«A Sétif, il y a comme un complot contre les joueurs algérois» Ce qui est beau chez Hicham El Ogbi Belhedouche, c'est qu'il garde toujours le sourire, même quand la situation ne s'y prête pas. Affecté par son «renvoi sans rémission» de l'Entente de Sétif, le meneur de jeu a pris le temps de revenir avec nous sur la question, mais pas que. A Bakou, où l'EN militaire a pris ses quartiers, l'ex-milieu du NAHD a tiré à tout-va. El Ogbi a dit, sans retenue aucune, tout le «bien» qu'il pensait de Velud et Hammar, avec une pointe d'animosité, cela étant dit, envers Boulahdjilat, un homme envers qui il n'a eu aucune concession. Interview-vérité ! Hicham, les conditions de séjour ici à Bakou sont pour le moins rikiki, de l'avis même de tout le monde, cela ne risque-t-il pas de perturber votre parcours durant le tournoi ? Pas du tout ! C'est vrai que les conditions ne sont pas à la hauteur, mais cela est valable pour toutes les sélections. On est tous mis dans les mêmes conditions. Ceci va, au contraire, nous pousser à nous transcender pour être à la hauteur des attentes. Abderrahmane Mehdaoui attache beaucoup d'importance à cette première rencontre face au Bahreïn ; franchement, cet adversaire est-il en mesure de vous créer des problèmes ? Dans le football, tout est possible. Nous sommes ici pour défendre notre titre, à partir de là, on ne peut pas aborder ces matchs avec «légèreté», sachant que le moindre faux calcul pourrait nous coûter notre place. On doit, du coup, être vigilants. Beaucoup a été dit au sujet de votre libération de l'Entente de Sétif, sincèrement, vous attendiez-vous à une telle sortie ? Pas le moins du monde. Eu égard à mes prestations cette saison, notamment vers la fin du championnat, c'est à la dernière chose à laquelle je m'attendais. J'avais même demandé une augmentation de salaire (rires). Ceci vous dire que quand on m'avait dit que j'étais libéré, je suis tombé des nues ! Hubert Velud a justifié votre libération par le fait que vous ne «défendez pas»... (Il rit franchement) C'est à croire que j'ai commencé à jouer au foot cette saison ! C'est du n'importe quoi. Ce qui me chiffonne, c'est qu'à chaque fois qu'on libère un joueur, on dit de lui qu'il ne défend pas. Les justifications de Velud sont irrecevables. Pour moi, si j'étais aussi mauvais que ça, il ne m'aurait pas fait jouer. Mais là, j'ai quand même joué des matchs. Un mauvais joueur ne peut pas être titulaire à chaque fois. Pourquoi vous a-t-on libéré, alors ? Je suis victime d'un complot ! Je suis persuadé que les raisons de ma libération ne sont pas sportives, car il y a des joueurs qui marchaient sur le terrain, mais ils sont toujours au club. Les supporters peuvent témoigner de mon rendement. Mon engagement envers l'équipe a été total. El hamdoullah, j'ai laissé ma place propre. Vous avez l'air affecté, d'autant que vous êtes l'un des artisans de l'exploit de Bitam... Ça m'a fait mal. J'en souffre encore. J'ai consenti beaucoup de sacrifices pour ce club et c'est comme ça qu'on me remercie ! J'ai accepté que mon salaire soit baissé. Je n'ai rien dit à l'époque, car j'avais à cœur de prouver ce que je valais sur le terrain. Je voulais travailler dans la continuité et faire encore mieux la saison prochaine. Mais on m'a poignardé dans le dos. On m'a traité d'une manière humiliante. Il se dit que la direction de l'Entente de Sétif a cédé à la pression des supporters et a décidé de vous conserver, en avez-vous entendu parler ? Non, merci ! Après ce qui s'est passé, je n'ai aucune envie de rester. Je ne veux pas qu'on me garde, parce que les supporters ont exercé de la pression sur les dirigeants, même si ce geste me va droit au cœur. Je ne peux pas m'imaginer travailler demain avec un entraîneur qui n'a pas voulu de moi. Dans ma tête, l'Entente, c'est de l'histoire ancienne. Hassan Hammar a déclaré récemment qu'il allait faciliter votre transfert au MCEE, ça vous plairait de jouer à El Eulma ? Avec tous mes respects aux gars d'El Eulma, je ne suis pas une marchandise pour que Hammar décide de me placer où il veut. J'ai trop de fierté pour que je cède à la volonté d'un seul homme. J'ai ma personnalité et je n'accepterai jamais d'aller jouer dans un club sans ma volonté. J'irai où je voudrai, c'est comme ça et pas autrement. On dit que vous ne vous entendez pas avec Boulahdjilat, c'est vrai ? Qui s'entend avec cette personne ? Allez le demander aux joueurs ! Personne, je dis bien personne à Sétif ne s'entend avec lui. C'est une personne jalouse de la réussite des autres. Il ne supporte pas de voir les jeunes joueurs d'aujourd'hui gagner autant d'argent. Qu'il sache que s'il n'a pas réussi à se faire une situation à son époque, ce n'est nullement la faute d'El Ogbi. Je sais pertinemment qu'il est derrière ma libération. Je l'ai su dès le premier jour, car à Sétif, je m'entends avec tout le monde, sauf lui. Votre départ a coïncidé avec la libération de Farouk Belkaïd que vous considérez comme l'une de vos idoles... Vous avez également oublié un autre départ, celui d'Aoudia. Sincèrement, au vu de tous ces départs, je pense qu'il y a un complot. Je pense qu'à Sétif, il y a des gens, parmi eux Boualhdjilat, qui ne veulent pas des joueurs algérois évoluer au sein de l'Entente. Pour certains, on est devenus indésirables, car comment expliquer que les trois joueurs libérés sont d'Alger. Ce n'est pas pour défendre Belkaïd, mais je pense que libérer un joueur de son envergure, c'est de la folie. Il est capable de jouer encore pour deux autres saisons. Pour preuve, le niveau avec lequel il a joué durant l'exercice écoulé. Par ailleurs, il y a la façon avec laquelle il a été libéré, les dirigeants auraient pu faire montre d'un peu de considération en le convoquant pour lui parler de son avenir. C'est la moindre des choses, au lieu d'apprendre sa libération sur les manchettes des journaux. Belkaïd est un joueur qui a beaucoup donné à l'Entente, mais certains veulent faire sortir des joueurs par la petite porte, ils sont devenus des spécialistes dans ce genre de pratique. Je voudrais également ajouter une chose importante. Laquelle ? Il est vrai que l'Entente est un grand club qui survivra au départ de trois joueurs, mais se séparer de deux joueurs de la trempe de Belkaïd et Aoudia influera négativement sur le niveau de l'équipe. Un joueur comme Aoudia faisait peur à toutes les défenses adverses. Quant à Belkaïd, c'était un véritable patron sur le terrain. Personnellement, j'ai beaucoup appris à ses côtés, même si parfois il lui arrivait de me gronder voire m'insulter, mais je savais pertinemment qu'il agissait de la sorte pour mon bien. Sincèrement, c'est une grosse perte pour l'Entente. Evoquons votre avenir, on croit savoir que vous avez reçu plusieurs offres, quelle est celle que vous jugez la plus intéressante ? Dieu merci, j'ai eu plusieurs sollicitations, je vais prendre le temps de faire le bon choix car en ce moment, je suis concentré sur ce Mondial avec la sélection militaire. Mon frère et mon agent s'occuperont des négociations avec les clubs qui me veulent. On parle aussi de contacts de clubs étrangers ? Oui, j'ai des touches sérieuses de Tunisie et de Suisse, mais pas question que je me précipite, je veux choisir ce qu'il y a de mieux pour ma carrière. Vous avez joué à l'USMH, au NAHD et à l'ESS, cette instabilité ne risque-t-elle pas de vous pénaliser ? Que voulez-vous que je fasse ? Dans ma tête, en signant à l'ESS, je voulais rester pour de longues années et que c'est le club qui allait me mener tout droit vers l'Equipe nationale A, mais on n'a pas toujours ce qu'on veut. Ce n'est pas moi qui ai décidé de partir, mais c'est la direction qui a pris cette décision. Quel est votre club préféré en Algérie ? Ça a été un honneur de porter les couleurs de l'ESS et l'USMH est le club du cœur comme on dit. Toutefois, j'ai un faible pour l'USMA. Votre joueur préféré en Algérie ? Sans la moindre hésitation, Amar Ammour. J'adore ce joueur, il est pour moi une idole depuis que j'étais tout petit. J'aime sa façon de jouer, je prends du plaisir à le voir sur un terrain, sans oublier le fait qu'il soit également irréprochable en dehors du terrain. Et sur le plan international ? C'est Ronaldinho, mon rêve est de le rencontrer un jour. On imagine donc que vous êtes un fan du Barça ? Bien évidemment, celui qui n'aime pas le Barça n'aime pas le football tout court, parce qu'actuellement, le plus beau football est développé par le Barça. Pro-Messi ou pro-Ronaldo ? Moi, je n'apprécie que Ronaldinho qui peut tout faire avec un ballon. En un mot, c'est un magicien. Votre plat préféré ? Le couscous de ma mère. Un vœu que vous tenez à réaliser ? Portez au moins une fois le maillot de la sélection A et revenir avec la Coupe du monde militaire. Un lieu dont la visite vous tient à cœur ? La Mecque. Durant le Ramadhan, vous êtes plutôt domino ou jeux de cartes ? Ni l'un ni l'autre, je suis un adepte de la Play Station. Votre chanteur préféré ? Cheb Bilal. Le défenseur que vous craignez le plus ? Belkaïd, son principal atout est qu'il anticipe sur les actions que des attaquants. Le mot de la fin... Mes remerciements aux supporters de l'Entente qui m'ont toujours soutenu. Je leur dis : vous avez eu un comportement d'homme à mon égard. Je voulais leur donner d'autres joies, hélas je ne pourrai pas le faire. Je veux également réussir ce Mondial militaire, surtout pour faire plaisir au général Mokdad qui a mis tous les moyens à notre disposition.