Les plats préférés des Algériens durant le ramadhan sont généralement gras (la chorba, le bourek...) ou sucrés (qalb ellouz, zalabia...), donc interdits aux sportifs. Est-ce que vous fermiez les yeux quand vos joueurs en consommaient ? Durant votre carrière d'entraîneur, avez-vous eu un problème avec des joueurs à cause de jeûne de Ramadhan ? Non, je n'ai pas souvenir d'avoir eu ce type de problèmes. Les joueurs qui voulaient jeûner avaient le droit de le faire et personne ne pouvait les en empêcher. Il y en avait qui ne le faisaient pas et c'était dans la discrétion. On ne peut empêcher une personne, parce qu'elle joue au football, de pratiquer sa religion. Non, avec moi, le problème ne s'est jamais posé. Avez-vous le souvenir d'un stage ou d'un match disputé avec la sélection nationale durant le Ramadhan et où il y a eu polémique ? Non. Quand il y avait un match international où l'adversaire ne jeûnait pas, la décision de jeûner ou pas était individuelle et laissée à l'appréciation de chaque joueur. Jamais, lors des périodes de Ramadhan, nous n'avions réuni les joueurs à midi pour manger. Peut-être que certains joueurs ne faisaient pas carême, mais ils ne l'affichaient pas. Ils restaient discrets. Lors du Mondial-82, le troisième match contre le Chili était tombé au début du Ramadhan. Avant de partir, il y a eu une fetwa autorisant les joueurs à manger le jour du match. Donc, les joueurs étaient moralement réconfortés et ceux qui sentaient qu'ils devaient manger pour être physiquement au top dans le match n'avaient pas de cas de conscience. Avez-vous eu des joueurs, en club ou en sélection, qui étaient tellement affectés par le jeûne qu'ils étaient particulièrement agressifs ou d'humeur détestable durant les matches ? Oui, il y avait des joueurs qui, à cause de la déshydratation, deviennent nerveux et cela se ressent sur leur comportement sur le terrain. Même s'ils sont généralement calmes, tu t'aperçois que ça ne va pas. A la JSK, c'était notamment le cas de Rachid Barris, Ali Fergani et Mourad Amara. Comme ce sont des gagneurs de nature, ils s'énervaient un peu plus en deuxième mi-temps lorsque la fatigue née de la déshydratation se fait pesante. Le contre-exemple, c'était Salah Larbès : même lorsqu'il jeûnait, il restait toujours calme. Rien vraiment ne le perturbait. Les plats préférés des Algériens durant le ramadhan sont généralement gras (la chorba, le bourek...) ou sucrés (qalb ellouz, zalabia...), donc interdits aux sportifs. Est-ce que vous fermiez les yeux quand vos joueurs en consommaient ? Ah, non ! La veille du match (quand on joue en journée) et le jour du match (quand on joue après le f'tour), il est interdit de manger n'importe quoi. Lorsque le match est en diurne, il faut surveiller le s'hour. Ce qui était permis était du couscous avec du raisin sec avec du lait, du petit-lait ou des yaourts. Parfois, c'était du riz car il contient des sucres lents et, donc, est digérable sur plusieurs heures. On pouvait l'accompagner d'un peu de miel. Quand le match était en nocturne et se jouait donc trois heures après le f'tour, la chorba était remplacée par un hors d'œuvre et on restait dans un repas de sportif : de purée ou des pâtes avec escalope ou steack. Sinon quand les joueurs étaient chez eux, on ne pouvait pas les contrôler, mais on faisait confiance à leur professionnalisme. D'ailleurs, on faisait le contrôle de poids. Le Khalef du Ramadhan est-il différent du Khalef du reste de l'année ? Non, pas du tout. Le jeûne ne m'a jamais affecté, même du temps où j'étais joueur. Je jeûne depuis l'âge de 13 ans et jamais je n'ai été énervé durant le Ramadhan. Je me rappelle même que, quand j'avais 19 ans et 20 ans, il m'arrivait de jouer un match de handball le matin, puis faire 80 km et jouer un match de football dans l'après-midi. Même à présent, à mon âge, je fais du sport juste avant le f'tour. Je vous fais une confidence : le Ramadhan est mon mois préféré. Même quand il survient, comme cette année, en période de chaleur, je l'adore. D'abord, parce qu'il induit un régime alimentaire intéressant. Ensuite, parce qu'il y a l'ambiance familiale qui va avec. Et puis, Ramadhan ou pas, je ne change pas mes habitudes de sommeil. Je ne veille pas tard et je dors toujours aux même heures. ------------------------------- Sportif et jeûne Le s'hour idéal pour un sportif De préférence, le s'hour doit être un véritable repas qu'il faut prendre le temps de consommer tranquillement : une assiette de riz ou de couscous avec une sauce peu grasse, des légumes, 120 g de viande (veau, agneau maigre, poulet, volaille...), un laitage (yaourt ou petit-lait), du jus de fruit ou un fruit à consommer avec sa pulpe et un thé peu infusé afin qu'il ne laisse pas un goût de soif. -------------------- Que Dieu leur pardonne ! L'arbitre a fui le match sans se changer C'est l'histoire d'un arbitre algérois qui avait été désigné pour arbitrer un très chaud derby entre le NRB El Affroun et l'IRB Mouzaïa. En plus du fait que les deux clubs soient rivaux, le match en question avait un enjeu très important. L'arbitre en question s'est rendu au match sur une moto, accompagné de l'un de ses juges assistants. Au stade, il comprend vite que ça ne va pas être difficile car la tension est palpable. Le match est haché, très heurté. L'équipe adverse a réussi à ouvrir le score. Tous les joueurs du club adverse se sont précipités vers l'arbitre pour contester le but. On est au bord de l'envahissement du terrain. L'arbitre temporise pour gagner du temps, mais il sait que, quelle que soit sa décision, l'équipe mécontente lui tombera dessus. Alors, il se dirige vers son ami juge de touche pour prétendument le consulter. Il lui dit : «Il faut que nous sortions d'ici !» Son ami lui a demané : «Comment faire ?» «Suis-moi», lui a-t-il dit. Prétextant, auprès des joueurs des deux équipes, de la nécessité de consulter le règlement écrit avant de trancher, les deux hommes ont fait mine de se diriger vers le vestiaire. Arrivés au parking, ils sont montés promptement dans la moto et ont démarré en trombe, fonçant vers Alger sans se retourner. Ils ont décampé en tenue d'arbitres, laissant leurs effets et leurs papiers dans le vestiaire ! Mieux vaut sauver sa peau que sauver ses affaires... Que Dieu pardonne aux deux équipes !