Samir Abboud (ancien gardien de but de la Libye) : «Nous aurions aimé éviter l'Algérie» On ne sait pas trop s'il faut vraiment se réjouir du tirage au sort qui a donné la Libye comme adversaire de l'Algérie au dernier tour éliminatoire pour la CAN-2013. A examiner les réactions des médias, du sélectionneur et des observateurs, il n'y a que du positif à y trouver du moment que le Sénégal, «ogre» supposé du deuxième chapeau, a été évité. C'était donc «Opération TSS» (tout sauf le Sénégal) dans l'esprit de beaucoup d'Algériens et c'est ce qui explique le ouf de soulagement poussé par tous après le tirage au sort. Or, il y a des raisons de croire que la Libye n'est pas l'adversaire idéal pour les Verts, surtout dans le contexte actuel. Le chantier lancé par Khadafi a porté ses fruits à sa mort Déjà, il faut savoir que la sélection libyenne est plutôt méconnue des Algériens. Ce n'est que depuis quelques années, à la faveur des confrontations aux coupes africaines des clubs, que le public algérien a pu se faire une idée sur le football libyen, surtout que l'ancien régime de Mouammar Kadhafi avait décidé de mettre les moyens qu'il faut pour construire une sélection performante et en faire un ambassadeur sportif du pays. Or, ce n'est qu'à la chute de ce régime que cette politique a commencé à porter ses fruits avec la qualification de la Libye pour la CAN-2012. Les Libyens étaient donc présents à la dernière Coupe d'Afrique des nations, contrairement à l'Algérie. La Libye s'était qualifiée pour la CAN-2012 en jouant 4 matches à l'extérieur Cette participation est d'autant plus méritoire que la Libye n'a joué qu'un seul des ses cinq matches de qualification à domicile. C'était au début du mois de septembre dernier à Benghazi, face au Zimbabwe, avec une victoire 1-0. Ses autres matches avaient été disputés hors de Libye à cause de la guerre qui y sévissait. Cela n'avait pas handicapé les Libyens. Bien au contraire, ils en avaient tiré un élément de motivation pour donner au monde l'image d'un pays où tout n'était pas sombre, à l'image de la motivation qu'avait tirée la sélection les locaux de Tunisie qui avait remporté le CHAN-2011 au même moment où se déroulait la révolution dans leur pays. Les Algériens accusés d'avoir soutenu Kadhafi contre les rebelles Ensuite, il y a le contexte politico-social qui pèsera sur le match aller entre la Libye et l'Algérie. Les Algériens ne sont pas en odeur de sainteté dans ce pays sous prétexte que les autorités algériennes auraient, selon les rebelles libyens, soutenu le régime de Kadhafi durant leur révolution. Comme c'est facile de manipuler une opinion publique, les Libyens joueront à fond la carte de la victimisation afin de créer une forte mobilisation lors de ce match qu'ils considèreraient comme une opportunité de se «venger» des Algériens. L'asile politique accordé à des membres de la famille Kadhafi, même si l'Algérie a répété à plusieurs reprises que c'est dans un but purement humanitaire, sera une autre carte qui sera jouée dans la campagne de mobilisation des supporters. Les Libyens reconduiront la «recette» du Caire Dans le même contexte, les joueurs libyens se feront également certainement rappeler à leurs obligations «patriotiques» pour battre les Algériens. Qu'on ne s'y méprenne pas : les Libyens, même s'ils accueilleront officiellement la délégation algérienne à bras ouverts, vont jouer sur la corde sensible. Ce sera un peu le même schéma qui avait précédé le match Egypte-Algérie au Caire : des voyous avaient été manipulés par des agents du régime de Hosni Moubarak afin d'agresser les Algériens, accusés d'avoir délibérément privé l'Egypte de la participation au Mondial-2002 et d'avoir frappé ses joueurs, alors que l'accueil officiel fait aux Verts avait été correct. La «recette» est la même, seuls les pays et les ingrédients ont changé. Si ça se jouera à Benghazi, l'environnement sera très hostile Cela dit, il est clair que le match se déroulera dans sur le terrain et non pas en dehors et que la sélection algérienne est de valeur supérieure à celle de la Libye, que ce soit sur le plan individuel ou collectif, mais il ne faudra pas moins se méfier du match aller. Ce qui est certain, c'est qu'il y aura très peu d'Algériens qui seront présents au stade où se déroulera la rencontre, surtout si ce sera celui de Benghazi. Les Verts devront se préparer psychologiquement à faire face à un environnement très hostile, sans doute plus hostile que dans les pays de l'Afrique noire. Il est finalement beaucoup plus dur d'affronter des «voisins» que des adversaires éloignés. Le Sénégal aurait été coriace sur le terrain, sans plus. --------- Samir Abboud (ancien gardien de but de la Libye) : «Nous aurions aimé éviter l'Algérie» L'ancien gardien de but de la sélection libyenne, Samir Abboud, regrette que le sort ait mis l'Algérie sur le chemin de la Libye pour les éliminatoires pour la CAN-2013. S'exprimant dans Al Jazeera Sport, il a déclaré : «Nous aurions aimé ne pas affronter l'Algérie ou toute autre nation arabe durant les éliminatoires, mais c'est ça le football. Il faudra faire avec. Cela dit, les Libyens n'ont pas peur. Certes, l'Algérie a une équipe forte, mais la Libye a également une sélection pétrie de qualité. Le match sera très difficile pour les deux équipes.» «Ce sera du 50/50» Sur les chances de la Libye face à l'Algérie, Samir Abboud s'est voulu plutôt optimiste : «Nous avons les mêmes chances qu'eux. Ce sera du 50/50. Aucune des deux sélections ne part favori. Le plus important est que nous soyons prêts pour ce match et que nous pourrons nous qualifier pour la CAN-2013 car une éventuelle qualification aurait un impact très positif sur l'avenir du football libyen. Nous aurions vraiment aimé éviter une sélection arable, mais puisque le sort a mis l'Algérie sur notre chemin, nous tenterons de nous qualifier en compagnie de la Tunisie et du Maroc afin de bien représenter le Monde arabe». ---------- 14 matchs disputés jusque-là face à la Libye Suprématie algérienne ! Comme par hasard, le tirage au sort a voulu que la sélection nationale algérienne croise le fer avec sa voisine libyenne. Il s'agit d'un derby maghrébin, mais qui ne sera sans doute pas chaud, du fait que les Libyens ne jouent plus chez eux, depuis le début des événements. Bref, même si la Libye n'a pas de passé glorieux en football, les confrontations algéro-libyennes ont souvent été intenses, vu la rivalité sportive et le désir de chaque côté de gagner. Avant les deux matchs prévus en septembre et en octobre prochains, les deux équipes se sont rencontrées jusque-là à quatorze reprises toutes compétitions confondues et en amical aussi. La première rencontre remonte au 1er avril 1976 à Alger, à l'occasion du deuxième et avant-dernier tour des éliminatoires de la Coupe du monde 1978. Pour ce qui est de la dernière partie disputée entre les deux équipes, il faut remonter au mois de février 2007 en amical, et c'était aussi à Alger. Ce qu'on remarque, c'est que la suprématie est algérienne. Les Verts ont dominé presque toutes les confrontations. 10 victoires pour les Verts, 2 pour la Libye et 2 nuls Au total, les Verts ont remporté dix rencontres que ce soit en Algérie ou sur le sol libyen. En 1976, les Verts avaient réussi un succès au 5-Juillet puis un nul à Tripoli. Pour la CAN, les deux équipes se sont croisées à deux reprises et ce, durant les éliminatoires. La première en 1979 lorsque l'Algérie avait gagné (3-1) à Alger avant de s'incliner au retour à Tripoli sur le score d'un but à zéro. La seconde en 1998 où l'Algérie avait gagné en aller-retour respectivement (3-1) à Tripoli et (3-0) à Annaba. Au total, l'Algérie a comptabilisé dix succès face à la Libye, deux défaites et deux nuls. Des statistiques qui nous laissent ainsi optimistes pour la prochaine double confrontation. Saïfi avait inscrit un but d'anthologie en 2007 Un joueur qui n'est plus en sélection actuellement garde un très bon souvenir de la Libye. Il s'agit de l'ancien attaquant, actuellement à la retraite, à savoir Rafik Saïfi. Lors du match amical du 7 février 2007, et qui avait coïncidé comme par hasard avec son anniversaire, il avait marqué un but d'anthologie. Après avoir été mené au score au début de la deuxième mi-temps, Saïfi avait réussi à remettre les pendules à l'heure sur un superbe coup franc, ne laissant aucune chance au gardien libyen. Un but qui restera gravé dans la mémoire de l'ex-attaquant mouloudéen. Le match de 1998, un signe de renouveau Les deux matchs disputés en 1998 étaient le signe du renouveau pour la sélection nationale, drivée à l'époque par le duo Ighil-Pigula. Après une CAN catastrophique en Angola, Ighil avait fait appel à une dizaine de jeunes joueurs comme Dob, Meghraoui, Boukessassa, Saïfi et Mezaïr aussi. Malgré le manque d'expérience, cette jeunesse a réussi à remporter les deux matchs, surtout à Tripoli, dans une grande hostilité. Dommage que les choses n'avaient pas suivi par la suite ! Hamza R.