«Renard a déjà accroché l'Egypte au Caire, je ne sais pas de quoi il peut avoir peur.» En Afrique, Claude Leroy est devenu une institution après ses cinq passages à la tête des sélections du Continent noir (Cameroun à deux reprises, Sénégal, RD Congo et Ghana). Et ce n'est pas par hasard qu'on l'appelle le Sorcier blanc. Depuis Mascate, l'actuel sélectionneur d'Oman a accepté d'analyser la situation dans le groupe C où se trouvent l'Algérie, «l'équipe de mon coeur» , la Zambie «la sélection entraînée par mon ami Hervé» et l'Egypte, «une équipe que j'aime bien». L'analyse du Sorcier blanc est pertinente, elle nous est surtout favorable, ne la ratez pas ! * Bonjour M. Leroy, comment ça marche avec la sélection d'Oman ? Jusqu'à présent tout va bien. Nous avons été champions du Golfe, nous sommes en train de préparer la Coupe d'Asie des nations. Nous avons fait 21matchs internationaux, nous en avons gagné 13, fait 5 nuls et concédé 3 défaites. A vous de juger le parcours. * Est-ce la magie du Sorcier blanc qui a fait encore une fois son effet dans une nation qui n'a pas une grande histoire footballistique? (Rires)Non, ce n'est pas de la magie. C'est vrai que ce pays n'a pas une grande histoire en Asie,mais il y a de très bons joueurs ici. Après avoir réfléchi à une stratégie qui fera avancer les choses, j'ai beaucoup travaillé avec mes joueurs, j'ai également bien étudié le jeu des adversaires qu'on a affrontés. Il n'y a donc pas de magie du Sorcier blanc comme vous dites surtout que nous n'avons pas joué contre n'importe qui. Il y a eu l'Uruguay, le Paraguay, l'Egypte, la Chine, la Bosnie et d'autres sélections de niveau mondial. * Il vous manquait peut-être un match contre l'Algérie, non ? Oui car l'Algérie d'aujourd'hui fait partie des adversaires contre lesquels on peut apprendre beaucoup. * Vous qui avez dirigé de nombreuses sélections africaines, suivez-vous les éliminatoires de la zone Afrique ? Naturellement et pas uniquement parce que j'ai entraîné en Afrique. Je le fais parce que je veux toujours apprendre et le football du Continent c'est celui de demain. J'avoue aussi que je suis particulièrement je groupe de l'Algérie, pour les relations privilégiées que j'ai avec ce pays et parce que dans le même groupe, il y amon amiHervé Renard à la tête de la Zambie. * Est-il vrai que c'est vous qui avez recommandé Renard à la Fédération zambienne ? En effet. Lorsque M. Kalusha Bwalya m'a sollicité pour prendre l'équipe, j'avais déjà des engagements avec la Fédération d'Oman. J'ai donc recommandé M. Renard parce que j'ai eu l'occasion de le connaître pendant les six ans qu'il a passées avec moi en tant qu'adjoint et je peux vous dire que c'est un jeune entraîneur très compétent qui avait besoin d'un challenge pareil pour voler de ses propres ailes. J'ai fait en quelque sorte le passeur. * Vous qui connaissez si bien Renard, comment pensez vous qu'il va aborder le match contre l'Egypte ? Il a l'obligation de faire un bon résultat pour qualifier l'équipe en Coupe d'Afrique des Nations. Il est donc condamné à stopper l'Egypte, autrement il ira au Rwanda dans des conditions très difficiles. * Pensez-vous qu'il puisse se dégonfler devant un adversaire comme l'Egypte ? Connaissez-vous un entraîneur qui se dégonfle à la veille d'un matchmême contre le Brésil ? Celui qui se dégonfle ou qui craint l'adversaire n'a qu'à changer demétier. Renard a déjà accroché l'Egypte au Caire, je ne sais pas de quoi il peut avoir peur. * Etes-vous toujours en contact avec lui ? Oui, bien sûr. * Vous arrive-t-il de lui filer des tuyaux la veille d'un match ? Vous savez,Hervé a travaillé pendant six ans avec moi, il connaît toutes les ficelles, je n'ai même pas besoin de lui filer des tuyaux.Maintenant, c'est à lui d'apporter sa touche personnelle à l'équipe car d'après ce que j'ai vu lors de la double confrontation Zambie-Algérie, votre sélection s'en sort bien quand même. Quand on regarde avec du recul ces deux matchs, ç'aurait pu aussi faire deux victoires pour la Zambie sans que personnene trouverait à redire. * A quelques heures de Zambie-Egypte et Algérie-Rwanda, quel est votre favori M. Leroy ? A priori, l'Algérie est dans une position plus que favorable pour au moins deux raisons. Avant d'affronter le Rwanda, les Algériens auront connu le résultat du match Zambie-Egypte et cela peut constituer un avantage. Et puis, l'Algérie est leader et joue à domicile alors que l'Egypte jouera à l'extérieur. * C'est la raison qui parle ou c'est le coeur ? (Il nous coupe) Non ! L'Algérie a trois points d'avance, il ne faut jamais l'oublier et je peux vous assurer que ce sera très difficile pour l'Egypte d'aller gagner en Zambie, alors qu'il est plus facile aux Algériens de battre le Rwanda chez eux. J'imagine aussi que les joueurs algériens sont conscients qu'ils ont une occasion historique de jouer la Coupe du monde, une occasion qu'ils n'ont pas le droit de rater. Pour moi, il se peut très bien que dimanche tout soit réglé. * Seriez-vous content que l'Algérie se qualifie en Coupe du monde ? Sincèrement oui et je ne serai pas le seul car l'Algérie est un grand pays du football. C'est dommage que le football de haut niveau se soit privé d'une équipe du potentiel de l'Algérie pendant 26 ans. C'est vrai que j'aime bien l'équipe d'Egypte et que je sois le supporter de la Zambie parce que Hervé en est l'entraîneur, mais je suis très content pour mon ami Rabah Saâdane qui va qualifier l'Algérie pour la deuxième fois à une Coupe du monde. * Pour la troisième fois puisqu'il était déjà dans le staff qui a qualifié l'Algérie auMondial- 82… (Surpris) C'est vrai ? Et bien, c'est extraordinaire ! Si dimanche l'Algérie est qualifiée, félicitez-le de ma part et transmettez-lui un grand bonjour. Entretien réalisé par M. S.