La magie dans le pied de Zizou Zinédine Zidane avait déjà aidé la Juventus de Turin à remporter la Serie A deux saisons consécutives, brillé sous ce même maillot en finale de la Coupe Intercontinentale face à River Plate, fourni l'une des plus impressionnantes performances individuelles de l'histoire des finales de la Coupe du Monde de la FIFA avec la France face au Brésil et, enfin, permis aux Bleus de conquérir l'UEFA EURO 2000. Mais curieusement, l'impressionnante armoire à trophées du meneur de jeu, âgé à l'époque de 29 ans, restait désespérément vierge d'une Ligue des champions de l'UEFA, malgré deux finales disputées. En effet, Zidane avait déçu lors de la défaite 3:1 de la Juve face au Borussia Dortmund en 1997 ainsi que face au Real Madrid 12 mois plus tard, au même stade de la compétition (1:0). Un face-à-face avec Ballack Aussi, le natif de Marseille espérait-il bien faire mentir l'adage "jamais deux sans trois" en ce 15 mai 2002. Cette fois-ci, il jouait pour le géant espagnol et non plus contre lui. Le Bayer Leverkusen se présentait face aux hommes de Vicente del Bosque avec dans ses rangs Lucio, Bernd Schneider, Yildiray Bastürk, Oliver Neuville ou encore Michael Ballack. Le club allemand avait notamment éliminé Liverpool et Manchester United afin de gagner le droit de disputer la finale. Celle-ci se déroulait à l'Hampden Park de Glasgow, là où le Real l'avait emporté 7:3 en 1960 face à l'Eintracht Francfort dans ce qui est considéré comme la finale la plus spectaculaire de l'histoire de la compétition. Après seulement huit minutes de jeu, une nouvelle large victoire de la Maison blanche semblait ne faire aucun doute. Roberto Carlos, au niveau de la ligne médiane, effectuait une touche dans la course de Raul, parti dans le dos de la défense et qui plaçait une frappe du gauche en première intention. Celle-ci trompait un Hans-Jörg Butt peu inspiré sur ce coup-là. Un coup de génie Mais il était dit que le Real ne dominerait pas outrageusement cette finale et son adversaire. Il ne fallut d'ailleurs que cinq minutes à celui-ci pour égaliser par l'intermédiaire de Lucio. Le défenseur brésilien échappait à la vigilance de Fernando Hierro pour reprendre de la tête un coup franc tiré par Schneider et remettre les deux équipes à égalité. Leverkusen obligeait ensuite les gardiens Cesar puis Iker Casillas, rentré à la 68e minute, à effectuer plusieurs arrêts délicats. De l'autre côté du terrain, Luis Figo quittait le terrain sur blessure à l'heure de jeu, tandis que Raul et Fernando Morientes étaient parfaitement maîtrisés par Lucio et Boris Zivkovic. Malgré quelques coups d'éclats et autres dribbles divins de Zidane, les Madrilènes peinaient à se créer des occasions. Finalement, ils parvenaient à faire la différence sur un ballon que personne n'aurait été capable de mettre au fond des filets. Personne, sauf le génial numéro 5 des Merengue. À quelques secondes de la mi-temps, Roberto Carlos faisait une passe en direction de Santiago Solari et sprintait le long de la ligne de touche dans l'espoir d'un une-deux. Le latéral brésilien arrivait sur le ballon quelques centimètres devant Schneider et, sous la pression de ce dernier, plaçait une balle en cloche improbable en direction d'un Zidane placé à l'entrée de la surface. En raison de la hauteur et de l'angle pris par le ballon, sans compter le fait que celui-ci arrivait dans le dos du meneur de jeu, il fallait déjà un petit miracle pour parvenir à ne serait-ce qu'inquiéter Butt. Pas de quoi rebuter le Français pour autant. Zidane arquait son dos, préparait son pied gauche - le faible - et envoyait une reprise de volée limpide juste sous la barre pour permettre au Real Madrid de devenir champion d'Europe, pour la neuvième fois de son histoire. Toppmöller (ent. Leverkusen) : «Nous avons été vaincus par l'un des buts les plus magiques de l'histoire du football» «Mon équipe s'est comportée en championne aujourd'hui», soulignait à l'époque Klaus Toppmöller, l'entraîneur de Leverkusen. «Mais nous avons été vaincus par l'un des buts les plus magiques de l'histoire du football.» Steve McManaman, entré en cours de jeu côté madrilène, ajoutait : «Je ne sais pas si un autre joueur, de quelque époque que ce soit, aurait pu marquer ce but-là. C'était du génie pur et simple». L'actuel président du Real, Florentino Perez, est même récemment allé encore plus loin dans les louanges adressées à Zizou : «Le but de Glasgow est le plus beau de l'histoire du football.»