Prandelli : «On a perdu avec dignité.» Chiellini : «Certains joueurs pouvaient à peine marcher.» Au lendemain de la lourde défaite face à l'Espagne, les médias italiens savourent le beau parcours de leur équipe. «Les larmes d'un enfant à qui on a volé les bonbons coulent des jeunes yeux de Mario Balotelli.» De la lourde défaite d'hier, la Gazzetta Dello Sport retient évidemment les larmes. Celles de Mario Balotelli, héros de la victoire contre l'Allemagne, mais aussi celles d'Andrea Pirlo, grand bonhomme de la compétition. Des pleurs, encore, pour la Repubblica, dont les vidéos émouvantes ont donné des frissons aux internautes italiens. Ce matin, en ouvrant leurs journaux préférés, les tifosi de la Nazionale ont retrouvé des journaux qui, à l'unisson, parlaient de fierté. Fierté d'avoir une si jolie équipe pour représenter leur pays. En Italie, on aime l'équipe nationale. Et ça se voit. Dans la Gazzetta Dello Sport, même les publicités disent «merci» ou «bravo» aux coéquipiers de Gianluigi Buffon. «Merci les Bleus, vous êtes premiers dans notre cœur» pour Puma, «une grande équipe ! Merci pour les émotions que vous nous avez fait vivre» pour Pai, sponsor de la Squadra Azzurra. Hier matin, l'Italie est fière. Personne ne l'attendait à ce stade de la compétition et à ce niveau. C'est donc assez logiquement que les journaux qui s'éternisent sur les circonstances de la défaite soient rares. Le 4 à 0 fait mal, certes, mais de l'autre côté des Alpes, on préfère se concentrer sur «le bon avancement de la méthode Prandelli» et sur «l'excellent tournoi» sans jamais oublier de respecter l'adversaire espagnol, à qui la Gazzetta Dello Sport «tire son chapeau, pour son triplé historique». «Trop d'Espagne pour nous» explique d'ailleurs le célèbre quotidien aux pages roses, qui reconnaît volontiers que son équipe n'a jamais été en mesure de se battre avec son adversaire du soir. Pour le Corriere Dello Sport, c'est tout simplement «la fin d'un rêve». Le très sérieux Corriere Della Sera lui, évoque «une soirée désastreuse.» Mais partout, on trouve quand même un brin d'espoir. L'espoir de revoir les larmes de Balotelli dans quatre ans. Des larmes de joie. Prandelli : «On a perdu avec dignité» Bien qu'elle se soit inclinée en finale de l'Euro, la Squadra Azzura aura réalisé un beau parcours dans la compétition. Ce que n'a pas manqué de rappeler Cesare Prandelli, le sélectionneur italien. «On a commencé le tournoi avec quelques problèmes, on avait l'Espagne dans notre groupe mais on a joué des matches formidables. Si vous êtes unis et que vous vous battez, vous pouvez allez loin. On a perdu avec dignité. Je suis très fier de mon équipe», a déclaré le technicien selon France Football. Bon joueur, le technicien a également félicité son adversaire, qui glane son troisième titre international consécutif. «Ils ont marqué l'histoire. Cela fait des années qu'ils pratiquent un formidable football. Même s'ils n'ont pas joué avec un avant-centre de métier, ils nous ont posé beaucoup de problèmes», avoue-t-il. Chiellini : «Certains joueurs pouvaient à peine marcher» n «Nous sommes déçus par ce que nous espérions remporter ce tournoi ou du moins le terminer d'une autre manière. Nous étions fatigués, très fatigués et c'est ce que montrent ces blessures. Certains de nos joueurs sur la pelouse pouvaient à peine marcher. Au final, nous devons dire bravo l'Espagne. Elle a mérité de gagner, elle a prouvé qu'elle était meilleure que nous. Lorsque nous avons été réduits à 10, le match était presque fini. Dans les 30 dernières minutes ils nous ont surclassés, en partie parce qu'ils avaient leur supériorité numérique. Tout le monde est triste mais cela ne peut pas effacer tout le bon tournoi que nous avons effectué. On a fait rêver des millions d'Italiens. C'est un bon point de départ pour le futur». Buffon : «Une belle aventure» L'Italie n'a pu que s'incliner devant la supériorité espagnole, lors de la finale de l'Euro (0-4). «Contre l'Espagne, on accepte plus sereinement de perdre. C'était une belle aventure, a déclaré à la télévision italienne Gianluigi Buffon, le gardien et capitaine de la Nazionale. En finale, il faut gagner mais aujourd'hui (dimanche) on a joué contre une équipe d'une valeur inestimable. Merci aux Italiens qui nous ont soutenus.» Bonucci : «Les Espagnols méritaient de gagner» nn«C'est dur, on pensait vraiment que l'on pouvait le faire. Si on avait gagné avec notre style, notre jeu et notre désir de faire vivre le ballon et de créer des ouvertures, c'est sûr que nous serions ici en train de parler d'autre chose. Mais ils ont mérité de gagner il faut les féliciter. Une fois de plus, ils ont montré qu'ils étaient deux classes au-dessus de tout le monde. Je pense qu'aujourd'hui, d'une manière générale, nous n'avons pas eu de chance dans tout ce que nous avons entrepris : cela va des buts que nous avons encaissés aux joueurs que nous avons perdus sur blessure. C'était juste une soirée sans. On va se nourrir de cette expérience et de tout ce que nous avons fait dans ce tournoi, qui était positif, parce qu'on a vraiment eu cette volonté de jouer football». De Rossi : «On était cuits» Daniele de Rossi, battu en finale de l'Euro, a admis sans conteste la supériorité des Espagnols (4-0). Il se dit tout de même fier de la prestation des Italiens, qui ont payé en finale les efforts fournis pendant la compétition. «On avait déjà joué ce match mais il sont encore plus forts. La différence c'est qu'ils sont meilleurs, ils réussissent à jouer à ce niveau jusqu'à la fin. Mais si la différence est si grande, c'est à cause de la forme physique. On n'avait pas la sensation de pouvoir gagner. Je suis fier de ce qu'on a fait, d'avoir fait partie de ce groupe et d'avoir rallumé la passion des Italiens. On leur a rendu la fierté après le scandale d'avant l'Euro. On a donné à nouveau de l'émotion à ceux qui jouent au football. On a changé de système en cours de compétition sans difficulté et ceux qui sont entrés en jeu ont toujours été bons. Mais en finale, on était un peu cuits mais contre la meilleure équipe du monde tu n'as une chance que si tu es à 100 %». -------------------- Moratti veut faire revenir Balotelli L'Euro 2012 restera, quoi qu'il arrive, celui de l'Espagne. Mais l'Italie n'a pas démérité tout au long de la compétition et peut sortir grandie d'une compétition où on ne l'attendait pas à pareille fête. Et si Andrea Pirlo restera le grand bonhomme de la Squadra Azzura, que dire de Mario Balotelli. L'attaquant de Manchester City a fait du Super Mario avec du très bon et du très mauvais comme sa prestation insipide hier face à l'Espagne. À 21 ans, Balotelli paraît désormais incontournable en sélection italienne. Un statut qui devrait lui assurer une place de choix au sein de la pléthorique attaque des Citizens. Ce matin, Massimo Moratti annonce dans les colonnes de la Gazzetta Dello Sport son envie de rapatrier l'ex-enfant terrible de l'Inter Milan pour lequel il ne tarit pas d'éloges. «Je ne nie pas que j'ambitionne désormais de le faire revenir à l'Inter. Je tenterai bien ma chance à nouveau avec lui, même si actuellement, il est sous contrat à Manchester City et qu'ils ne le lâcheront pas facilement. Je suis fier de ce qu'il réalise actuellement. Les Italiens l'adorent même si c'est un gars complexe. Mais c'est surtout un grand joueur et il le prouve au niveau international actuellement». Mino Raiola (Agent du joueur) : «Il vaut 250 millions d'euros» Mais le président du club lombard risque de voir son rêve partir en fumée. Il faut dire que Super Mario a pris une nouvelle dimension en quelques semaines en Pologne et en Ukraine. Son doublé face à l'Allemagne a fait le tour du monde et a fait exploser sa cote, comme l'explique son agent, Mino Raiola au micro de Sky. «Quelle est la valeur Mario après l'Euro ? Eh bien, je ne dirais pas de prix, mais si je devais mettre une valeur sur lui, je dirais 250 millions d'euros. Mais quel que soit le prix, il va rester à City, à 200 %. Mario n'a pas changé, c'est plutôt la façon dont les gens autour de lui le perçoivent qui a changé». Manchester City peut donc se frotter les mains. S'ils avaient mis quasiment 30 M€ pour le recruter il y a deux ans, Mario Balotelli vaudrait bien plus aujourd'hui. De bon augure aussi bien pour le fantasque attaquant italien que pour le richissime club anglais. Mancini : «Vendre Balotelli ? Non !» Auteur d'un doublé lors de la finale avec la Squadra Azzura face à la Mannschaft en demi-finale de l'Euro (1-2), Mario Balotelli a tapé dans l'œil de son entraîneur de Roberto Mancini. Invité à s'exprimer sur l'avenir du joueur âgé de 21 ans, Mancini n'a pas tardé à mettre les choses au clair en affirmant que «Non ! Le club n'a jamais songé à se priver du joueur, dont l'acquisition a nécessité de gros efforts. Et puis les fans de Manchester City l'aiment...»