«Ribéry ? Je l'aurais volontiers accroché au plafond.» «Quand Zizou décidait, chacun acceptait.» Lundi, Raymond Domenech créait un véritable buzz médiatique en livrant quelques extraits de son livre «Tout seul», dont la sortie est programmée aujourd'hui, où il évoque notamment tous les sujet épineux de son passage à la tête de l'équipe de France. Invité au 20h de TF1 avant-hier pour en faire sa promotion, l'ancien sélectionneur des Bleus (2004-2010) a assuré qu'il n'avait pas décidé de publier ce bouquin pour régler ses comptes. «Ce n'est pas un règlement de comptes. C'est surtout pour montrer comment on arrive avec le poids de la pression à avoir une équipe qui se dégrade». Néanmoins, celui qui cherche toujours un nouveau défi, a réussi à revenir en force au devant de la scène, en s'attaquant à de nombreux joueurs stars de l'EDF. Extraits... «Ribéry ? Je l'aurais volontiers accroché au plafond» Franck Ribéry va bondir, en prenant connaissance des extraits du livre de Domenech qui lui sont dédiés. L'ancien sélectionneur des Bleus ne mâche pas ses mots pour évoquer le comportement du Munichois au sein de l'équipe de France : «Une diva susceptible qui pourrissait le groupe. Quand j'ai voulu le remercier, il m'a envoyé paître en retirant son bras : Ne me touchez pas ! Tout Ribéry qu'il était, je l'aurais volontiers accroché au plafond». Domenech évoque sa causerie, avant la rencontre France-Uruguay (0-0), en ouverture du Mondial sud-africain. Il s'adresse ici à Gourcuff : «Je t'ai donné les clés, à toi de jouer! Le pire à ce moment précis est le regard de Franck Ribéry : J'ai vu dans ses yeux la haine, le mépris ou la jalousie. Il ne l'aime pas c'est certain. Un joueur cadre de l'Euro 2008 m'avait prévenu au sujet de Ribéry et moi je lui ai donné les clés ! Quel con je suis». «J'aurais bien eu envie de mettre des gifles à Gourcuff» L'actuel meneur de jeu lyonnais n'est pas épargné. Mais à la différence de Franck Ribéry, Domenech reproche à Gourcuff un caractère trop réservé : «J'aurais bien eu envie de lui mettre des gifles avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal, un meneur c'est un guerrier, pas un suiveur, réveille-toi Yoann». Raymond relate également un épisode survenu lors de l'entraînement programmé la veille du crucial France-Mexique en 2010 (défaite des Bleus, 0-2) : «Quand Ribéry et d'autres avaient tué la séance parce que Gourcuff se trouvait dans leur équipe : Gourcuff n'a rien vu, il a subi et je me suis dit qu'il restait dans son monde des bisounours». «Samir Nasri ne pense qu'à sa gueule» À la différence des deux premières cibles, Samir Nasri ne figure plus dans le groupe appelé par Didier Deschamps. Lui était absent lors de la Coupe du Monde 2010. La faute, sans doute, aux impressions laissées pendant l'Euro 2008. Raymond Domenech n'a pas oublié le milieu de terrain de Man City : «Samir Nasri symbolise cette dérive des joueurs ne pensant qu'à leur gueule. Au sein d'un groupe, il vient toujours appuyer là où ça fait mal et révèle la faille au lieu de la colmater (...) et dans sa position de meneur de jeu, il fait seulement illusion» a lâché Domenech envers le natif de Marseille. «Anelka avait tué le groupe» Forcément, l'affaire Anelka, qui a précipité la fin de l'aventure, a été évoquée. Domenech relate l'épisode avec précision. Anelka lui aurait balancé. «En..., t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde ! J'arrête, moi...», Domenech ajoute : «Je n'ai pas tout entendu. La fin de la phrase m'a échappé dans le brouhaha. Bizzarement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie (...) Anelka avait tué le groupe (...) Au terme de ce naufrage, une image m'a réveillé un peu : Gallas et Anelka en train de rigoler après le match. Quelle inconscience» (après France-Mexique 0-2 au Mondial-2010 et les insultes d'Anelka). «Quand Zizou décidait, chacun acceptait» Mais le finaliste de la Coupe du monde 2010 a aussi eu sous ses ordres des joueurs pour lesquels il a eu beaucoup de respect. C'est le cas par exemple de Zinedine Zidane, son capitaine lors de la Coupe du monde 2010, à qui il a confié les clefs de l'équipe. «Si Zidane s'était braqué contre mes décisions, tous les jeunes l'auraient imité. Autant éviter d'en arriver là. J'ai préféré apaiser les esprits et instaurer une relation forte avec mon capitaine pour mieux faire passer les messages à l'équipe», explique-t-il avant de rajouter : «Quand Zizou décidait, chacun acceptait (...) l'autorité du leader s'avérait incontestable. Lilian Thuram ("Je l'ai remercié pour sa droiture et assuré de mon admiration et de mon respect") et Claude Makélélé ("Un homme et un joueur comme tous les coaches en rêvent") ont aussi eu le droit aux louanges de l'ancien sélectionneur. «Henry, ça lui aurait plu de jouer les héros» Thierry Henry, sélectionné alors qu'il ne jouait quasiment plus au Barça, a eu lui aussi son passage dans ce livre qui va forcément faire beaucoup de bruit durant les jours, semaines, voire même les mois à venir : «Avant la rencontre face au Mexique, il n'a pas fait un mètre pour s'échauffer. Je l'ai rayé de ma mémoire mais c'est une erreur car on ne met pas un joueur de sa trempe sur le côté sans lui parler. J'ai mis Gignac à la pause à la place d'Anelka mais j'aurais dû mettre Henry. Ça lui aurait plu de jouer les héros. (...) Evra le soupçonne d'être la taupe du vestiaire mais il a ensuite retourné tout le monde, est parvenu à souffler que je pourrais être la taupe. (...) Contre l'Afrique du Sud, j'aurais préféré mettre Réveillère avant-centre, mais le staff m'a convaincu. (...) Finir sa carrière internationale sur l'affaire du bus, c'est tout de même injuste», écrit Domenech. La vengeance est un plat qui se mange froid. Avec la parution de ce livre plus de deux ans après la Coupe du Monde en Afrique du Sud, certains Bleus sont en train d'en faire l'expérience.