«Avec Saâdane, la sélection est entre de bonnes mains» «Voilà comment mon père a combattu pour l'indépendance de votre pays» Lors de la CAN-2008 et alors qu'il entraînait le Ghana avec Hervé Renard, nous avons rencontré Claude Leroy en marge d'une conférence de presse organisée dans un hôtel à Accra. Lorsqu'il a commencé à parler de l'Algérie, les yeux du technicien globe-trotter se sont illuminés. «J'ai un lien affectif avec l'Algérie, je suis déçu de l'absence de votre pays à la CAN, mais ne vous inquiétez pas, l'Algérie rebondira», nous avait-il dit. La prophétie de ce supporter déclaré du football algérien est en train de se confirmer avec des Verts aux portes de la Coupe du monde. Dans l'entretien qu'il nous a accordé hier depuis la Corse où il passe ses vacances, Leroy n'était pas surpris. Il nous dit pourquoi. * Bonjour M. Leroy. On imagine que vous êtes en vacances ? Oui si l'on peut dire, je suis chez des amis en Corse, je ne suis donc pas loin de vous. Ici, j'essaye de profiter du soleil et de décompresser un peu après une saison harassante. * Comment jugez-vous votre saison à la tête de la sélection d'Oman ? C'est une bonne saison puisque pour la première de l'histoire du pays, nous avons remporté la Coupe du Golfe. Nous avons certes perdu nos deux derniers matchs amicaux contre l'Egypte et la Bosnie, mais c'était sur des scores serrés (NDLR : 2-1 contre la Bosnie et 1-0 contre l'Egypte). Cette équipe est en train de se frotter au haut niveau et elle progresse bien. Nous allons d'ailleurs jouer contre l'Uruguay en août et l'Australie en novembre. * Vous avez entraîné dans beaucoup de pays africains, en Extrême-Orient et maintenant à Oman. Comment pouvez-vous vous adapter aussi facilement ? Le respect d'autrui. Quand on respecte les autres, on arrive toujours par s'adapter. En plus, je prends toujours la peine de m'informer au maximum sur les pays où j'entraîne. J'ai appris, par exemple, que Oman était un grand royaume, le plus grand de la région qui s'étalait jusqu'au Zanzibar. * Avez-vous suivi les éliminatoires de la Coupe du monde en Afrique ? Je les ai d'autant plus suivies qu'il y a mon ami et mon ex-adjoint à la tête de la sélection du Ghana Hervé Renard. Après le tirage au sort, je l'ai d'ailleurs mis en garde contre l'Algérie. Je lui ai dit de faire beaucoup plus attention aux Algériens qu'aux Egyptiens. * Et le match Zambie-Algérie ? J'étais chez des amis et je n'ai pas pu le suivre, mais j'étais tenu informé par les péripéties de la rencontre. Le lendemain, j'ai parcouru toute la presse et je sais par exemple que votre gardien de but et votre défense ont réalisé un match héroïque. C'était pourtant le maillon faible des Algériens ces dernières années. Cela prouve que mon ami Rabah Saâdane a réalisé un excellent travail. * Que pensez-vous du parcours de l'Algérie dans ces éliminatoires ? Je vous avais dit il y a une année au Ghana que l'Algérie ne pouvait plus continuer à décevoir tous ceux qui l'aiment, dont moi-même, vu le réservoir humain qu'elle possède, la culture du jeu que vous avez, la passion du peuple pour le football et la quantité de joueurs talentueux algériens ou d'origine algérienne en France et en Europe. Personnellement, je ne suis pas surpris par la réaction de l'équipe d'Algérie bien qu'il y ait dans le même groupe l'Egypte. * Comment avez-vous réagi après la victoire de l'Algérie sur la Zambie ? J'ai eu une réaction mitigée. Vous savez qu'en face de l'Algérie il y avait la Zambie entraîné par mon ami Hervé Renard. J'étais un peu triste pour lui, mais j'étais également très content pour Rabah Saâdane auquel j'éprouve beaucoup d'estime. M. Saâdane est un entraîneur très respecté en Afrique. * Pensez-vous que l'Algérie est capable d'aller en Coupe du monde ? Je ne le pense pas, j'en suis convaincu. L'Algérie ne peut pas se louper si près du but et après avoir fait l'essentiel en battant l'Egypte de fort belle manière et allant s'imposer en Zambie. Mon souhait c'est de voir l'Algérie de nouveau en Coupe du monde. * Vous dites ça pour le lien affectif que vous avez avec notre pays ou vous le dites parce que l'Algérie a les moyens d'aller en Coupe du monde ? Je le dis d'abord parce que l'Algérie a des joueurs et un entraîneur capables de se qualifier en Coupe du monde et ils l'ont prouvé durant la première partie des éliminatoires. * Au Ghana, vous nous aviez révélé que votre père avait combattu pour l'indépendance de l'Algérie. Comment l'a-t-il fait ? Mon père était un enseignant de français et il faisait partie de la communauté intellectuelle française qui, malgré les pressions du gouvernement français, n'a jamais cessé de plaider pour l'indépendance de l'Algérie. * Vous n'avez jamais caché votre souhait d'entraîner un jour l'équipe nationale algérienne. Est-ce toujours le cas ? Vous dire que je souhaite entraîner l'équipe d'Algérie c'est faire injure à mon ami Saâdane qui est en train de réaliser un excellent travail. J'ai trop d'estime pour Saâdane pour dire aujourd'hui ce genre de choses. C'est vrai que j'ai failli être le sélectionneur de l'équipe d'Algérie une fois, mais ça ne s'est pas fait. Tant mieux pour l'Algérie puisqu'il y a Saâdane. C'est aussi faire injure aux responsables du football omanais qui m'ont fait confiance et qui attendent beaucoup de moi. Au jour d'aujourd'hui, l'équipe d'Algérie est entre de bonnes mains. Entretien réalisé par Mohamed Saâd Il a joué avec Bourebbou à Laval Durant sa longue carrière dans le football, Claude Leroy a eu à côtoyer beaucoup d'Algériens, mais celui avec lequel il garde le meilleur souvenir demeure sans conteste Madjid Bourebbou avec lequel il a joué au Stade Lavallois en D1 française. Leroy pense même que Bourebbou aurait pu apporter beaucoup plus à l'Algérie s'il avait été appelé plus tôt. Un grand globe-trotter Claude Leroy n'hésite jamais à aller à l'aventure dès qu'il s'agit de… sa passion d'entraîneur. En Afrique, il a entraîné le Cameroun à deux reprises, le Sénégal, la RD Congo et le Ghana, il est également allé jusqu'en Malaisie pour prendre en main la sélection locale. Aujourd'hui, il est à la tête de la sélection d'Oman qu'il a menée vers le titre de champion du Golfe. Sur la liste de la gauche plurielle Quand Claude Le Roy n'est pas en fonction, il est consultant pour diverses chaînes de télévision, et fut aussi chroniqueur à France Football. Instruit et politisé, il fut même en 5e position sur la liste gauche plurielle à Avignon. Même s'il n'a pas obtenu de bons résultats, il lutte toujours pour les idéaux socialistes.