Ferradji : «On a su relever le défi avec la manière en sus» Les feux de la victoire se sont rallumés dimanche soir au 8-Mai. Le sortilège du sorcier a échoué dans les cages qu'il avait arrosées de sa potion maléfique et qui ont accueilli à bras ouverts Abdelmalik qui était de retour sur ses terres de prédilection pour se faire bénir en ces mêmes lieux où un jour il se fit injustement maudire. Ziaya le magnifique est revenu. Ni de loin ni de près, non, il n'a pas changé ! Ou plutôt si ! En effet, si on lui savait le sens du but aiguisé, l'a-t-on déjà vu autant raffiné et s'accompagner de tant de soin comme confectionné avec le souci de la précision par quelque génie incompris s'évertuant à mettre une fois pour toutes les points sur les i bien à l'endroit de tout détracteur ou autre bon entendeur ! C'était tellement intelligent et fort de sang-froid ! Admirez ! De sa position légèrement excentrée, on pensait qu'il allait foncer tête baissée et tenter une frappe en force qui aurait eu 99% de chances d'être contrée par le gardien sorti à sa rencontre si elle ne finissait pas dans les décors. Au lieu de cela, il a eu la lumineuse inspiration d'oser une double feinte de corps, claire et limpide pour s'ouvrir le chemin du but en laissant derrière lui le keeper congolais complètement désarticulé. Un coup dans le zig, un autre dans le zag et pour finir, un grand Z pour signer l'ouverture du score. Du bon boulot, accompli juste comme il faut, de quoi donner tout son sens à la passe décisive qui lui a été délivrée avec une clairvoyance en disant certainement long sur le degré d'intelligence, dans le jeu s'entend, auquel évolue désormais un onze à qui on peut d'ores et déjà attribuer une bonne longueur d'avance au rayon de la cohésion par rapport à ses principaux rivaux de la compétition nationale. Un atout au goût de cerise sur le gâteau, car en sus des individualités qui ont, chacune prouvé sa capacité à manier la baguette pour orienter la manœuvre dignement d'un chef d'orchestre comme aurait pu l'être Hadj Aïssa ou Djediat, dont, soit dit en passant, l'absence est passée inaperçue. De Ferradji au banc des remplaçants, la tenue d'ensemble a été impeccable pour mériter la note complète, tout comme l'a été la fête… sur un air de «Dolce Vita». Et que les sceptiques ne s'agitent pas trop, car le maestro n'a pas encore dit son dernier mot en réservant, comme d'un sain plaisir, le meilleur pour la fin avec cette seconde réalisation dans un angle impossible mais savamment calculé au point de surprendre le gardien congolais qui s'apprêtait à plonger de l'autre côté. C'est-à-dire par où il avait réussi à repousser le cuir quand quelques petites minutes plus tôt, Ziaya s'était retrouvé dans une position identique d'où il tenta le tir croisé sans succès. Le fait d'avoir modifié sa stratégie en voyant le scénario se répéter au début de l'action à l'issue de laquelle cette fois il allait faire mouche, est une preuve de toute sa parfaite lucidité et surtout qu'il n'a rien d'un imbécile. Il n'y a pas à dire, il y a du Maradona en cela quand on se rappelle comment lors du Mondial de 1986, et après avoir passé en revue la défense anglaise pour voir son tir décoché à l'entrée de la surface adverse échouer, El Pibe de Oro avait récidivé juste après, sauf que cette fois, au lieu de tenter la frappe, il décida d'aller jusqu'au bout en dribblant aussi Peter Shilton et bingo ! Cela dit toutes proportions gardées certes, mais tout de même bravo les gars, c'est comme ça comme on vous aime, chacun sa part de mérite, mention spéciale au héros du jour et vivement la suite ! M. Raber Un déclic psychologique Commentant la prestation de Abdelmalek Ziaya qui a donné l'éclatante confirmation qu'il est bel est bien le finisseur attitré dont l'Entente ne saurait se séparer, et encore moins pour le motif qui avait fâché le joueur au point de déserter les rangs sétifiens avant la fin de la saison, le coach Ali Mechiche n'a pas du tout paru surpris par tant d'allant. Pour le technicien, il suffisait à Ziaya d'un déclic psychologique pour retrouver toutes ses marques et surtout la joie de jouer. Pour ce faire, l'entraîneur a reconnu que l'ambiance qui a prévalu lors du stage en France a beaucoup contribué à rendre le sourire au buteur qui n'allait pas tarder à retrouver par la même toutes ses sensations. Le coach ne cache pas non plus qu'il a fallu au staff technique et aux dirigeants un grand travail psychologique pour faire prendre conscience à Ziaya qu'il était toujours en mesure de s'illustrer grâce à ses capacités lui permettant d'élever le ton pour tenir à la perfection le rôle qui lui sied tant, celui d'être l'homme de la décision. En effet, Mechiche a eu raison, et ce n'est pas nous qui le disons, mais les événements … Des fleurs pour les supporters Le coach Rachid Belhout a tenu parole en se dirigeant à l'entrée des joueurs sur le terrain vers les gradins main dans la main avec Abdelmalik Ziaya. L'ovation réservée par le public à celui qui allait être le héros de la soirée avec, à la clé, un doublé pour sceller comme il se devait une prestation de tout premier ordre, pour ne dire sans faute, avait tôt fait de lever de toute équivoque. Pourtant aucun doute ne pouvait subsister à ce propos après l'accueil réservé par les supporters aux joueurs qui avaient eu droit à une haie d'honneur lors de la séance d'entraînement qui s'était tenue samedi, c'est-à-dire la veille du match. On avait alors salué cette initiative pour le moins inédite et l'on en dira autant de celle prise par Belhout qui a réservé une belle surprise à Ziaya en lui offrant une multitudes de bouquets de fleurs que le buteur allait se faire un plaisir de lancer aux supporters en faisant le tour du stade pour ne pas faire de jaloux. Le ton venait d'être donné tel un vibrant aperçu de ce qu'allait être la suite. Ferradji : «On a su relever le défi avec la manière en sus» * Alors heureux après cette belle victoire sur Vita Club ? Oui, bien sûr, je ne peux qu'être heureux au même titre que tous mes coéquipiers et notre public qui méritait qu'on lui fasse tant plaisir. Je suis d'autant heureux qu'avant la rencontre nous nourrissions quelques appréhensions du fait que cela faisait à peine un peu plus de deux semaines qu'on n'avait commencé notre préparation et comme ce match tombait un peu trop tôt, alors on craignait de ne pas être à point physiquement. Dieu merci, il n'en a rien été et nous avons su relever ce défi en y mettant la manière en sus. * D'après vous, comment vous a-t-il été possible de surmonter ce déficit sur le plan physique que vous craigniez tant ? Je pense qu'il n'y a pas de secret, c'est notre grande volonté et toute notre détermination a ne pas décevoir nos supporters pour notre première apparition à la maison qui ont fini par payer. Il y a aussi le fait qu'on a su faire bloc sur le terrain où tout un chacun d'entre nous a donné le meilleur de lui-même en sachant se mettre au service du collectif. C'est pour vous dire aussi que notre force a aussi été cette solidarité dont on a su faire preuve du début jusqu'à la fin de la partie. * En début de seconde mi-temps, vous avez été l'auteur de trois arrêts décisifs, qu'est-ce que cela vous fait d'avoir ainsi été en quelque sorte, vous aussi, le sauveur de votre équipe ? Avant tout, il faut reconnaître le mérite à tout le monde qui a tenu son rôle comme il se doit, les joueurs qui étaient sur le terrain comme ceux qui ont suivi le match à partir du banc, sans oublier le staff technique, les dirigeants et bien sûr nos valeureux supporters. Voyez-vous, moi je fais partie de ce tout et je n'ai fait donc qu'accomplir ma part du boulot et si j'ai pu m'illustrer, c'est aussi grâce à la baraka qui ne m'a pas laissé tomber. Cela dit, il est vrai que les Congolais sont revenus en deuxième mi-temps résolus à rétablir l'équilibre, mais ils ont trouvé en face d'eux un groupe soudé et tout aussi fermement décidé à ne pas lâcher prise. * En parlant des supporters, que nous diriez-vous à leur propos s'il fallait résumer leur rôle en quelques mots ? Nos supporters ont joué un rôle efficace dans ce succès enregistré face à un adversaire loin de n'être qu'un simple faire-valoir. Je tiens surtout à souligner leur très bon comportement vis-à-vis de toute l'équipe et plus particulièrement Ziaya qui avait besoin qu'ils lui fassent sentir tout leur soutien. Quand on voit un public comme le nôtre qui montre bien que ce qui compte pour lui, c'est l'intérêt de l'équipe, alors il ne reste qu'à savoir s'élever à la hauteur de ce noble sentiment et de la confiance que nous font nos fans autant que le staff technique et les dirigeants. Ce que j'ai remarqué aussi lors de ce dimanche, c'est que même aux moments où nous connaissions des flottements, nos supporters ont continué à nous encourager, ce qui nous va droit en nous donnant toute l'énergie nécessaire pour revenir dans le match et reprendre le contrôle du jeu comme on l'a fait jusqu'à la fin du match. * Après ce succès, comment voyez-vous votre prochain match de Coupe de la CAF contre les Egyptiens d'Ennepi ? Ce match sera pour nous celui de la confirmation, puisque nous serons tenus de faire honneur aux couleurs du club et du pays mais aussi à notre statut de premiers leaders de ce groupe de la phase des poules de la Coupe de la CAF. Je pense que nous avons acquis suffisamment d'expérience pour prétendre à un bon résultat au cours de ce match qui sera, à ne pas en douter, entouré de beaucoup de pression comme le sont désormais tous les duels algéro-égyptiens, mais nous avons confiance en nos moyens pour être en mesure de surmonter toutes les épreuves. Entretien réalisé par S. B.