«J'avais peur pour ma santé au point que je ne voulais même pas en parler» * En premier lieu, comment vous sentez-vous, moralement surtout, suite à cette intervention chirurgicale ? Je suis vraiment soulagé après cette intervention. Rien n'est cruel pour un joueur que de voir son élan stoppé net au milieu de la saison. Le plus important, c'est que cette intervention ait été une réussite totale et cela me réjouit au plus haut point. * Votre médecin vous a-t-il remis le rapport de l'opération ? Le médecin Zemouri m'a fait savoir que l'intervention était complètement réussie. Il m'a dit aussi que je pourrais rejouer sans le moindre souci. Tout est une question de temps seulement. Il m'a prescrit un repos total de vingt et un jours. Ce n'est qu'après cette période que je dois débuter ma rééducation. Je sais que cette période est très délicate et importante à la fois. D'ailleurs, je n'ai pas le choix, je dois suivre à la lettre les conseils du médecin pour me remettre sur pied et être complètement prêt à reprendre l'entraînement. * Cela faisait longtemps que vous attendiez cette intervention. Dans quel état d'esprit vous trouviez-vous avant de passer sur le billard ? Je serai très franc avec vous. Pendant cette période-là, j'avais très peur pour ma santé au point que je ne voulais même pas qu'on me parle de cette opération. De plus, on m'a fait savoir que cette intervention devait se faire en France. J'ai accompli toutes les démarches nécessaires pour l'obtention de mon visa, mais je n'ai pas pu l'avoir au final. Cela m'a mis davantage dans la difficulté. C'est la raison principale qui m'a poussé à rester discret. Surtout après tout ce qui a été dit à mon sujet. * Que voulez-vous dire par là ? Je vous rappelle que ma blessure a ouvert la porte à toutes sortes de spéculations. Les gens disaient je ne pourrais plus rejouer au football et que cette blessure signifiait la fin de ma carrière. Contrairement à ces déclarations qui n'ont aucun sens, je savais pertinemment que ma carrière n'était pas finie. Toutefois, je n'ai jamais compris pourquoi il y a eu tant d'acharnement sur ma personne. Ceux qui ont dit et redit à ce sujet ne se rendaient peut-être pas compte à quel point tous leurs mensonges me faisaient mal à moi et à ma famille. Je les laisse à leur conscience. * Qui a été derrière la décision de vous opérer en Algérie ? Il est vrai qu'au tout début, l'intervention devait se faire à Paris, mais en voyant les choses tarder plus qu'il ne le fallait, j'ai pris la décision moi-même de subir l'intervention en Algérie. J'avais hâte d'en finir avec cette blessure. D'ailleurs, à l'époque, si on avait accédé favorablement à ma demande de visa, j'aurais sauté dans le premier avion à destination de Paris pour me faire opérer. En plus, ce qui m'a rassuré quelque peu, c'est d'avoir constaté que le médecin qui devait m'opérer à Alger était quelqu'un de très compétent. * On a entendu dire que la direction de la JSK souhaitait vous prendre avec le reste du groupe au Maroc. Confirmez-vous cette information ? Rien n'est officiel pour l'instant. Au moment où je vous parle, personne ne m'a contacté, encore moins le président, pour m'informer de cette nouvelle. En tout cas, ce serait une excellente chose pour moi. Le fait d'être avec le groupe me permettra de me coller à l'ambiance du stage d'avant-saison. En plus, je bénéficierai sur place de la présence d'un médecin pour une rééducation rapide et efficace. Car en Algérie, je dépends du chauffeur qui me transporte chez le kiné. * Vous allez certainement rater l'intégralité de la préparation de votre équipe et probablement la phase aller du championnat ; cela ne vous inquiète-t-il pas ? En tout cas, cette perspective qui ne m'enchante pas. Je sais que je vais devoir attendre longtemps avant de fouler la pelouse à nouveau. Je sais aussi que je vais devoir entamer un plan de préparation physique individualisé au moment où mes camarades auront entamé la phase finale de préparation. Que voulez-vous, le plus important est que je retrouve mon meilleur niveau. Mais comptez sur moi, je ferai tout pour que cela se concrétise. * Estimez-vous que vous serez capable de retrouver vite votre meilleur niveau ? Bien évidemment. Je ne vous cache pas que je suis armé d'une grande volonté pour retrouver le niveau qui a été le mien au début de la saison dernière. * Comment avez-vous réagi aux déclarations de Hannachi qui affirmait qu'il ne vous laisserait pas tomber ? J'allais aborder ce point justement. Parce que la chose qui m'a rassuré le plus, c'est d'avoir mes dirigeants à mes côtés dans cette période difficile et à leur tête le président Hannachi. D'ailleurs, c'est lui-même qui a pris la décision de me transférer en France, mais le destin en a voulu autrement. Toutefois, je n'ai pas compris la réaction de certaines personnes qui ont avancé que Hannachi n'a pas fait de son mieux pour que j'obtienne mon visa. Lui, Amrouche, Guillou et Doudane ont toujours été à mes côtés. Cela me réchauffe le cœur de me savoir fort de leur soutien. * Quelle est la première chose que votre mère vous a dite à votre retour à la maison après l'intervention ? (Rires) Au moment où j'ai franchi le seuil de la maison, ma mère a dit la chose suivante : «Incha' Allah, cette blessure ne dépassera pas le seuil de cette porte» histoire de conjurer une fois pour toutes la malédiction des blessures pour son fils. Elle a prié pour que cette blessure soit la dernière de ma carrière. Je ne vous cache pas que c'est à ce moment-là que j'ai senti à quel point elle s'était inquiétée pour moi. * Avez-vous pensé que vous alliez être réduit à ce genre de situation au début de la saison passée ? Quel est le joueur qui s'amuserait à y penser surtout en début de saison. Lorsque je suis arrivé de l'USMB, j'étais très motivé à l'idée de faire une excellente saison sous le maillot de la JSK. Je me suis intégré facilement dans le groupe et j'ai même pu arracher une place de titulaire peu après le démarrage du championnat. Ensuite, avec les matches de Coupe de la CAF, j'ai pu relever mon niveau davantage. La suite, vous la connaissez. Dommage, mais c'est le destin. Je dois accepter. * Savez-vous que Lang nous a demandé de vos nouvelles le jour de son arrivée en Algérie la semaine passée ? Non, vous venez de me l'apprendre. En tout cas, pour un joueur dans mon cas, c'est plus que motivant. C'est une grande marque de confiance qu'il témoigne à mon égard. Bon, il m'a appelé avant et il m'a rassuré en me faisant savoir que tout le club était à mes côtés et que je n'avais rien à craindre. Il m'a aussi demandé de suivre à la lettre les conseils du médecin et surtout de prendre tout mon temps pour la rééducation. * Lang n'est pas le seul à avoir demandé de vos nouvelles, Hamiti aussi a voulu s'enquérir de votre état de santé… Je sais, il m'a appelé il y a quelques jours pour avoir de mes nouvelles. Hamiti est un frère pour moi. Nous avons passé des moments inoubliables à Blida. Cela m'a fait un énorme plaisir qu'il soit venu à la JSK cet été. Je sais pertinemment qu'il fera une excellente saison. Je me chargerai personnellement de l'aider à s'intégrer dans le groupe. Je lui souhaite de réussir. * Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette saison ? Je garde en souvenir les matches que j'ai disputés à Tizi devant nos supporters, notamment ceux de la Coupe de la CAF. Rien qu'à rembobiner ces matches-là dans ma mémoire, j'en ai la chair de poule. Rien que pour ça, je ferai tout pour retrouver rapidement mon meilleur niveau. Ce sont des moments inoubliables. Je souhaite revivre toutes ces sensations la saison prochaine. L'ambiance du stade me manque déjà. Il y a aussi les supporters de la JSK qui s'étaient inquiétés sur ma blessure. Je sais qu'ils ont essayé de me joindre au téléphone pour avoir de mes nouvelles. A l'époque, j'étais injoignable, mais là vous me donnez l'occasion de leur adresser mes vifs remerciements. Je leur promets de revenir à mon meilleur niveau. J'ai une dette envers eux. Entretien réalisé par Abdelatif Azibi