«Mon équipe est plus forte que l'USMA, le MCA et le CRB » * Nom et prénom ? * Kamel Bounila né le 5/4/1955 à Boufarik. * Domicile ? * Calgary, province de l'Alberta, région anglophone du Canada. * Tu es parti quand et pourquoi ? * Je suis parti pour mes enfants. Je ne voulais pas qu'ils restent d'autres années de plus au chômage. Deux licenciés qui tenaient le mur, ça ne donne pas envie de rester. * H'ragtou en famille ? * Hragna, mais avec un visa normal. * Tu avais peur qu'on te refuse le visa lors de l'entretien ? * Et comment ! Je suis prothésiste dentaire, un métier qui n'est pas reconnu au Québec. * On préfère les travailleurs manuels ? * Ils cherchent surtout des plombiers et des mécaniciens. Mais attention, ils gagnent 45 dollars de l'heure, soit un salaire mensuel d'environ 6000 à 7000 dollars. * Tu vas vider le pays de ses plombiers si tu continues. Tu leur conseilles d'y aller ? * S'ils ne trouvent pas ce qu'ils méritent en Algérie, il vaut mieux qu'ils tentent leur chance ailleurs. C'est à l'Etat de faire des efforts pour retenir ses enfants. * Tu travailles dans quoi à Calgary ? * Je suis prothésiste dentaire et entraîneur de football. * Comment s'est déroulé l'entretien à Tunis ? * C'était une femme qui s'appelle Marie Josée. Je ne peux pas l'oublier. Elle m'a demandé de faire une dictée en anglais, puis de lui lire un texte avant de discuter avec elle toujours en anglais. Je lui ai dit que je ne parlais pas cette langue. * Elle t'a refusé le dossier ? * Elle allait le faire. Mais dans un geste d'instinct de survie, j'ai mis ma main au milieu pour l'empêcher de fermer le dossier. Je lui ai dit : «Vous me voyez aller en Chine sans parler le chinois ? » Là, elle a éclaté de rires et l'atmosphère s'est détendu. Je suis revenu de loin. * Comment tu l'as baratinée ? * Je lui ai dit que je connaissais quelques mots comme «I love you», «potatoes», «tomatiche». Elle bien rigolé et elle m'a fait promettre de faire de grands efforts. * Tu lui as dit ouqsimou billah en anglais ? * Je lui ai dit que j'étais prêt à jurer sur le Coran, sur la Bible même si elle veut, pourvu qu'on nous laisse partir au Canada. * Il y avait ta femme et tes enfants avec toi ? * Oui, mais les plus grands seulement. Ils me faisaient de la peine, les pauvres. Et lorsqu'elle m'a dit : «Je vous fais confiance, monsieur, j'accepte votre dossier », j'ai ressenti un immense soulagement, une libération. C'était 1962 dans ma tête, l'indépendance ! * Qu'est-ce que tu as ressenti à ce moment ? * J'avais envie de pleurer et rire à la fois. Je voulais serrer ma femme et mes enfants dans mes bras, je voulais serrer même cette dame et l'embrasser pour la remercier. C'est indescriptible ce que je ressentais à cet instant-là. * Combien tu as payé pour le visa ? * C'est mon frère qui vit en France qui m'a envoyé l'argent. On a payé 30 000 francs français. En 2000, il n'y avait pas encore l'euro. * Qu'as-tu fait le soir même avant de dormir ? * Que Dieu me pardonne ! Je me suis saoulé la gueule toute la soirée. * C'est comme ça que tu remercies Dieu de t'avoir aidé ? * Qu'Allah me pardonne. C'est le passé, la djahiliya, comme on dit. Al hamdoullah, aujourd'hui, j'ai tout arrêté et je fais même la prière depuis cinq ans. * C'est bizarre, mais dès que les Algériens partent à l'étranger, ils commencent à faire la prière. Pourquoi ? * Je crois que c'est parce qu'on prend conscience de la vérité à tête reposée. Lorsqu'on est en Algérie, les gens veulent toujours t'indiquer le chemin à suivre, alors qu'eux-mêmes ils font le contraire. A l'étranger, tu es seul avec ta conscience et la vérité de Dieu qui t'éclate en plein visage. * Comment tu as fait pour arrêter l'alcool ? * J'ai rencontré un Algérien qui est venu se plaindre de ne pas trouver de compatriote pour l'accompagner dans ses soirées arrosées. Je lui ai dit, me voilà devant toi ! Pour un ancien buveur comme je l'étais, c'était vraiment le rêve. Mais une fois que j'ai pris la première bière dans ma main, je ne pouvais pas l'avaler. * C'est vrai ça ? * Wallah que c'est vrai ! J'ai même essayé de me forcer à l'avaler, mais je n'y arrivais pas. J'ai recraché cela et dès cet instant, j'avais compris que c'était mon dernier contact avec l'alcool. J'étais convaincu que c'est Dieu qui m'a envoyé Sa Rahma. Al hamdoullah, aujourd'hui je suis très loin de ces choses. * Tu m'as dit que tu es entraîneur de football au Canada. Tu entraînes un club de houma ? * D'abord, le football s'appelle soccer au Canada. C'est comme aux USA. Pour ce qui est du club que j'entraîne, c'est plutôt en première division canadienne qu'il évolue. Il s'appelle National Sport Development SC. J'ai été champion du Canada avec les U-16 et j'entraîne en même temps les seniors filles du club. * Vous êtes classés à quel rang ? * Actuellement, on est troisièmes au classement. * Tu aimerais un jour entraîner un club en Algérie ? * J'ai confié mon dossier à un agent FIFA. J'espère qu'il me trouvera un club de D1 ou de D2 en Algérie. Mais j'aimerais surtout m'occuper de la formation, car j'ai beaucoup travaillé au Canada dans les catégories jeunes. * Il y a des harraga au Canada ? * Bien sûr qu'il y en a. Ils viennent d'Europe où ils se débrouillent un passeport de « Michel ou Jean-Claude». Et une fois sur place, ils demandent l'asile politique. Mais depuis la visite de Bouteflika au Canada, ça ne marche plus. * Ton équipe est capable de battre quel club en Algérie ? * L'USMA, le MCA et le CRB. Tels qu'ils sont actuellement, on leur passera dessus comme un rouleau. La JSK et l'ESS sont plus fortes que mon équipe par contre. * Tu regardes Canal Algérie ? * Bien sûr ! Mon fils se réveille à 5 heures du matin pour suivre les émissions de Mohamed Boutrik et Redouane Bendali. C'est un grand fan de Boutrik. * Tu ne peux pas savoir combien ça va lui faire plaisir ! * Non, mais c'est vrai. On aime bien ce qu'il fait. On ne rate pas les émissions de sport, mais c'est un peu dur de suivre les directs avec le décalage horaire. Entretien réalisé par Khbat Khbat Il n'y a pas que Boutrik qui dit des bêtises
«Franck Pedretti (consultant en half pipe, JO Turin, France 2) : "Vu le haut niveau de compétition, on sent bien que les Américains ne sont pas venus en Italie pour manger des paninis." «Bernard Thévenet (consultant cyclisme, France 2) "Ce sont des routes assez sinueuses : il y a beaucoup de lignes droites." «Sylvain Wiltord (footballeur français): "Je trinque souvent très rarement." «Henri Sannier (cyclisme, France 2): "Cioni fait des petits coucous au public, il est content d'être toujours là apparemment" - Laurent Jalabert : " Non Henri, il appelle sa voiture pour boire".