automatismes et ce sera le cas aussi pour les deux matchs amicaux de novembre. Nous avons besoin de beaucoup jouer pour travailler la cohésion. Par ailleurs, c'est très motivant de jouer contre des sélections comme celles de la Tunisie et du Cameroun. Madjid Bougherra n'a pas apprécié les critiques qui ont suivi son choix de signer à Lekhwiya. Pensez-vous qu'il est en train d'éprouver ce que vous aviez vous-même ressenti l'année dernière en signant à Al Sadd ? Je pense avoir enduré plus de critiques et subi plus de pression que mes coéquipiers, du fait que j'ai signé à Al Sadd juste après le Mondial. La rue algérienne n'avait pas accepté cela et m'avait démoli. J'ai longtemps fait l'objet de sa colère, comme si j'avais commis un crime. Le temps a montré que je n'étais pas dans mon tort. Pour preuve, de nombreux joueurs de différents pays, et non des moindres, sont venus jouer au Qatar : Ziani, Bougherra, Niang, Keita, Juninho, Koné… Tous ces joueurs ne sont pas venus ici par hasard. Le championnat du Qatar n'est pas faible. Le public algérien doit comprendre notre choix. Personnellement, je n'ai pas eu d'offres de grands clubs européens et c'est pour ça que je suis venu au Qatar. De nombreux grands joueurs ont rejoint le championnat d'Arabie Saoudite, tels le Camerounais Achille Emana, le Marocain Youssef El Arabi et mon coéquipier en sélection, Anthar Yahia. Ils ne sont pas fous pour faire ce choix sans y avoir bien réfléchi. Nous devons respecter leur choix et les juger sur le terrain, non pas par des préjugés avant même qu'ils jouent. Comprenez-vous quand même la déception du public algérien qui espérait vous voir signer dans un grand club européen ? Ils sont où, ces grands clubs européens ? Je ne suis pas Messi ou Ronaldo pour qu'on coure après moi. Nous n'avions pas beaucoup le choix et certains d'entre nous se sont même retrouvés sans club. La crise économique qui sévit en Europe a fait que de grands joueurs se sont retrouvés sans club. Par exemple, en France, il y a Clerc, qui jouait à Lyon et qui était international francais. Il est actuellement sans club. Les Algériens ne savent pas tout ça. Quand je suis venu ici, il y a eu un tollé, puis plusieurs joueurs m'ont suivi. Cela indique qu'en une année, les choses se sont compliquées et elles se compliqueront davantage à l'avenir. Regardez le championnat du Qatar de cette nouvelle saison : il n'y a pas beaucoup de joueurs agés, comme cela était le cas par le passé. Mieux : les clubs qataris sont en train de ramener des joueurs de valeur qui n'ont pas atteint la trentaine. Le temps m'a donc donné raison et ma décision de jouer au Qatar n'était pas irréfléchie. Des informations font état de la possibilité de vous voir retourner en Europe lors du mercato d'hiver pour jouer chez les Queen's Park Rangers. Est-ce vrai ? Non, ce n'est pas du tout vrai. Je suis très bien à Al Sadd qui est le plus grand club au Qatar. Je n'ai aucune intention de partir à l'heure actuelle. Je suis concentré sur ma saison avec mon club et tout ce qui se dit et s'écrit sur de supposés transferts relève du mensonge. Je vous l'ai déjà dit la saison passée. Je ne comprends pas comment on évoque mon transfert, alors que la saison vient à peine de débuter. Etes-vous confiant par rapport à la sélection nationale ? En toute franchise, je suis un professionnel et je suis à la disposition de mon pays jusqu'au jour où je sentirai que je ne serai d'aucun apport pour les Verts. A ce moment-là, c'est moi qui me retirerai tout seul. Je ne suis pas éternel dans cette équipe. Maintenant, si on veut m'écarter au profit d'un joueur meilleur que moi, j'obtempérerai et je serai le premier à le féliciter. Je connais mes limites. Si on trouve que Mesbah ou un autre joueur est meilleur que moi, j'accepterai la situation sans aucun problème. Vous êtes-vous fixé une échéance pour votre retraite internationale ? Non, pas du tout. Je continuerai tant que je serai compétitif. Une fois que je sentirai que je suis fini, je me retirerai de moi-même.