Sans faire la fine bouche après la victoire contre l'Uruguay, Rabah Saâdane a fait le point sur l'essentiel de ce qui touche son équipe. Lors de la conférence de presse, le patron des Verts a dénoncé l'excès d'amour que leur témoignent les supporteurs avant le match. Le lendemain, Le Buteur a eu le privilège de l'interroger sur d'autres aspects qui concernent l'EN. Saâdane a ouvert son cœur totalement, comme de coutume avec nous. Appréciez. «L'Algérie a bien besoin de joueurs comme Meghni» «J'ai sorti quelques joueurs clés afin de ne pas prendre de risques inutiles avant le match contre la Zambie. J'ai vu qu'ils avaient très bien réagi ensemble et cela me suffisait pour ne pas les exposer bêtement. Meghni a montré qu'il est irréprochable en tous points de vue. C'est un excellent joueur qui est en plus très bien élevé. C'est un plaisir d'avoir des garçons comme lui dans l'équipe. L'Algérie a vraiment besoin de joueurs de sa trempe qui peuvent élever le niveau.» «Les photos avec les joueurs à l'hôtel, ça finit par fatiguer. Ils vont nous pousser à repartir en France, si ça continue comme ça» «Il y a des enseignements à tirer dans tous les domaines après ce match. Il y a des aspects que je n'ai pas aimé et qui, avec le temps, finissent pas nous fatiguer tous, les joueurs comme le staff technique. Ça me fatigue un peu de subir tout le temps le nombre de visiteurs pendant le stage. J'aurais souhaité qu'on nous laisse un peu tranquilles. On nous aime, il n'y a pas de doute et nous apprécions bien cela. Mais lorsqu'on nous aime trop, ça devient un peu difficile à gérer tout cela. Franchement, on aimerait bien qu'on nous laisse un peu tranquilles. Si ça continue comme ça, c'est sûr qu'ils vont nous pousser à repartir nous préparer en France. Il faut que ces dérangements cessent.» «Notre statut a changé après les deux dernières victoires et ça devient pesant de subir la pression des supporteurs» «Après les deux derniers matchs, notre statut a changé et le fait d'être sollicité de partout devient fatiguant en fin de compte. Cette pression de l'extérieur est négative pour l'équipe. Ça nous fatigue à la longue. Les photos souvenirs, c'est bien un peu, mais cela devient une corvée à la fin, car ça ne nous permet pas de bien nous préparer. Les joueurs ont surtout besoin de calme et de tranquillité pour être au top le jour du match. Il faut vraiment qu'on revoie ces aspects car ça perturbe une telle organisation, ça ne peut plus durer.» «Le problème du terrain doit être aussi résolu» «Je voudrais qu'on fasse aussi des efforts pour améliorer les infrastructures. Le problème du terrain doit être aussi résolu. L'organisation est à revoir. Je ne critique pas aveuglement mais ce que je dis là, c'est dans l'intérêt de l'équipe. C'est pour la faire progresser avant le match contre la Zambie.» «Je ne m'attendais pas à gagner contre l'Uruguay qui avait bouffé l'équipe de France !» «Je ne m'attendais pas à gagner ce match. En revoyant le matin le match de l'Uruguay contre la France, j'ai pu voir comment ils ont pu bouffer l'équipe de France. Franchement, je me suis dit qu'on n'avait pas choisi ce qu'il y avait de plus facile. Mais les garçons ont montré qu'ils avaient du répondant en tenant tête à l'Uruguay, mais surtout en nous offrant une victoire inattendue avant le match de Zambie». «J'ai choisi Laïfaoui parce qu'il avait déjà trois matchs dans les jambes.» «Le choix de Laïfaoui a été motivé par le fait qu'il avait déjà trois matchs dans les jambes. Il a joué deux matchs de coupe d'Afrique et un match de championnat. Il était donc le mieux au point physiquement. Et je dois reconnaître qu'il a su tirer son épingle du jeu. Il s'est adapté très vite au groupe et au jeu de l'équipe et son intégration va m'offrir une solution de rechange. Il était dans le groupe des 50 présélectionnés. Contre l'Uruguay, il a répondu présent certes, mais qu'en sera-t-il dans un mois ? Il n'est pas sûr qu'il soit mieux que les autres. On verra donc l'évolution de chaque joueur en temps voulu.» Mourad Abdelouahab était un frère et je me dois d'aller rendre visite à sa famille très bientôt» «Mourad était vraiment un frère pour moi. C'était aussi un ami de ma famille. Je garde une très belle image de lui, Allah yerrahmou. Avec sa mort, j'ai tout simplement perdu un frère. D'ailleurs, je suis un peu confus de ne pas avoir été rendre visite à sa famille. J'étais très occupé ces derniers temps, mais à chaque fois je pense à aller rendre visite à sa femme et ses enfants. Je sais qu'il aurait fait la même chose pour moi. On s'est connus d'abord comme joueurs, puis pendant notre formation comme entraîneurs au CNEPS de Ben Aknoun. Il connaît ma famille dedans et dehors, tout comme moi avec la sienne. Nos deux familles ont toujours eu de très bonnes relations. En plus de cela, nous avions eu la chance de travailler ensemble en EN de 1986. Allah yerrahmou, Mourad était un homme de très grandes valeurs morales. Lui et sa famille sont des gens qui ont fait beaucoup de bien autour d'eux. C'est un gars qui rendait service à tout le monde. Que Dieu le récompense selon ses actes. Voilà l'image que je garde de mon frère Mourad. C'était un vrai éducateur et un rassembleur tant au sein de sa famille que dans celle du football national. Je vous assure que je pense souvent à lui.» «Les joueurs peuvent donner leurs avis, mais ils doivent savoir que la décision finale revient aux responsables de l'EN» «Vous dites que Bougherra et d'autres joueurs veulent retourner jouer à Blida. On est en démocratie et tout le monde peut avoir son avis. Mais avec le président de la FAF, nous savons très bien où se situe l'intérêt de l'EN ? Nous sommes des gens responsables et ce genre d'éléments ne nous échappe pas. Il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en jeu et dont les joueurs ne sont pas au courant. On doit apprendre à s'adapter. C'est notre pays, il faudra l'aimer aussi avec ses défauts. On n'est pas parfaits, Allah ghaleb. Je pense que les joueurs savent qu'on respecte leurs avis, mais ils doivent savoir aussi que c'est à nous de décider. Voilà.» «Matmour est le prototype du joueur moderne. C'est un produit fini !» «Matmour progresse d'année en année parce qu'il est d'abord très sérieux, en plus il évolue dans un grand club, dont le football est connu pour sa rigueur. C'est le football allemand tout de même ! Son évolution est le fruit de son sérieux et de son travail. Je le fais jouer à un poste inhabituel pour lui, mais je crois qu'il se débrouille pas mal. Il faudra lui poser la question pour savoir ce qu'il en pense. C'est un jeune qui donne une totale satisfaction. Matmour est un bon exemple pour les jeunes qui arrivent. Nous l'utilisons selon ce qu'on pense être le mieux pour l'équipe. Nous avons récupéré en Matmour une sorte de produit fini du centre de formation d'un club sérieux en Europe. Je peux l'utiliser devant ou derrière, il donnera toujours satisfaction, parce que tout jeune, il a appris tous les rudiments techniques et tactiques. C'est le prototype du joueur moderne sur lequel on peut compter sans souci.» «On ne fera appel qu'aux meilleurs évoluant en Europe» «Avec le président de la FAF, on est en train de préparer les joueurs susceptibles de renforcer l'équipe. On a coché plusieurs noms de joueurs qui évoluent en Europe. On veut leur faire faire les papiers pour qu'ils soient disponibles en cas de besoin. Ceci dit, ça ne veut pas dire qu'on va impérativement les appeler. On ne fera appel qu'aux plus en forme d'entre eux. Mais celui qui ne joue pas dans son club après le 31 août aura moins de chances que les autres.» «C'est l'Egypte qui aura des soucis en jouant à 15h00 pendant le Ramadhan, pas nous» «On a fait venir une brigade scientifique de la FIFA pour nous aider à surveiller l'état des joueurs pendant le Ramadhan. On attend les résultats du professeur Hoggen. Mais on n'aura pas beaucoup de soucis à se faire car on va jouer en nocturne, pas à 15h00 comme l'Egypte. C'est eux qui vont avoir des difficultés dans ce sens. Pas nous.» «Lacen n'a pas répondu à notre convocation, il y a peu de chances qu'il nous rejoigne dans cette aventure. Mais les portes ne sont pas fermées pour autant» «On a rencontré Lacen à Santander. Il m'a beaucoup plu. C'est un garçon calme et très intelligent. Son problème est qu'il ne connaît rien de l'Algérie. Il a une culture totalement différente de la nôtre. Je l'ai convoqué pour juin dernier, et il n'a pas donné signe de vie. Je ne pense donc pas qu'il puisse faire un chemin avec nous dans cette aventure. Il y a peu de chances qu'il soit sélectionné en cas de qualification à la CAN ou en CM. Ceci dit, je ne lui ferme pas les portes totalement.» C. K.