Un pays de contrastes, une Seleção en demi-teinte. Le Brésil est une nation comme il y en a peu : capable de truster le top à tous les niveaux, comme de frôler le pire. Cinquième pays le plus grand par la taille, 5e au niveau démographique, il représente à lui seul la plus grande puissance d'Amérique du Sud. Cependant, d'autres données font de lui un pays plutôt en retard, comme le fait que l'écart entre les plus pauvres et les plus riches soit comparable à certains pays d'Afrique. Et pourtant, cette nation va organiser la prochaine Coupe du monde, ainsi que les Jeux Olympiques de 2016. Etonnant, pour un pays qui possède un protectionnisme très fort qui rend compliqué tout investissement étranger. Mais le savoir-faire et la main-d'œuvre manquent, d'autant plus que la plupart des chantiers sont en retard. Et parmi tous ces chantiers, nous pourrions également parler de l'équipe du Brésil, en perdition totale depuis quelques années. Un pays de contrastes, une Seleção en demi-teinte Habituée à flirter avec les sommets du monde footballistique, et ayant pour dernier fait de gloire la Coupe du monde 2002 remportée face à l'Allemagne grâce au doublé de Ronaldo, faisant suite à la victoire en Coupe du monde 1994 et la finale perdue face à la France en 1998, la Seleção n'y arrive plus. Et devinez qui en est le responsable ? Peut-être Thierry Henry. En effet, c'est à partir de la défaite 1-0 face à la France lors de la Coupe du monde 2006 que le Brésil va entamer une véritable descente aux enfers. Et pourtant, l'équipe avait sur le papier l'un des quatuors les plus redoutables au monde : Ronaldinho, Ronaldo, Adriano, Kaka. Curieusement, mis à part Ronaldo qui a pris sa retraite, aucun de ces joueurs ne fait partie des Brésiliens appelés régulièrement, malgré une qualité toujours là, mais moins explosive peut-être. En Copa América 2007, Dunga vire toutes les stars, et change totalement l'équipe. Choix victorieux puisqu'il remportera la coupe aux dépens de l'Argentine de Leo Messi. Puis le pays remporte la Coupe des Confédérations, et empoche encore une fois des points précieux dans la course à la première place du classement FIFA. Mais tout ça n'était qu'un mirage. Le Brésil n'a définitivement trouvé personne pour remplacer une génération dorée qui comptait parmi elle Rivaldo, Ronaldo, Bebeto ou Romario. Et la catastrophe de la Coupe du monde 2010 va tout confirmer. Après être sorti du "groupe de la mort", avec le Portugal, la Côte d'Ivoire et la Corée du Nord, le Brésil gagne sans convaincre, et se qualifie avec 7 points. En huitièmes, la Seleção ne fait qu'une bouchée du Chili. Puis en quarts, elle tombe sur un os, les futurs finalistes de cette édition : Sneijder et les Pays-Bas, sur le score de deux buts à un. La reconstruction avant la renaissance ? C'est à Mano Menezes qu'est revenue la lourde tâche de reconstruire toute une équipe, avec une pression énorme puisqu'il va être obligé de remporter la Copa América ainsi que les JO avant de pouvoir espérer mener son pays à la finale de la prochaine Coupe du monde. Mais l'expérience ne va pas être si bonne que prévue. Même si son équipe s'appuie sur de plus en plus de joueurs brésiliens et qu'il commence à appeler des joueurs de championnats dits moins puissants (autres que les allemand, anglais, italien ou espagnol), le Brésil n'y arrive pas, et est même éliminé en quarts face au Paraguay, aux tirs au but. Malgré tout, l'homme reste au pouvoir, avant des JO qui s'annoncent plus que décisifs pour son avenir. Le sélectionneur se concentre également sur des joueurs jeunes, comme le démontre sa dernière liste de convoqués, constituée seulement de 5 joueurs de 25 ans et plus. La question que l'on peut se poser est la suivante : faut-il être têtu et insister sur une équipe qui ne produit rien et attendre la résurrection lors de la Coupe du monde organisée à domicile, à la manière de France 98, ou plutôt réintégrer des cadres plus vieux afin d'épauler les plus jeunes, comme l'a fait Raymond Domenech en 2006 ? Le Brésil 11e, pour la 1re fois exclu du Top 10 Le classement FIFA est sorti mercredi, et le Brésil, même s'il n'a pas joué, semble avoir fait les frais de l'Euro 2012. Comme démontré dans l'article "Le classement FIFA : un casse-tête arithmétique", le Brésil a également été fortement pénalisé parce qu'il a remporté plusieurs compétitions qui lui ont rapporté gros, notamment en 2007 et 2009, avant d'échouer contre des équipes européennes en Coupe du monde, en 2006 et en 2010. Il est évident que le dernier résultat en Copa América n'a pas arrangé les choses. C'est donc pour cela que le Brésil occupe aujourd'hui une place qu'il n'a jamais connue depuis la création du classement en 1993, étrange pour un pays si habitué à être dans les Top 10. Et si le Brésil se rapproche de la 14e place de la France au classement FIFA, la 5e place de puissance économique de la France, elle, pourrait être bientôt ravie par le Brésil. Tout ne va pas si mal donc. Enfin cela dépend du point de vue adopté.