C'est celui qu'on appelle communément Amar Amazigh à Makouda, cette localité pas très loin du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou sur la route menant de la ville des Genêts vers la ville côtière de Tigzirt. Nombreux aujourd'hui sont ceux qui s'interrogent à Makouda, ou partout ailleurs, que serait devenu le football, sport roi de toute la frange juvénile à Makouda, si Amar n'était pas là. Effectivement la réponse est toute simple et édifiante, sans Amar Amazigh, le football à Makouda on n'entendra pas parler si ce n'est regarder des matchs à la télé. Cet homme, qui dépasse la quarantaine, s'est investi pleinement dans le club dont il est lui-même le fondateur, l'Olympique de Makouda. Depuis les années 1982, Amar Amazigh n'a déserté les terrains de football que durant la période d'intersaison qui sépare la fin d'une longue et laborieuse saison et le début d'un autre parcours marathonien. En dépit, Amar résiste encore et toujours. Dimanche dernier, nous étions les hôtes de cette ville. Se rendre dans cette région aux sites pittoresques est tel un pèlerinage pour nous tellement les souvenirs sont nombreux lorsque nous accompagnions l'US Ath Yenni dans ses sorties en championnat avant qu'elle ne s'éclipse pour des raisons que tout le monde connaît. Avant-hier, c'était à l'occasion d'une rencontre amicale aménagée par les deux infatigables du milieu sportif de la wilaya de Tizi Ouzou, Addad et Ider, nous le dirons sans prétention aucune du moment que ces deux personnages sont tellement connus dans ce milieu qu'on pense déjà à leur décerner des prix pour tous les sacrifices consentis pour cette jeunesse, sans attendre la moindre récompense, ils le font par dévouement et par conviction. Nous parlerons de Ider, qui ne songe pas à abdiquer en dépit, nous le disions plus haut, de la rudesse de l'environnement où il exerce. Lui-même le dis de vive voix : «Ne pensez pas que je tire des profits durant toutes ses années de labeur, ma seule satisfaction que je récolte à chaque fin de saison, c'est de constater que j'ai réussi à barrer la route aux fléaux sociaux qui guettent le quotidien des enfants de ma chère commune. Je fais des mains et des pieds pour trouver de quoi me permettre un engagement au championnat de wilaya, ça relève parfois du domaine de l'impossible, mais je continuerai encore et encore pour le bien-être de ces jeunes.» Des mots qui restent incontestablement la preuve d'une volonté sans égale lorsqu'on sait qu'aujourd'hui beaucoup de compétences ont simplement fuit, faute de prise en charge financière de cette discipline. Il y a à peine deux années, Ider a fait face à une vague de déstabilisation, oui, étant un bénévole de taille, il a fait l'objet de critiques acerbes, par ses détracteurs, qui n'ont trouvé mieux que de mettre sur les rails une autre formation qui allait une année après remettre la clé sous le paillasson. Ider savait pertinemment que c'est déjà voué à l'échec : «Je m'étais guère inquiété, je sais une chose, lorsqu'on veut réussir dans la vie, il faut faire le travail avec le cœur pas avec une autre intention, ceux qui pensait affaiblir mes forces se sont trompés sur mon compte. Aujourd'hui, je défie quiconque de venir réaliser le centième de ce que je fais depuis une vingtaine d'année », lancera Ider Amar qui aura le mérite cette année de figurer dans la commission d'éthique de la Ligue de football de la wilaya. Une juste récompense pour un élément doué et qui fait du football sa raison d'être. Aux abords du stade de Makouda, nouvellement réhabilité, un supporter de l'OM de la première heure, technicien de la santé n'a pas tari d'éloges celui qui conduit leur club fétiche depuis deux décades : «Vous pouvez l'écrire, le crier aussi fort que vous le pouvez, Amar Ider est le symbole de courage et de conviction, il est l'homme fort à Makouda, il rassemble des centaine de jeunes de notre commune autour d'un seul et digne objectif : la pratique du sport. Aujourd'hui, au milieu d'un monde sans merci, les parents de ces athlètes sont appelés à se rapprocher davantage du président Ider qui fait de l'encadrement de leurs enfants son seul et unique travail, en plus de ça, il n'a aucune autre source de vie, sauf le football.» Notre interlocuteur ne s'arrêtera pas là, puisqu'il profite l'occasion de notre passage à Makouda pour inviter les autorités locales de la commune de Makouda à mettre en pratique leurs promesses, faites à la veille de la campagne électorale au profit de la jeunesse, la première force de Makouda. A. Lyès