«Il y a les classiques chorba et bourek, dont je ne peux me passer durant le Ramadhan,..." Durant votre carrière, avez-vous eu un problème avec un entraîneur, à cause du Ramadhan ? Non, je n'ai jamais eu de problème. A notre époque, on s'entraînait et on jouait avant le f'tour et le problème ne se posait pas parce que tout le monde jeûnait, que ce soit dans notre équipe ou dans l'équipe adverse. Cela dit, nos dirigeants et entraîneurs n'ont jamais forcé quelqu'un à manger le jour d'un match. Nous aurions aimé jouer nos matches en nocturne, mais, malheureusement, ce n'était pas le cas. Nous jouions à 13h00. Croyez-moi, c'était une souffrance ! Avez-vous le souvenir d'un stage ou d'un match disputé avec la sélection nationale durant le Ramadhan ? Il y a eu la Coupe du monde 1982. Je me rappelle de notre troisième match, contre le Chili qui s'était joué au début du mois de Ramadhan. Nous l'avions gagné quand même. La majorité des joueurs avaient jeûné, mais quelques-uns n'avaient pas fait carême, surtout les titulaires. C'était normal. Quand on est joueur de football, est-ce que, psychologiquement, on rechigne à jouer durant le Ramadhan ? Physiquement, c'est très compliqué de jouer, même si on prend le s'hour le plus tard possible. Peut-être que la première semaine est suportable, mais on est de plus en plus fatigués, à mesure que les jours passent. En tant que sélectionneur national, j'ai eu à gérer des cas. Par exemple, lors de la CAN-96 en Afrique du Sud, c'était le Ramadhan. Je me demande même si le choix de la période n'avait pas été fait sciement afin de perturber les sélections maghrébines par rapport à celle de l'Afrique du Sud. Et comment avez-vous géré cela ? Je me rappelle qu'avant de partir en Afrique du Sud, on nous avait ramené un imam pour nous faire une fetwa autorisant les joueurs à manger. Nous avons eu quelques petits problèmes quand même avec certains joueurs. Durant le premier tour, ce n'était pas encore le Ramadhan. Le mois de jeûne avait commencé juste avant le quart de finale face à l'Afrique du Sud. Nous avions dû discuter avec joueurs, afin de les sensibiliser sur la nécessité de manger avant le match. Je me rappelle qu'à l'époque, Kamel Kaci-Saïd jouait au Zamalek et il avait dit que l'imam de la sélection égyptienne avait fait une fetwa autorisant les joueurs à manger le jour du match. Nos joueurs ont écouté cet imam et n'ont pas jeûné. Les plats préférés des Algériens durant le Ramadhan sont généralement gras (la chorba, le bourek...) ou sucrés (qalb ellouz, zalabia...), donc interdits aux sportifs. Est-ce que vous en mangiez durant la compétition ? Il est vrai que ce sont des plats déconseillés aux sportifs, mais nous faisions quelques entorses à la règle. Le Ramadhan sans la chorba et le pain traditionnel, je ne supporte pas (rire). Cela dit, nous faisions attention à ne pas trop en abuser. Nous surveillions notre poids chaque jour. Son menu de rêve pour le Ramadhan «Il y a les classiques chorba et bourek, dont je ne peux me passer durant le Ramadhan, avec l'indispensable khobz tajine (aghroum aqouran en kabyle). Quand c'est la saison, j'adore les petits pois avec les artichauts. Sinon, je me contente d'un tout autre plat. Du temps où je fumais, je terminais le f'tour par une cigarette, tout en savourant un café noir, mais à présent, je me contente d'un café avec du qalb ellouz ou de la baqlawa. Un peu plus tard, je prends un fruit.»