«A quoi sert de battre le champion du monde si nous ne pouvons pas aller au Mondial ?» Le malaise est perceptible chez les Egyptiens. Non seulement à cause des accusations de la presse sud-africaine à l'encontre de certains joueurs égyptiens (elle dit que si des joueurs égyptiens se sont fait voler, c'est parce qu'ils avaient ramené des prostituées dans leurs chambres) et de l'élimination peu glorieuse en Coupe des Confédérations face aux Etats-Unis après avoir pourtant séduit face au Brésil et réussi l'exploit contre l'Italie, mais aussi et surtout après la victoire de l'Algérie en Zambie, ce qui met la sélection égyptienne dans une bien mauvaise posture dans les éliminatoires pour la Coupe du monde. En discutant avec des officiels et des journalistes égyptiens lundi à Johannesburg, quelques heures avant le vol qui a ramené la délégation égyptienne au Caire, nous avons senti une sorte de gêne. Une gêne indicible, mais réelle. Gêne par rapport à l'affaire des prétendues prostituées, même si les Egyptiens sont convaincus que les Algériens, qui connaissent la piété de Mohamed Aboutrika et de ses coéquipiers, ne croient pas un seul instant à cette histoire. Gêne par rapport à l'élimination par des Américains, qui sont au football ce que les Egyptiens sont au golf. Gêne par rapport aux sarcasmes que certains d'entre eux employaient pour qualifier les chances de l'Algérie d'aller au Mondial avant le début du dernier tour éliminatoire, alors que la vérité se révèle cruelle pour leur ego. «A quoi sert de battre le champion du monde si nous ne pouvons pas aller au Mondial ?» L'Algérie qui bat la Zambie à Chililabombwe, c'est la plus mauvaise nouvelle de la semaine, encore plus mauvaise qu'était excellente celle de la victoire face à l'Italie. «A quoi sert de battre le champion du monde si nous ne pouvons pas aller au Mondial ?» C'est l'interrogation logique et légitime que des confrères égyptiens se posent en privé et nous ont posée en aparté. Battre l'Italie est prestigieux, certes, et constitue une ligne dorée dans le palmarès de l'Egypte, mais il s'agit d'une victoire contre le passé, alors que l'avenir, lui, est compromis. Le salut de l'Egypte passe par quatre victoires en quatre matches, par des scores lourds si possible. Tout cela en ayant deux déplacements ardus au Rwanda et en Zambie pour affronter des équipes qui n'ont pas encore renoncé dans la course pour la qualification à la CAN-2010. De tous les feuilletons égyptiens, ce sera peut-être le plus haletant. Rendez-vous au prochain épisode, le 5 juillet au Caire. F. A-S.